Les millionnaires qui se déplacent dans le monde entier menacent de déserter la Grande-Bretagne à cause de l’impôt

Pour le richissime entrepreneur Bassim Haidar, vivre à Londres est devenu un luxe coûteux qui ne se justifie plus. Alors qu’un projet de révision des droits de succession se profile à l’horizon, Haidar cherche des maisons en Grèce et à Monaco, craignant que ces changements ne fassent de la Grande-Bretagne une zone « interdite » aux riches.

Les projets du gouvernement travailliste visent à rendre le système fiscal britannique plus équitable et à collecter des fonds pour les services publics, qui sont à bout de souffle. Cependant, Haidar estime que les changements proposés pourraient nuire à l’économie si les chefs d’entreprise internationaux choisissaient de quitter le Royaume-Uni ou d’éviter de s’y installer, ce qui nuirait à la réputation du pays en tant que pépinière d’entreprises naissantes.

Le gouvernement conservateur récemment évincé a présenté en mars des plans surprenants visant à supprimer progressivement le régime fiscal britannique « non dom », vieux de plusieurs siècles, qui évite aux personnes fortunées de payer des impôts sur les revenus gagnés à l’étranger. Aujourd’hui, le parti travailliste s’est engagé à supprimer les allégements permanents que les « non-dom » nés en dehors du Royaume-Uni pouvaient obtenir s’ils plaçaient des actifs non britanniques dans un trust dans les 15 ans suivant leur installation en Grande-Bretagne.

Mobilité mondiale

M. Haidar souhaite que M. Starmer et Mme Rachel Reeves, ministre des finances, repensent ces projets et les remplacent par une nouvelle taxe annuelle à six chiffres sur les personnes dont le patrimoine net dépasse 5 millions de livres sterling. Il estime que ce prélèvement pourrait rapporter 4 milliards de livres supplémentaires par an au gouvernement, ce qui permettrait de renflouer les caisses de l’État sans déclencher l’exode des personnes fortunées non domiciliées.

`Selon M. Haidar, l’idée selon laquelle le Royaume-Uni est trop beau pour le quitter est erronée. Les stratégies de gestion de patrimoine et de planification fiscale à l’échelle mondiale devenant de plus en plus populaires, il pense que ce n’est qu’une question de temps avant que les millionnaires mobiles à l’échelle mondiale ne commencent à déserter la Grande-Bretagne à la recherche de régimes fiscaux plus favorables.

Des organisations telles que Patriotic Millionaires UK font également campagne pour l’introduction de prélèvements annuels sur la fortune des super-riches. L’instauration d’une taxe de 2 % à partir d’un seuil de 10 millions de livres sterling par an aurait un impact sur environ 20 000 personnes, mais permettrait de récolter jusqu’à 24 milliards de livres sterling par an, selon les estimations.

L’impact sur la gestion de patrimoine

Les entreprises d’investissement, les gestionnaires de patrimoine et les banquiers privés qui fournissent des services financiers à quelque 70 000 personnes basées au Royaume-Uni et bénéficiant du statut de « non-dom » sont très attentifs à la date à laquelle la réforme fiscale historique pourrait commencer. Le gouvernement travailliste estime pouvoir récolter 5 milliards de livres supplémentaires par an en s’attaquant à l’évasion fiscale nationale.

Selon un rapport publié en mars par l’institut indépendant Institute for Fiscal Studies (IFS), ces personnes ont payé collectivement environ 6 milliards de livres sterling d’impôt sur le revenu, de cotisations à l’assurance nationale et d’impôt sur les plus-values en 2020-21. Il est toutefois plus difficile d’évaluer le montant supplémentaire qui pourrait être collecté en modifiant les avantages fiscaux accordés aux trusts offshore.

Les menaces des riches de quitter des régimes fiscaux hostiles sont loin d’être nouvelles. Certains conseillers en gestion de patrimoine affirment que le statut de Londres en tant que ville culturellement diversifiée, dotée d’écoles de classe mondiale, finira par persuader les nantis d’acquiescer. Toutefois, M. Haidar estime que le désir de protéger le patrimoine familial pour les générations futures l’emporte sur les inconvénients d’un déménagement dans un autre pays.

L’impact sur les millionnaires en dollars

Selon le rapport UBS Global Wealth Report for 2024 publié au début du mois, la Grande-Bretagne devrait perdre près d’un millionnaire en dollars sur six d’ici à 2028. La banque suisse a cité le nombre élevé de super-riches au Royaume-Uni, les implications de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, et l’effet moindre de la décision de la Grande-Bretagne d’abolir ses avantages fiscaux « non dom » comme raisons de cette chute brutale.

Le débat autour de la proposition de révision de l’impôt sur les successions met en évidence la nécessité d’une approche équilibrée qui tienne compte des préoccupations des millionnaires qui se déplacent dans le monde entier, tout en veillant à ce que le gouvernement britannique puisse collecter les fonds nécessaires pour soutenir les services publics. Comme le dit si bien Haidar, « la richesse ne reste plus immobile. Elle n’est pas obligée de le faire. Les oies dorées ont des ailes et elles vont voler ».

Témoignages clés

  • Les millionnaires qui se déplacent dans le monde entier risquent de déserter la Grande-Bretagne si des changements fiscaux sont mis en œuvre.
  • Les plans du gouvernement travailliste visent à rendre le système fiscal britannique plus équitable et à collecter des fonds pour les services publics.
  • Les personnes fortunées ayant le statut de « non-dom » sont très attentives à la date à laquelle la réforme fiscale historique pourrait commencer.
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