Le Pentagone, visiblement peu consulté, contredit le président américain et le commandant des forces américaines en Irak. Le tout en 24 heures.
On le sait. Donald Trump a pris la décision de tuer le général iranien Soleimani sur conseils d’un comité très restreint de quelques personnes. Parmi eux, le secrétaire d’ État Mike Pompeo, pourtant rattaché au département d’État et pas au département de la Défense. En fait, le Pentagone semble avoir peu été consulté, en tout cas dans un premier temps. Pas plus que le Conseil national de sécurité, qui dépend pourtant du président américain.
Tout ceci mène, au-delà du manque de visibilité de la stratégie de Donald Trump, à une véritable cacophonie au plus haut de la hiérarchie. Le président américain vient d’ailleurs d’être contredit par le Pentagone sur la potentielle attaque américaine contre des sites culturels. Le secrétaire à la Défense, Mark Esper, a assuré que les États-Unis suivront ‘les règles internationales des conflits armés’, qui interdit justement d’attaquer les sites ou symboles culturels, relaye le New York Times. La tension est palpable et prouve, s’il le fallait encore, les luttes internes entre les différents départements.
Un brouillon envoyé par erreur
Sans doute encore plus préoccupant, le général William Seely, commandant des forces américaines en Irak, a annoncé lundi le retrait des troupes américaines dans une lettre. Une lettre aussitôt contredite par le même Pentagone qui précise ‘qu’aucune n’a été prise de quitter l’Irak. Point. Cette lettre ne correspond pas à notre état d’esprit aujourd’hui’.
En fait, il s’agirait juste d’un brouillon, sans doute écrit avant l’assassinat ciblé du général iranien, et qui n’aurait jamais du être transmis aux Irakiens.
Entre temps, une partie du Parlement irakien a voté une loi pour rendre effectif le départ des troupes américaines. Une sorte de guerre de communication s’est ouverte. Bien sûr, les troupes américaines ne vont pas se volatiliser, au contraire 5.000 nouveaux soldats devraient débarquer dans la région. Mais ce vote du parlement irakien permet au pays de se positionner: ‘Les Etats-Unis, pays occupant, sont sur notre territoire contre notre volonté’.
Dans le même sens, l’Iran a classé les États-Unis et les forces américaines de ‘terroristes’, justifiant par là d’éventuelles contre-attaques ciblées. Même si d’après beaucoup d’experts de l’Iran, cette réplique ne devrait pas intervenir dans l’immédiat.
La stratégie de Donald Trump reste peu lisible. Dans un premier temps, son but, avec la sortie du nucléaire iranien, était d’étouffer le régime avec des sanctions économiques. Les résultats étaient d’ailleurs visibles avec une révolte du peuple en novembre dernier réprimée dans le sang. Mais l’assassinat ciblé de Soleimani a remobilisé le peuple iranien derrière leur régime contre un ennemi commun: les Etats-Unis.