L’UE veut mettre la Hongrie hors jeu et prêter à l’Ukraine 140 milliards d’euros provenant des avoirs russes gelés


Principaux renseignements

  • La Commission européenne propose d’utiliser 140 milliards d’euros d’avoirs russes gelés pour aider l’Ukraine.
  • Elle cherche également un moyen de contourner le refus de la Hongrie.
  • La Commission souhaite modifier le processus décisionnel, passant d’un accord à l’unanimité à une décision à la majorité qualifiée entre les États membres.

La Commission européenne explore une voie juridique pour contourner l’opposition de la Hongrie et utiliser 140 milliards d’euros d’actifs russes gelés pour l’Ukraine.

Processus décisionnel

La Hongrie, dirigée par le Premier ministre Viktor Orbán, s’est toujours opposée aux sanctions contre la Russie, ce qui constitue un défi pour le plan de l’UE. Pour surmonter cet obstacle, la Commission cherche à faire passer le processus décisionnel d’une approbation unanime à un vote à la majorité qualifiée des États membres.

Cette stratégie repose sur une série de conclusions du Conseil européen approuvées par tous les dirigeants, y compris Orbán, en décembre 2024. Ces conclusions stipulent que les actifs de la Russie doivent rester immobilisés jusqu’à la cessation des hostilités et l’indemnisation des dommages liés à la guerre. La Commission affirme que cela constitue une base juridique suffisante pour modifier le régime de sanctions.

Obstacles potentiels

Toutefois, il ne sera pas facile d’obtenir un accord général. D’autres pays ayant des liens avec la Russie, comme la Slovaquie, pourraient également exprimer des réserves. La Belgique, où les avoirs gelés sont principalement détenus par la banque Euroclear, a fait part de ses inquiétudes quant aux répercussions juridiques potentielles de la part de Moscou.

Pour atténuer ces risques, d’autres pays de l’UE pourraient proposer de remplacer les avoirs d’Euroclear envoyés à l’Ukraine par des instruments de dette garantis conjointement. Cette proposition sera examinée lors du prochain sommet de Copenhague, et des décisions officielles devraient être prises à la fin du mois d’octobre, après examen par les ministres des finances.

Paysage politique

L’Allemagne, l’Espagne, la Pologne et les États baltes figurent parmi les principaux partisans de la proposition, tandis que la France et l’Italie ont fait preuve de prudence par le passé en ce qui concerne l’utilisation novatrice des avoirs gelés.

Les 140 milliards d’euros en question représentent en grande partie des obligations d’État russes arrivées à échéance et précédemment détenues par Euroclear. Les précédentes tentatives d’utilisation de ces fonds se sont heurtées à une forte opposition politique. Le « prêt pour réparations » proposé serait déboursé en plusieurs fois et servirait à financer la coopération européenne en matière de défense et les besoins budgétaires de l’Ukraine.

Précédent

Si la solution de contournement proposée par la Commission vise à minimiser le risque de restitution des fonds à la Russie, des recours juridiques de la part de la Hongrie restent possibles. Certains diplomates craignent que le fait de s’appuyer sur des déclarations passées pour prendre des décisions politiques ne crée un dangereux précédent.

Suivez également Business AM sur Google Actualités

Si vous souhaitez accéder à tous les articles, abonnez-vous ici!

Plus