Principaux renseignements
- La Russie souhaite porter sa capacité de lancement de drones Shahed à 2 000 par nuit d’ici novembre 2025.
- Ce développement représente une menace sérieuse pour les défenses aériennes de l’Ukraine en raison du volume de drones.
- Des contre-mesures plus abordables sont nécessaires pour faire face à la grande masse de drones.
La Russie augmente rapidement sa production de drones iraniens Shahed, visant une capacité de lancement simultané de 2 000 drones en une seule nuit. Cette projection alarmante provient de deux évaluations occidentales récentes.
Le général de division Christian Freuding, commandant de l’état-major de planification et de commandement du ministère allemand de la Défense, a révélé que la Russie développait activement ses capacités de production de drones. Son objectif est de déployer des essaims massifs de drones Shahed, ce qui nécessite le développement de contre-mesures intelligentes.
Augmentation de la production
Une évaluation distincte de l’Institute for the Study of War (ISW) confirme cette conclusion, notant une augmentation mensuelle de 31 pour cent de l’utilisation par nuit de drones Shahed par la Russie au cours des mois de juin et juillet.
Si cette tendance se poursuit, l’ISW prévoit que la Russie pourrait atteindre une capacité de 2 000 lancements de drones par nuit d’ici novembre 2025. L’organisation reconnaît toutefois qu’il pourrait être difficile de maintenir un volume aussi élevé de manière constante.
Menace pour l’Ukraine
Ces développements constituent une menace importante pour l’Ukraine. Le nombre de drones prévus pour les attaques nocturnes fait craindre une saturation des défenses aériennes de Kiev.
Le commandant ukrainien des forces de systèmes sans pilote, Robert « Madyar » Brovdi, a exprimé son inquiétude, prévoyant des lancements quotidiens de plus de 1 000 drones Shahed.
La production de drones en Russie
La Russie, qui comptait initialement sur les Shaheds fournis par l’Iran, fabrique ses propres versions depuis début 2023 au sein de la zone économique spéciale de Yelabuga. Les images satellites suggèrent un doublement de la zone de production du Shahed en 2023, selon les analystes de l’Institut international d’études stratégiques (IISS). Bien que certains composants essentiels puissent provenir de Chine, l’Ukraine a tenté de perturber la production par des frappes de drones à longue portée sur Yelabuga, avec des résultats incertains.
L’IISS a également mis en évidence des preuves potentielles de l’existence d’une deuxième chaîne de production de Shahed à Izhevsk, sur la base des marques de production trouvées sur des drones capturés.
Contre-mesures et défenses aériennes
Selon le général Freuding, pour faire face à cette menace croissante, il faut des contre-mesures rentables. S’appuyer uniquement sur des intercepteurs occidentaux coûteux tels que le système Patriot n’est pas viable face à des essaims de drones aussi massifs. Il préconise des contre-mesures ne coûtant que quelques milliers d’euros, ce qui contraste fortement avec le prix de 1,1 milliard de dollars d’un seul système Patriot et de ses missiles d’une valeur de 4 millions de dollars.
L’Ukraine utilise un réseau de défense aérienne à plusieurs niveaux pour lutter contre les vagues de Shahed, notamment des missiles sol-air, des missiles lancés par avion et des groupes de tir mobiles armés de mitrailleuses. Un drone intercepteur produit localement, le Sting, gagne également du terrain. Toutefois, l’utilisation simultanée de missiles balistiques par la Russie nécessite des défenses à longue portée plus avancées, comme le système Patriot. L’Ukraine continue d’insister auprès des États-Unis et de ses alliés pour qu’ils lui fournissent des systèmes Patriot supplémentaires afin de renforcer ses défenses contre cette menace en constante évolution. (em)

