La demande croissante d’uranium stimule la renaissance de l’énergie nucléaire


Principaux renseignements

  • La demande croissante d’uranium favorise le retour de l’énergie nucléaire en raison de la nécessité de disposer de sources d’énergie fiables.
  • Les problèmes d’approvisionnement se profilent à l’horizon, car la production actuelle devrait diminuer.
  • Les complexités géopolitiques découlent de la concentration de la production d’uranium et de la capacité d’enrichissement dans certains pays.

Le regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire fait grimper la demande d’uranium, un ingrédient clé pour alimenter les réacteurs nucléaires. Cette résurgence intervient après des années de scepticisme suite à la catastrophe de Fukushima en 2011. Le besoin croissant de sources d’énergie fiables et à grande échelle pour soutenir le secteur en expansion de l’intelligence artificielle a remis l’énergie nucléaire sur le devant de la scène.

Inquiétudes concernant l’approvisionnement

Selon un récent rapport de l’Association nucléaire mondiale, la demande d’uranium devrait augmenter de manière significative, pour atteindre près de 86 000 tonnes d’ici 2030 et potentiellement 150 000 tonnes d’ici 2040. Pour répondre à ce besoin croissant, les experts soulignent la nécessité d’accélérer les procédures d’autorisation, de mettre en œuvre des techniques minières innovantes et de déployer de nouveaux efforts d’exploration.

Le rapport met également en garde contre un écart potentiel entre les besoins en uranium des réacteurs nucléaires et les niveaux de production actuels. La production des mines existantes devrait diminuer de moitié entre 2030 et 2040. Mahesh Goenka, fondateur de la société de conseil Old Economy, souligne l’évolution du sentiment mondial à l’égard de l’énergie nucléaire, les pays prolongeant désormais la durée de vie de leurs réacteurs au-delà de 2050.

Défis géopolitiques

Il estime qu’une augmentation substantielle de la demande d’uranium se produirait si les pays occidentaux concrétisaient leurs commandes de nouveaux réacteurs nucléaires. Il est essentiel de stimuler l’offre d’uranium, mais le marché est confronté à des complexités géopolitiques en raison de la concentration des sources de production. Le Kazakhstan domine actuellement la production mondiale d’uranium, avec 40 pour cent de l’offre totale. La Russie contrôle environ 40 pour cent de la capacité mondiale d’enrichissement de l’uranium.

Malgré ces défis, les dirigeants de l’industrie se montrent optimistes quant à l’avenir du marché de l’uranium. Boris Schucht, PDG de l’entreprise d’enrichissement de l’uranium Urenco, décrit la dynamique actuelle comme étant sans précédent depuis des décennies. Il souligne la croissance régulière de ce marché, malgré sa taille limitée et ses coûts de développement élevés.

Efforts de diversification

Reconnaissant la nécessité de se diversifier, Urenco a mis fin à tous les contrats russes existants en 2022 à la suite de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. L’entreprise se concentre désormais sur l’augmentation de sa capacité de production d’uranium faiblement enrichi (UFE) sur ses quatre sites d’Eunice, au Nouveau-Mexique, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Royaume-Uni.

D’autres entreprises prennent également des mesures pour répondre à la demande croissante d’uranium. L’Uranium Energy Corporation (UEC) a annoncé son intention de créer une filiale pour développer une nouvelle installation de raffinage et de conversion de l’uranium aux États-Unis. Eagle Energy Metals, une société américaine pionnière dans l’utilisation de la technologie des petits réacteurs modulaires (SMR) pour l’exploration de l’uranium, a l’intention de s’introduire en bourse.

Perspectives d’avenir

L’entreprise française Orano augmente également sa capacité en prévision d’une ère post-« pic d’uranium ». Les experts soulignent la nécessité de prendre des mesures immédiates pour garantir l’approvisionnement futur en uranium. Les efforts d’exploration, une meilleure compréhension des bases de ressources et la rationalisation des processus d’octroi de licences sont des étapes cruciales.

Goenka note que l’uranium ne dispose pas de systèmes avancés de gestion du risque de prix par rapport à d’autres produits de base. Des efforts sont en cours pour améliorer l’accessibilité du marché grâce à des plateformes innovantes comme uranium.io, qui s’appuie sur la technologie blockchain pour le commerce de l’uranium sous forme de jetons. Cette initiative vise à ouvrir le marché traditionnellement dominé par les institutions à un plus large éventail d’investisseurs.

Équilibrer l’innovation et la sécurité

Malgré l’intérêt croissant pour les solutions technologiques, Schucht met en garde contre les changements rapides qui pourraient compromettre les normes de sûreté nucléaire. Il plaide pour une collaboration entre les parties prenantes de l’industrie et du gouvernement afin de garantir une croissance durable dans ce secteur complexe. S’il reconnaît le rôle potentiel des SMR et des réacteurs modulaires avancés, il souligne que ces technologies auront besoin de temps pour arriver à maturité et devenir commercialement viables. (uv)

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