Les projets visant à rendre les centrales électriques européennes au charbon adaptées à la combustion des granulés de bois (biomasse) risquent de se révéler contre-productifs. Cette mesure pourrait accélérer la crise climatique plutôt que de la ralentir.
Telle est la conclusion d’un rapport du groupe de réflexion sur le climat, Sandbag.
Selon les chercheurs, le changement entraînerait la perte de zones forestières avec une superficie totale de la Forêt-Noire allemande tous les deux ans.
Exploitation forestière
‘L’Europe court le risque d’investir dans une technologie qui finira par provoquer une énorme exploitation forestière’, explique Charles Moore, responsable de la recherche, au Guardian. ‘Par exemple, les fonds européens sont utilisés pour subventionner une activité qui fait disparaître les forêts plus rapidement que ce qui peut être compensé par les plantations d’arbres.’
Sa conclusion est limpide: ‘De cette façon, nous ne pourrons pas lutter efficacement contre le changement climatique.’
‘La conversion européenne prévue à la biomasse nécessiterait 36 millions de tonnes de granulés de bois chaque année’, explique Moore. ‘Ce volume est le même que la production mondiale totale que le secteur enregistre actuellement.’
Le chercheur donne quelques explications: ‘Pour pouvoir réaliser la conversion prévue, une superficie de 2.700 kilomètres carrés de forêt devrait être abattue chaque année. Cela correspond à la moitié de l’ensemble de la Forêt-Noire.’
Les leaders des projets européens de centrales électriques à granulés de bois sont la Finlande, l’Allemagne et les Pays-Bas.
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Transport
‘Il faut également garder à l’esprit que la plupart des granulés de bois doivent être importés des États-Unis et du Canada’, fait remarquer Moore. ‘Cela nécessitera l’organisation de transports de masse outre-Atlantique.’
Sandbag a calculé que la conversion du charbon en biomasse entraînerait 67 millions de tonnes d’émissions de dioxyde de carbone. Selon l’organisation, il est pratiquement impossible qu’un tel volume puisse être absorbé par la plantation de nouveaux arbres.
‘Dans le même temps, ces centrales à biomasse pourront couvrir moins de 2% de l’ensemble des besoins en électricité de l’Union européenne’, prévient Moore. ‘Cela correspond à la capacité produite chaque année en Europe par les nouvelles éoliennes et les panneaux solaires.’
Ce projet européen a tout d’une fausse bonne idée: ‘Les exploitants des centrales au charbon sont donc incroyables lorsqu’ils prétendent qu’un passage à la combustion du bois aura un impact positif sur l’environnement.’