L’Allemagne étend les contrôles frontaliers ; tensions avec le Luxembourg


Principaux renseignements

  • L’extension des contrôles frontaliers en Allemagne vise à renforcer la sécurité, mais suscite la désapprobation du Luxembourg voisin.
  • L’intention initiale de l’accord de Schengen d’éliminer les contrôles aux frontières intérieures de l’Europe est contredite par le fait que de nombreuses nations membres réintroduisent de telles mesures.
  • Il existe une tendance mondiale de fermeture, avec de plus en plus de murs et de barrières érigés, ce qui remet en question les principes des frontières ouvertes, tels qu’ils sont appliqués dans l’espace Schengen.

L’Allemagne étend les contrôles à l’intérieur de ses frontières, une décision qui suscite la désapprobation du Luxembourg voisin, qui fêtera cette année le 40e anniversaire de l’accord de Schengen.

Des voitures sont arrêtées pour inspection par des agents de police et de douane allemands. Les mesures de sécurité renforcées, initialement mises en place lors d’événements comme la Coupe du Monde de football et les Jeux olympiques à Paris, ont été prolongées avec l’argument qu’elles augmentent la sécurité.

L’accord de Schengen

Il y a des contrôles frontaliers « intelligents » pour perturber le moins possible la circulation, rapporte ZDF. Tous les véhicules ne font pas l’objet d’un examen minutieux, et malgré les inquiétudes concernant l’impact économique potentiel, il n’y a pas eu de plaintes importantes concernant des pertes substantielles. La ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, souligne les succès obtenus dans la lutte contre la traite des êtres humains et l’ouverture de nombreuses enquêtes. Cependant, elle souligne également une réduction d’un tiers de la migration irrégulière.

L’Allemagne n’est pas la seule à réintroduire des contrôles aux frontières intérieures ; de nombreux pays de l’espace Schengen lui ont emboîté le pas, notamment les Pays-Bas, le Danemark, la France, l’Autriche, l’Italie et certains pays scandinaves. Cela va à l’encontre de l’intention initiale de l’accord de Schengen, qui visait à éliminer ces contrôles au sein de l’Europe. Si les exceptions sont autorisées, elles doivent être justifiées.

Le Luxembourg

Les déplacements quotidiens de plus de 200 000 travailleurs traversent la frontière entre le Luxembourg, l’Allemagne et la France. Les embouteillages à la frontière sont une conséquence de ces contrôles, ce qui inquiète le ministre luxembourgeois de l’Intérieur, Léon Gloden. Il affirme que la justification de l’extension des contrôles par l’Allemagne, basée sur l’immigration illégale, n’a pas de valeur légale selon le code de Schengen.

Le Parlement luxembourgeois l’a chargé de contester toute demande officielle d’extension des contrôles émanant de l’Allemagne, ce qu’il a l’intention de faire. Gloden affirme que le lien entre l’immigration clandestine et la criminalité est juridiquement discutable.

Belgique, France, Autriche et Pays-Bas

Il n’y a pas encore de tensions manifestes entre la Belgique, la France et l’Autriche d’une part et l’Allemagne d’autre part, même si les contrôles entraînent des temps d’attente plus longs pour les voyageurs et les travailleurs frontaliers. La France a en outre introduit ses propres contrôles aux frontières, ce qui accroît encore la pression régionale sur la libre circulation.

Depuis la réintroduction des contrôles aux frontières, l’Allemagne a déjà renvoyé 368 personnes à sa frontière avec les Pays-Bas.

Tendance mondiale

Florian Weber, expert en études frontalières à l’université de Sarrebruck, observe que les pays qui connaissent ou anticipent un virage politique vers des politiques de droite imposent de plus en plus de contrôles aux frontières intérieures. L’Allemagne fait face à la pression de l’AfD, tandis qu’en France, le parti de Marine Le Pen gagne en influence. Cette tendance s’étend aux Pays-Bas, à l’Italie, au Danemark et maintenant à l’Autriche, ce qui témoigne d’une préoccupation croissante à l’égard de la migration et d’autres questions projetées sur les frontières nationales. Weber affirme que ces développements démontrent la vulnérabilité de Schengen et sa réversibilité potentielle.

Contrairement à cette tendance, le Luxembourg reste en faveur des frontières ouvertes. La pandémie de COVID-19 a démontré la faisabilité de la réintroduction des contrôles. Cependant, Weber souligne un phénomène mondial de clôture, avec de plus en plus de murs et de barrières érigés.

Perte de confiance dans l’UE

Le ministre luxembourgeois de l’intérieur, Gloden, s’inquiète de l’érosion potentielle de la confiance dans l’UE alors que de moins en moins de pays alignent leurs politiques. Malgré ces défis, le Luxembourg a l’intention de célébrer le 40e anniversaire de Schengen par un événement festif, soulignant son engagement en faveur de l’ouverture des frontières.

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