Le décret de Somers pousse-t-il Gand vers l’ingouvernabilité ?

La situation politique à Gand continue de susciter de vives réactions. Groen prend maintenant les devants et a envoyé Vera Dua (Groen) en éclaireuse sur le terrain. Mais que se passera-t-il si la formation d’une coalition échoue ? L’ingouvernabilité guette.


Principaux renseignements

  • En vertu du décret de Bart Somers, la désignation du collège échevinal de Gand pourrait se dérouler par un vote secret, rendant les accords difficiles.
  • Vera Dua a un bon profil en tant qu’éclaireuse, mais sa réussite est incertaine.
  • Pour le parti N-VA, les chances de rejoindre une coalition se réduisent.

Contexte : À Gand, la liste Voor Gent, un cartel d’Open Vld et Vooruit, avait décidé de former une coalition avec la N-VA. Cependant, alors que les membres d’Open Vld ont approuvé l’accord de gouvernement, la majorité qualifiée des deux tiers requise chez Vooruit n’a pas été atteinte. Plus de la moitié des membres votants de Vooruit refusent de collaborer avec la N-VA.

  • Ainsi, Groen prend l’initiative et a désigné Vera Dua pour explorer la possibilité d’un accord avec Voor Gent. Mais les tensions sont fortes, car Groen accuse Voor Gent de négociations de façade.
  • Open Vld ne souhaite pas gouverner avec Groen et Vooruit ne veut pas de la N-VA. Étant donné que Voor Gent est essentiel pour une coalition, soit avec Groen, soit avec la N-VA, un blocage politique s’installe.

Suivi : Les règles établies par l’ancien ministre flamand Bart Somers (Open Vld) risquent d’aggraver cette situation vers l’ingouvernabilité.

  • Si Groen échoue dans ses négociations avec Voor Gent, l’initiative reviendra à la N-VA, qui est peu susceptible d’obtenir un accord, les membres progressistes de Vooruit étant opposés à toute collaboration. En dernier recours, le CD&V pourrait également tenter de former une coalition, mais celle-ci devrait impérativement inclure trois partis pour atteindre une majorité.
  • Si aucun accord n’est conclu d’ici le 5 décembre, les 53 conseillers municipaux seront installés sans collège échevinal. Ils devront alors élire les échevins par un vote secret, ce qui pourrait engendrer le chaos, selon le politologue Herwig Reynaert (UGent) dans Het Nieuwsblad. « Si les partis ne parviennent pas à des accords en amont, les résultats peuvent être imprévisibles. Même avec des accords, un vote secret peut entraîner des surprises, car personne ne peut vérifier les votes. »
  • Reynaert cite des précédents : « Par le passé, il est déjà arrivé que les membres de la majorité et de l’opposition votent de manière croisée, avec des échevins élus de façon inattendue. »

« La N-VA peut bien être mécontente »

  • À suivre : Tous les partis souhaitent éviter une telle situation, mais y parviendront-ils ?
  • Avec Vera Dua, Groen a envoyé une personne qui « ne provoque pas de résistance », affirme Dirk Van Poucke (UGent), expert en techniques de négociation, sur Radio 1, ajoutant que cela en fait un bon choix. Mais pour Dua, les choses ne seront pas faciles. « Il y a une grande différence entre la base de Vooruit à Gand, qui considère Groen comme un allié pour promouvoir une politique progressiste, et les dirigeants du parti, qui perçoivent Groen comme un concurrent pour le pouvoir, » analyse Van Poucke.
    • Le comité exécutif de Vooruit a déjà indiqué que les négociations devraient se baser sur le texte de Voor Gent et non sur celui de Groen.
  • Même pour la N-VA, de nouvelles négociations seraient complexes, si le parti avait encore cette chance. La N-VA avait accepté d’avancer sur plusieurs exigences progressistes de Voor Gent, avec peu de marge de manœuvre pour défendre des points plus conservateurs. Siegfried Bracke (N-VA) le reconnaît dans une chronique : « Si certains devaient être mécontents du contenu de cet accord de gouvernement, ce serait bien la N-VA. (…) Les négociations n’ont abouti à rien, à cause du veto de Vooruit. Le système gantois est plus résistant que prévu. Pour la gauche, ce n’est jamais assez à gauche. »
  • Si Gand n’y prend pas garde, elle pourrait plonger dans une plus grande crise politique qu’elle ne connaît déjà. Personne ne sait comment cela se terminera, entre un cartel divisé, un Groen en quête de réponses et une N-VA pleine d’espoir. Mais la date limite fixée par Somers est ferme ; c’est la seule certitude.
Plus