Le kern se réunit ce mercredi pour rediscuter de la concession presse, les Verts proposent de faire un geste pour les « zones rurales »

Le kern se réunit ce mercredi pour rediscuter de la concession presse, les Verts proposent de faire un geste pour les « zones rurales »
Petra De Sutter (Groen) – Getty Images

La décision sur le contrat de distribution de journaux et de magazine est toujours en suspens. Le kern se réunit ce midi pour enfin trouver une solution.

  • À moins d’un mois de la nouvelle année, le gouvernement doit encore trancher sur la prochaine concession presse, qui est censée entrer en vigueur le 1er janvier, pour les 5 prochaines années. Jusqu’ici, une subvention de 125 millions d’euros par an était prévue.
  • La situation est bien connue : les deux précédents marchés ont été attribués sans concurrence (d’abord parce que Bpost a acheté son concurrent en 2014, puis par une collusion avec PPP). Mais cette année, PPP et Proximy ont remporté respectivement les contrats pour les journaux et les magazines.
  • Ils l’ont fait de manière convaincante : le prix proposé par PPP était nettement inférieur par journal, comme l’a clairement indiqué le SPF Économie. Il était particulièrement surprenant de constater que Bpost, qui facturait plus de 60 centimes par journal lors de la précédente concession, semblait soudainement capable de proposer un tarif légèrement supérieur à 30 centimes. Pourtant, PPP s’est avéré être deux fois moins cher encore.
  • Au départ, les éditeurs francophones ont vivement réagi, louant la qualité de Bpost et critiquant PPP. Ils n’avaient cependant pas anticipé que le gouvernement pourrait ne pas attribuer le contrat du tout. Entre-temps, leur position semble avoir évolué, tout comme celle de Mediahuis et DPG Media, les grands éditeurs flamands : les prix inférieurs de PPP et les subventions gouvernementales sont apparemment trop attractifs pour être ignorés.
  • La question est de savoir si une telle décision est politiquement réalisable. Chez les libéraux, une forte objection idéologique persiste : l’Open Vld estime que la concession devrait être entièrement annulée. Mais un obstacle technique majeur se pose également : le ministre de l’Économie, Pierre-Yves Dermagne (PS), n’avait pas prévu la victoire de PPP et Proximy.
  • Suite à leur victoire, ils pourraient demander une période de transition de six mois, durant laquelle Bpost continuerait la distribution, en attendant leur mise en place. Cependant, cette période coûterait 88 millions d’euros, une somme « non budgétisée », d’après les responsables gouvernementaux. « Et Alexia Bertrand (Open Vld), secrétaire d’État au Budget, ne va certainement pas demander au Parlement un budget supplémentaire de 88 millions pour ce contrat », affirment les libéraux.
  • Sur le plan politique, le PS a également pris position : « Nous n’annulerons pas ce contrat tant qu’il n’y aura pas de clarté sur des mesures de soutien alternatives pour la presse », déclarent-ils fermement. Il reste à voir si un accord alternatif, offrant soudainement un soutien spécifique pour les zones rurales, serait juridiquement et techniquement viable.
  • Car servir ces « zones blanches » est particulièrement sensible en Belgique francophone, mais cela complique l’équilibre communautaire : il s’agirait surtout de soutien financier, de nouveau, pour la Wallonie.
  • Et il y a un autre problème : la Commission européenne suivra cela de près. Annuler soudainement une concession remportée par des entreprises privées, pour ensuite attribuer des parties spécifiques de cette concession à une entreprise publique, serait difficilement acceptable pour la Commission.
  • Ce jeudi matin, la ministre des Entreprises publiques, Pettra De Sutter (Groen), propose un soutien ciblé pour les « zones blanches », en réservant la concession aux entreprises de distribution et aux éditeurs qui livrent des journaux et des magazines dans ces zones. La ministre prend bien soin de citer des zones flamandes, comme le Westhoek, la Campine ou le Pajottenland, pour ne froisser personne.
  • D’autres « solutions », comme un chèque journal ou une réduction fiscale sur tous les abonnements, papier et numérique, sont sur la table. Mais existe-t-il une volonté politique pour cela au sein du gouvernement ? Lors de la dernière discussion sur ce dossier, la semaine dernière, cela ne semblait pas être le cas. Les verts et le PS envisagent cette alternative en dernier recours, menaçant sinon de poursuivre la concession.
  • Cela contraste avec la position de Vooruit, où la présidente Melissa Depraetere (Vooruit) a déclaré que le contrat de distribution de journaux « ne se fera de toute façon plus », préconisant plutôt des mesures de soutien pour Bpost et les postiers. C’est donc un véritable nœud gordien qui se présente, impliquant des centaines de millions d’euros de fonds publics.
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