« Il est significatif que le Premier ministre n’ait pas réussi à désamorcer la situation durant la période des vacances, ce qui indique qu’il n’a plus le contrôle de la situation. Plus le temps passe, plus cela devient un véritable marchandage de tapis », a observé une source gouvernementale ce matin.
- Cette situation fait référence à une réunion difficile au kern avant Noël, le 22 décembre, où des nominations clés devaient être effectuées. La réunion a été interrompue par Frank Vandenbroucke, vice-Premier ministre de Vooruit. Il s’est opposé après que plusieurs de ses dossiers ont été rejetés.
- Il a alors refusé d’approuver la prolongation du mandat de Pierre Wunsch, président de la Banque Nationale, affilié au MR.
- En coulisses, le ministre n’est pas le seul opposant : Wunsch est perçu depuis longtemps par le PS et Ecolo comme ayant une approche trop « politique » de son mandat. Ils sont agacés par ses fréquents appels au gouvernement à réaliser des économies. Les partis francophones à gauche de la Vivaldi sont en fait très engagés dans un discours anti-austérité, s’opposant à une rigueur excessive. Par conséquent, les verts et les socialistes remettent également en question la position de Wunsch.
- Dans l’urgence, Wunsch a dû recevoir une prolongation temporaire pour éviter les dommages internationaux qu’aurait pu causer une Banque Nationale sans président. Mais, ce faisant, une série de nominations importantes reste bloquée, dans ce qui est la dernière grande vague de nominations de haut niveau sous la Vivaldi.
- L’idée d’une administration gouvernementale dépolitisée ou neutre reste clairement illusoire : 20 ans après les réformes coperniciennes du gouvernement arc-en-ciel de Verhofstadt, peu de choses ont changé.
- Pour le SPF Finances, qui représente en outre une source d’informations considérable, un successeur doit être trouvé pour Hans D’Hondt (issu du cd&v). Deux candidats sont en lice : Filip Van de Velde, chef de cabinet de Vincent Van Peteghem (cd&v), et Arnaud Vadja, étiqueté PS.
- Pour le SPF Justice, l’Open Vld souhaitait nommer Mathilde Steenbergen, chef de cabinet du ministre de la Justice Paul Van Tigchelt (Open Vld). Cependant, Sarah Blancke, l’actuelle directrice des ressources humaines de ce SPF et mieux classée dans la procédure de sélection, est également candidate.
- La Sûreté de l’État doit aussi procéder à une nomination définitive. Francisca Bostyn (également étiquetée cd&v) espère rester en poste, tandis que son principal concurrent, Van Tigchelt, est désormais ministre. De plus, l’OCAM, l’ADIV, le service de sécurité militaire, ainsi que la police fédérale doivent tous nommer de nouveaux directeurs.
- La Chancellerie, l’administration du Premier ministre, est actuellement dirigée par intérim par Arlin Bagdat, le mieux classé lors de la sélection. Cependant, l’Open Vld préfère Patrick d’Hondt, du cabinet de De Croo.
- Le parquet fédéral doit aussi désigner un nouveau chef, probablement Ann Fransen. Parallèlement, le choix d’un nouveau procureur général (francophone) pour Bruxelles doit être résolu.
- Chez la banque d’État Belfius, de nouveaux membres doivent être nommés, Lutgart Van den Berghe ayant atteint l’âge limite.
- Enfin, un dossier particulièrement épineux concerne la présidence de Brussels Airport. Marc Descheemaecker du N-VA devait être remplacé, De Croo souhaitant nommer Wouter Gabriëls, ancien chef de cabinet de Guy Verhofstadt (Open Vld). Mais cela n’a pas abouti pendant trois ans.
- La question doit être résolue mercredi lors du kern, juste avant le départ du Premier ministre pour la Chine, ce jeudi. Dans cette immense équation, le nom de Didier Reynders est aussi en jeu.