Le retour de Catherine Moureaux : la bourgmestre de Molenbeek règle ses comptes et n’a pas du tout l’intention d’arrêter la politique

Le retour de Catherine Moureaux : la bourgmestre de Molenbeek règle ses comptes et n’a pas du tout l’intention d’arrêter la politique
Catherine Moureaux – ERIC LALMAND/Belga/AFP via Getty Images

Combative et amère. Catherine Moureaux est de retour dans sa commune de Molenbeek après plus de deux mois d’arrêt maladie. Elle devra maintenant jongler entre une vive opposition et une section locale du PS divisée, sans le soutien de la Fédération bruxelloise.

  • La bourgmestre de Molenbeek était sous certificat médical depuis le 19 octobre dernier, suite à une altercation avec un échevin de son propre parti, Abdellah Achaoui (PS), qu’elle aurait saisi par le cou. Depuis lors, cette version des faits a été remise en cause par la commission de vigilance, qui dans sa décision s’était prononcée pour une suspension de l’échevin et un rappel à l’ordre pour Moureaux. Sauf que cette décision a finalement été suspendue au profit d’une médiation entre Moureaux et Rudi Vervoort, le ministre-président de la Région bruxelloise. Et il se dit qu’Ahmed Laaouej, le président de la Fédération, est intervenu en coulisses pour cette seconde option, ce qu’il nie.
  • Dans Le Soir et sur BX1, la bourgmestre de Molenbeek fait un retour remarqué et revient sur cet épisode fait « d’attaques d’une bassesse remarquable et fondamentalement injustes ». Au travers de ses réponses, on comprend que le problème va bien au-delà de la section locale du PS.
  • Tout le monde en prend pour son grade : la presse « qui a été trop loin », le PS et « ses brebis galeuses », et la Fédération bruxelloise, dont « la démocratie devrait être remise sur les rails ». Catherine Moureaux est revenue sur le climat toxique qui a mené à son absence prolongée :
    • Un climat créé par une forte opposition, principalement du PTB, « qui n’a rien à perdre » et « qui pratique la politique de la terre brûlée ».
    • Mais aussi lié à ses propres rangs, dont elle dénonce les attaques ad hominem de la part de « brebis galeuses qui occultent et entravent le travail d’un très grand nombre de militants sincères. C’est quelque chose sur lequel nous allons travailler en tant que section locale ».
    • Ahmed Laaouej serait personnellement intervenu ? « Si c’est le cas, je trouve ça grave », répond Moureaux, qui compte sur son parti pour réparer ce litige. La confiance entre la bourgmestre et le chef du PS bruxellois semble rompue : « J’attends de savoir ce qui va se passer », tempère néanmoins la socialiste.
  • Les tensions au sein du PS bruxellois ne datent pas d’hier. Le dernier épisode s’est déroulé en décembre au moment de la création des listes électorales pour la Région et le fédéral. Des listes établies en catimini par quelques élus, alliés d’Ahmed Laaouej, qui a clairement pris le pouvoir au sein du PS bruxellois.
    • Cette décision avait fait une victime : Rachid Madrane, président du Parlement bruxellois, qui, relégué à la 5e place sur la liste, décidait de jeter l’éponge. L’homme aux 10.833 voix de préférence en 2019 était pourtant passé à deux doigts d’être élu à la tête du PS bruxellois pour succéder à Laurette Onkelinx, face au même Laaouej.
    • Mais de manière plus cruciale encore, Laaouej et Madrane représentent deux clans du PS : un courant plus inclusif – plus communautariste disent ses détracteurs – contre un courant laïc. Voilà des années que ces deux camps s’entrechoquent sur des questions comme le port du voile dans l’administration ou l’abattage rituel.
    • Fin novembre, Julien Uyttendaele (PS), fils du célèbre avocat Marc Uyttendaele et beau-fils de l’ancienne vice-première ministre Laurette Onkelinx, quittait le PS bruxellois et décidait de ne pas se présenter pour les élections de 2024, face à la « stratégie communautariste » de la Fédération bruxelloise du PS.
  • De son côté, Catherine Moureaux a clairement reprécisé qu’elle était son camp : « Moi, je défends un parti socialiste universaliste, et pas un parti qui ne défendrait qu’une communauté, qu’une couleur ou qu’un sexe ». Et contrairement à ce qui a pu être dit et écrit, la fille de Philippe Moureaux ne compte pas arrêter la politique : elle sera candidate à sa propre succession, en octobre 2024, à la tête de Molenbeek.
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