Les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, continuent de mettre la pagaille dans le fret maritime en mer Rouge. Les tarifs des conteneurs s’envolent.
La crise en mer Rouge s’intensifie : l’impact pour l’inflation est largement sous-estimé
Pourquoi est-ce important ?
Ce qui se passe actuellement en Mer rouge est largement sous-estimé. Obligés de passer par le sud de l'Afrique en évitant le canal de Suez, les navires de fret augmentent leurs prix. Une situation que l'on a bien connue en 2021-2022 avec les goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement. C'est par là que l'inflation a commencé à déferler sur nos régions. Le problème est que les banques centrales n'ont aucun pouvoir sur ce type de conflits.Dans l’actu : les navires qui traversent le détroit de Bab el-Mandeb, en mer Rouge, continuent d’être la cible d’attaques de drones, par les rebelles houthis.
- Officiellement, ces attaques ne visent que les navires liés à Israël, ont expliqué les rebelles du Yémen. Mais dans les faits, aucun armateur ne veut prendre le risque d’une attaque de drone ou de faire l’objet d’un raid.
- Dimanche dernier, le porte-conteneurs Maersk « Hangzhou » a expliqué avoir été touché par un missile lors de son passage par le détroit de Bab el-Mandeb, puis avoir été attaqué par quatre navires des rebelles Houthis qui tentaient de monter à bord. De son côté, l’armée américaine a indiqué avoir coulé trois navires rebelles.
- Mardi, une nouvelle attaque a eu lieu sans que l’on ne connaisse encore l’identité du navire. Le géant danois Maersk a annoncé dans la foulée qu’il prolongeait son interruption de transit par la mer Rouge et le golfe d’Aden.
- Dans ce conflit en mer Rouge, beaucoup dépend de la guerre que mène Israël à Gaza. Or, avec l’élimination du numéro 2 du Hamas, au Liban, lors d’une frappe dans la banlieue sud de Beyrouth, le risque d’embrasement de la région est réel, avec le Hezbollah et plus largement l’Iran. Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a été envoyé en Israël pour tenter de calmer les esprits.
Tout le trafic maritime est impacté
Zoom avant : les coûts des conteneurs ont déjà bondi.
- Pour éviter les frappes des rebelles houthis, les transporteurs ont déjà détourné plus de 200 milliards de dollars de commerce au cours des dernières semaines.
- Le canal de Suez, par lequel transite environ 25 à 30% du commerce mondial par bateau, n’est plus la voie privilégiée. Les navires de fret passent par le cap de Bonne-Espérance, à la pointe sud de l’Afrique.
- Forcément, les prix des conteneurs s’envolent :
- Les tarifs du fret voyageant de l’Asie vers l’Europe du Nord ont plus que doublé cette semaine pour atteindre plus de 4.000 dollars par conteneur, énumère CNBC.
- Les prix en Asie-Méditerranée ont grimpé jusqu’à 5.175 dollars par conteneur et certains armateurs proposent déjà des tarifs à 6.000 dollars le conteneur.
- Par ricochet, même les tarifs entre l’Asie et l’Amérique du Nord sont impactés. Vers la côte est, les tarifs ont augmenté de 55% pour être fixés à 3.900 dollars. Même les prix vers la côte ouest ont monté de 63%, atteignant les 2.700 dollars.
- Tous ont retenu les leçons de la crise de l’approvisionnement après le Covid. Le secteur réagit donc très vite.
- Pour ne rien arranger, le canal de Panama, crucial pour 270 milliards de dollars de commerce mondial, est aux prises avec une baisse des niveaux d’eau qui limite le trafic maritime.
Joe Biden détient la clé
Zoom arrière : une mauvaise nouvelle pour l’inflation.
- Les tarifs de fret qui augmentent ont un impact direct sur l’inflation. Et c’est une terrible nouvelle pour les stratégies des banques centrales.
- Leur politique est totalement inefficace contre un tel conflit. Or cette inflation renforce le risque d’une récession aux États-Unis et en Europe.
- Car une inflation qui persiste retarderait certainement les baisses des taux d’intérêt des banques centrales. Ce qui limiterait les chances d’un atterrissage en douceur.
- La clé de ce conflit se trouve dans les mains d’un seul homme : Joe Biden, qui joue sa réélection en novembre prochain. Il ne peut se permettre un rebond de l’inflation.