La Chine met en avant le premier réacteur nucléaire à l’hélium relié à son réseau : une nécessité face aux sécheresses à répétition qu’a subi le pays

La Chine a inauguré un nouveau réacteur nucléaire. Il est officiellement utilisé pour fournir de l’électricité au réseau régional après un test de 168 heures. Il a la particularité d’être refroidi à l’hélium, et non à l’eau. Car le pays est en pénurie dans de nombreuses régions.

Pourquoi est-ce important ?

La Chine a beau toujours être l'une des plus grandes pollueuses de la planète, c'est aussi le pays qui développe le plus vite ses sources d'énergies renouvelables. Elle a largement fait le pari du nucléaire, manquant de peu, l'année dernière, son objectif de 58 gigawatts produits par l'atome - il était fixé à 60. Mais ça n'est que partie remise.

Un réacteur à l’hélium

Dans l’actualité : la Chine a inauguré en grande pompe le réacteur nucléaire de Rongcheng Shidaowan, mercredi dernier. Non pas qu’il soit plus performant que les autres, au contraire même. Mais c’est la première application commerciale d’une technologie qui n’était plus très souvent utilisée de nos jours, à part dans le cadre expérimental.

  • Rongcheng Shidaowan est un réacteur nucléaire refroidi à l’hélium. À ne pas confondre avec la fusion à l’hélium : il s’agit bien d’une réaction nucléaire de fission classique, à ceci près qu’on utilise ce gaz noble et pratiquement inerte comme fluide de refroidissement, plutôt que de l’eau. On parle de GCR, pour gas-cooled reactor.
  • Ça n’est pas vraiment novateur, malgré que Pékin présente cela comme une « réalisation historique » ; le Rongcheng Shidaowan n’est même pas particulièrement productif. Il n’est capable de produire qu’environ 200 mégawatts, rapporte Business Insider, là où d’autres arrivent à atteindre les 1.400 mégawatts avec des réacteurs plus classiques, voire bien plus encore.

Plus sûr et indépendant de l’eau

Mais la particularité – et l’intérêt – de ce réacteur à l’hélium, c’est qu’il n’utilise pas d’eau. Or, la Chine est frappée par des sécheresses à répétition ces dernières années, au risque d’enrayer sa transition vers le nucléaire à cause de difficultés à refroidir les centrales. Un réacteur a en effet besoin de 1.500 à 2.800 litres d’eau pour chaque mégawatt d’énergie produit pendant une heure. Cette eau ne disparait pas de la surface de la Terre bien sûr, mais il faut en assurer un approvisionnement suffisant pour ne pas risquer de surchauffe.

  • Ce réacteur à l’hélium est donc plus sûr, car non dépendant du débit des cours d’eau de la région. Il est aussi capable de s’arrêter automatiquement en cas de défaut du système de refroidissement, détaille l’agence de presse chinoise Xinhua.
  • Quant à la production réduite, elle n’est pas forcément vue comme un problème, si cette technologie permet d’installer des réacteurs dans des endroits dépourvus d’eau en suffisance.
  • Et l’Empire du Milieu compte bien augmenter son recours à l’atome. Il construit actuellement 22 nouveaux réacteurs nucléaires, tandis que 55 autres réacteurs civils sont déjà en service. C’est le troisième pays au monde le plus doté, après la France (56) et les USA (93).
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