Principaux renseignements
- La décision de Shell d’interrompre la construction de son usine de biocarburants à Rotterdam est révélatrice des difficultés financières que pose la production de carburéacteur vert.
- L’annulation souligne une tendance au sein de l’industrie pétrolière et gazière selon laquelle les projets rentables prennent souvent le pas sur les projets d’énergie renouvelable.
- Malgré l’abandon du projet, Shell reste engagée dans des solutions à faible teneur en carbone en investissant dans d’autres domaines tels que le captage et le stockage du carbone et le développement de l’hydrogène renouvelable.
Shell a pris la décision d’arrêter la construction de son usine de biocarburants à Rotterdam, un projet qui devait être l’un des plus grands convertisseurs de déchets en carburéacteur vert d’Europe. La société a interrompu la construction en juillet dernier en raison de problèmes techniques et a maintenant déterminé que le redémarrage du projet ne serait pas financièrement viable. Shell a déclaré que l’usine aurait du mal à être compétitive sur un marché exigeant des produits abordables et à faible teneur en carbone.
Cette annulation marque un nouveau revers pour les ambitions de Shell en matière de biocarburants, après l’abandon d’un projet de carburant aviation durable (SAF) à Singapour au début de l’année. Cette décision reflète une tendance plus large au sein de l’industrie pétrolière et gazière, où les entreprises donnent la priorité aux projets ayant un potentiel de profit plus élevé plutôt qu’aux projets d’énergie renouvelable. Shell a modifié son objectif de réduction des émissions l’année dernière, visant une diminution de 15 à 20 pour cent de l’intensité de carbone d’ici 2030, alors que l’objectif initial était de 20 pour cent.
La production de SAF et le changement climatique
L’usine de Rotterdam, qui devait initialement produire jusqu’à 820 000 tonnes de biocarburants par an à partir d’avril 2024 (repoussé ensuite à 2025), devait allouer environ la moitié de sa production à la production de SAF à partir d’huiles de cuisson usagées et de graisses animales. Si les partisans de cette solution considèrent que les SAF sont essentiels pour permettre aux compagnies aériennes d’atteindre leurs objectifs de réduction des émissions, ses détracteurs remettent en cause son caractère pratique, compte tenu des délais limités impartis pour lutter contre le changement climatique.
Malgré l’abandon du projet de Rotterdam, Shell maintient son engagement en faveur des solutions à faible émission de carbone, en soulignant sa position de leader dans le commerce et la fourniture de biocarburants, y compris les SAF. L’entreprise met en avant ses investissements en cours aux Pays-Bas, d’un montant total de 6,5 milliards d’euros, dans le cadre de divers projets de transition énergétique. Il s’agit notamment du captage et du stockage du carbone dans le cadre du projet Porthos CCS, du développement de l’hydrogène renouvelable dans le cadre du projet Holland Hydrogen 1 et des efforts de modernisation du parc Shell Chemicals de Moerdijk. (fc)

