États-Unis accélèrent leurs projets d’exploitation minière des fonds marins après l’échec des négociations internationales


Principaux renseignements

  • Les États-Unis cherchent à accélérer l’exploitation minière des fonds marins en vertu de leurs propres lois en raison d’une impasse au sein de l’Autorité internationale des fonds marins (ISA.
  • Une action unilatérale des États-Unis risque d’affaiblir le droit international, de nuire à la crédibilité des États-Unis et de permettre à la Chine d’exploiter des lacunes réglementaires similaires afin de dominer le secteur de l’exploitation minière en eaux profondes.
  • Les États-Unis disposent d’autres options, telles que la priorité donnée à l’extraction minière nationale ou la collaboration avec des pays comme les îles Cook dans leurs zones économiques exclusives (ZEE), qui sont conformes au droit international et minimisent les risques.

Selon une analyse du Center for Strategic and International Studies, la demande mondiale en minéraux essentiels augmente, alimentée par les inquiétudes liées à la dépendance vis-à-vis des approvisionnements chinois. Cette situation a incité les États-Unis à chercher à accéder aux vastes gisements de minéraux des fonds marins. Toutefois, les négociations internationales sur l’exploitation minière des fonds marins étant au point mort dans le cadre de l’Autorité internationale des fonds marins (ISA), les États-Unis envisagent d’adopter une approche plus rapide dans le cadre de leur propre législation. Cette démarche a recueilli le soutien d’entreprises privées désireuses de lancer des opérations d’exploitation minière.

Conséquences importantes

Toutefois, cette poursuite précipitée de l’exploitation minière en eaux profondes pourrait avoir des répercussions importantes sur les relations internationales et compromettre la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS). La Chine et d’autres pays pourraient exploiter toute violation perçue de la CNUDM par les États-Unis pour remodeler les règles régissant les océans, ce qui pourrait mettre en péril la paix et la sécurité internationales.

L’ISA, chargée de réglementer les activités minières des fonds marins dans les eaux internationales, n’a pas été en mesure de finaliser un code minier en raison de désaccords entre les États membres. Alors que certains pays sont favorables à un moratoire sur l’exploitation minière dans l’attente d’études environnementales plus approfondies, d’autres sont impatients de commencer l’extraction commerciale.

Contrairement à la lenteur des progrès de l’ISA, l’administration américaine accélère ses propres efforts en faveur de l’exploitation minière en eaux profondes dans le cadre de la loi sur les ressources minérales dures des grands fonds marins (Deep Seabed Hard Mineral Resources Act). Cette loi, adoptée en 1980 avant que les négociations de la CNUDM ne soient finalisées, est en sommeil depuis 1984. Le décret de l’administration vise à accélérer le processus d’approbation des licences d’exploration, permettant ainsi à des entreprises privées telles que The Metals Company (TMC) d’aller de l’avant avec leurs demandes.

Ramifications diplomatiques

Bien que cette approche puisse améliorer l’accès des États-Unis aux minerais essentiels, les experts mettent en garde contre les ramifications diplomatiques potentielles. Une action unilatérale pourrait affaiblir le droit international et nuire à la crédibilité des États-Unis, en particulier parmi les nations critiques à l’égard de telles actions. Une approche plus équilibrée pourrait consister à se concentrer sur l’extraction nationale des minerais ou sur des partenariats avec des pays tels que les îles Cook, évitant ainsi les complexités de la juridiction de l’ISA.

Cependant, la poursuite de ces alternatives risque de faire le jeu de la Chine. La Chine développant activement son infrastructure d’exploitation minière en eaux profondes et son matériel d’essai dans l’océan Pacifique, toute violation de la CNUDM par les États-Unis pourrait permettre à Pékin d’exploiter des lacunes réglementaires similaires et de consolider sa position dominante sur le marché mondial de l’exploitation minière en eaux profondes.

Conflits

La poursuite unilatérale de l’exploitation minière des fonds marins en haute mer en vertu de la législation américaine présente des risques importants. Elle contredit directement la CNUDM et met en péril son régime d’exploitation minière en haute mer. D’autres pays pourraient être tentés de passer outre l’approbation de l’ISA si Washington démontre qu’il est possible d’exploiter des mines sans adhérer aux réglementations internationales. Cela pourrait conduire à des conflits sur les droits miniers et affaiblir à la fois le droit international et l’influence stabilisatrice des États-Unis sur les questions maritimes.

Les vastes revendications territoriales de la Chine en mer de Chine méridionale ont été une source de tension. La CNUDM et le plaidoyer des États-Unis en faveur de son adhésion ont joué un rôle crucial dans la lutte contre ces revendications et la garantie de la liberté de navigation. Toutefois, si les États-Unis violent la CNUDM pour poursuivre leurs propres intérêts miniers, ils perdront toute crédibilité dans la défense du droit international et laisseront d’autres nations vulnérables à l’influence chinoise.

Licence ISA

Les États-Unis disposent d’autres voies moins susceptibles de déstabiliser l’ordre international. Donner la priorité à l’extraction minière nationale dans leurs propres eaux territoriales est une option viable qui s’aligne sur le droit international. La collaboration avec des pays comme les îles Cook pour l’exploitation minière dans leur zone économique exclusive (ZEE) permet également d’éviter l’implication de l’ISA, mais la durabilité de ces accords reste incertaine.

Si le fait de limiter les opérations minières américaines aux licences existantes antérieures à la CNUDM peut être moins déstabilisant, il n’en comporte pas moins des risques. Le scénario le plus inquiétant consiste à autoriser l’exploitation minière dans des zones déjà autorisées par l’ISA. Cela déclencherait inévitablement une crise au sein de l’ISA et saperait son autorité. (fc)

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