JT-60SA, le plus grand réacteur expérimental à fusion à ce jour, vient d’être inauguré au Japon. Un projet conjoint avec l’UE sur lequel repose de grands espoirs de bond en avant scientifique, alors que le réacteur géant ITER, en France, risque de prendre (encore) du retard.
Le plus grand réacteur à fusion nucléaire au monde à ce jour est prêt à démarrer
Pourquoi est-ce important ?
La fusion nucléaire, le "graal" de l'approvisionnement en énergie propre qui doit nous offrir la puissance des réactions qui se produisent au sein du soleil : un but dont on tente toujours de se rapprocher, mais avec beaucoup d'incertitudes sur la longueur de la route.Dans l’actualité : JT-60SA, le plus grand réacteur expérimental à fusion à ce jour, a été inauguré vendredi dernier au Japon. Ce projet conjoint entre l’Union européenne et le Japon a été construit à Naka, au nord de Tokyo. La commissaire européenne à l’énergie Kadri Simson avait fait le déplacement, pour accompagner le ministre japonais de l’Éducation, de la science et de la technologie, Masahito Moriyama, et la ministre d’État japonaise chargée de la politique scientifique et technologique, Sanae Takaichi.
Une fusion nucléaire à 200 millions de degrés
- Le JT-60SA est un Tokamak, un dispositif de confinement magnétique expérimental doté d’une chambre cylindrique. Celle-ci sert à contenir, via des champs magnétiques, un faisceau de plasma qui peut atteindre les 200 millions de degrés celsius.
- La première mise en route du système est attendue avant la fin de l’année. L’objectif final, toujours expérimental, consiste à faire fusionner des noyaux d’hydrogène à l’intérieur pour former un élément plus lourd, l’hélium, libérant de l’énergie sous forme de lumière et de chaleur. Une manière de produire de l’énergie nucléaire sans résidus toxiques à la fin du processus.
- Mais JT-60SA a beau être le plus puissant dispositif de ce type achevé, il n’est que le plus petit d’un (futur) duo. Il doit servir de précurseur au Réacteur expérimental thermonucléaire international (ITER). Mais celui-ci accumule les retard et les surcoûts, à tel point que son conseil d’administration a reporté à l’année prochaine l’annonce d’un calendrier actualisé du projet. L’objectif d’un premier plasma en 2025 semble difficile à tenir.
En attendant ITER
les soucis d’ITER rendent son petit frère japonais d’autant plus capital pour continuer la recherche sur la fusion nucléaire. D’autant plus que plusieurs grands pas en avant ont été franchis. Pour la seconde fois consécutive, un réacteur a pu produire un peu plus d’énergie qu’il n’en fallait pour déclencher la réaction de fusion. Un bénéfice net qui avait soulevé de nouveaux espoirs, alors que la fusion est notre joker, à long terme, pour entretenir notre train de vie énergétique sans compter sur les sources fossiles.
« Ce qui se passe ici aujourd’hui sera déterminant demain pour la contribution de la fusion à un bouquet énergétique sans carbone. Le JT-60SA est un élément clé de la feuille de route internationale en matière de fusion nucléaire, car il offre une possibilité unique d’apprendre et d’exploiter ce dispositif de fusion unique et de partager ces connaissances précieuses avec ITER. Il permet également aux laboratoires de recherche et à l’industrie européens, conjointement avec le Japon, de travailler main dans la main pour développer un partenariat significatif. »
Marc Lachaise, directeur de Fusion for Energy