Le groupe automobile nippon estime que Carlos Ghosn a bafoué la justice japonaise en fuyant au Liban et affirme détenir ‘des preuves irréfutables’ contre son ancien dirigeant.
‘Sa fuite vers le Liban sans la permission du tribunal, en violation des conditions de sa liberté sous caution, bafoue le système judiciaire japonais. Nissan trouve cela extrêmement regrettable’, déclare le constructeur auto dans un bref communiqué relayé par l’AFP ce mardi.
‘Nissan a découvert de nombreux actes d’inconduite imputables à Ghosn au terme d’une enquête interne approfondie’, poursuit le groupe, qui affirme par ailleurs qu’il existe ‘des preuves irréfutables de divers actes répréhensibles’. Nissan cite notamment ‘des déclarations inexactes sur sa rémunération et un détournement d’actifs de la société à son profit personnel’.
Concernant ce dernier point, l’AFP précise que Carlos Ghosn a évité des poursuites judiciaires aux Etats-Unis en acceptant de payer une amende d’un million de dollars aux autorités américaines, en septembre dernier. Le gendarme boursier américain (SEC) avait également pointé la part de responsabilité de Nissan dans l’affaire et lui avait infligé une amende de 15 millions de dollars.
Complot?
Pour rappel, le groupe Nissan avait dénoncé son ancien patron aux autorités japonaises avant de le congédier peu après son arrestation en novembre 2018 à Tokyo. Depuis lors, Carlos Ghosn n’a eu de cesse de dénoncer une conspiration orchestrée par les hauts dirigeants du groupe automobile nippon.
Au total, Carlos Ghosn a passé 130 jours en prison avant d’être libéré, mais assigné à résidence, et n’avait pas l’autorisation de quitter le territoire japonais. Il devait être jugé en 2020.
Au tournant de la nouvelle année, l’homme d’affaires, qui détient les nationalités libanaise, française et brésilienne s’est enfui et a rejoint le Liban où il se trouve actuellement.
Les détails
Les détails de sa fuite sont désormais connus. Le Washington Post a révélé que l’homme d’affaires avait quitté son domicile tranquillement à pied après avoir retrouvé deux personnes. Des ‘barbouzes’, sorte d’agents de sécurité à tout faire. Le trio a ensuite rejoint un hôtel à Tokyo à moins d’un kilomètre de son domicile.
Ils se sont ensuite rendus tranquillement en train à Osaka. Puis près de l’aéroport de Kansai via un taxi pour y séjourner dans un hôtel l’espace d’une nuit. Les deux hommes sont ensuite sortis avec deux bagages. Les enquêteurs supposent que Carlos Ghosn était dans l’un des deux. Un bagage soumis à une vérification moins stricte de par le fait que les deux hommes (enfin trois) voyageaient en jet privé. Un jet privé qui est passé par la Turquie où le bagage a été retrouvé. Carlos Ghosn s’est ensuite rendu tout seul au Liban en toute légalité à l’aide de son deuxième passeport français.
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