L’industrie européenne met en garde : « Encore une décennie, et nous sommes fichus »

L’industrie européenne met en garde : « Encore une décennie, et nous sommes fichus »
Jean-François Van Boxmeer, actuel président de Vodafone. (Jasper Juinen/Bloomberg via Getty Images)

L’European Round Table for Industry (ERT) a publié son Vision Paper annuel. L’ERT est une organisation de lobbying basée à Bruxelles. Elle est composée d’une cinquantaine de CEO des entreprises industrielles les plus puissantes d’Europe. Avec son Vision Paper, l’industrie européenne donne le ton pour une série de rapports approfondis contenant des plans d’action et des recommandations sur des sujets clés qui seront publiés entre maintenant et mai de l’année prochaine.

Dans l’actu : l’ERT qualifie la situation actuelle d' »alarmante ». L’organisation décrit l’état de l’industrie européenne comme « en déclin, avec peu de signes d’amélioration. »

  • Les industriels écrivent également que la compétitivité de l’Europe « s’est estompée ». « Notre position dans le nouvel ordre mondial n’est plus assurée. »
  • En même temps, un optimisme est exprimé quant à la capacité de l’Europe à relever ces défis. En se concentrant sur le renforcement du marché intérieur et la revitalisation de l’intégration européenne.

Les détails : selon le Vision Paper de l’ERT, l’industrie européenne prend de plus en plus de retard par rapport à celle des États-Unis et de la Chine.

La compétitivité de l’Europe s’est estompée

Zoom avant : la compétitivité de l’industrie européenne est le thème principal du Vision Paper.

  • Au cours des vingt dernières années, cette compétitivité a fortement diminué par rapport aux États-Unis, vis-à-vis desquels le déclin a été encore plus marqué au cours des dix dernières années. « Encore une décennie, et nous sommes fichus », met en garde le Belge Jean-François van Boxmeer, ancien CEO de Heineken et président de l’entreprise de télécommunications britannique Vodafone, dans une interview avec le Financieele Dagblad.
  • Ses déclarations reposent sur des chiffres concrets.
    • Entre 2014 et 2019, les entreprises européennes étaient 20% moins rentables que les américaines.
    • Leur chiffre d’affaires a progressé 40% moins rapidement.
    • Peut-être la statistique la plus frappante : la part de l’Europe dans l’industrie mondiale est passée de 25% à 16,3% entre 2000 et 2020.
  • La compétitivité de l’Europe s’est estompée : les États-Unis, la Chine et d’autres pays devancent l’UE dans plusieurs domaines.
    • Selon le rapport, cette baisse est en partie due à l’évolution du paysage géopolitique. Cela a entraîné une fragmentation et une coopération internationale affaiblie. Ce qui affecte l’UE de manière disproportionnée.
    • « La fragmentation, la lenteur des prises de décision, la pensée à court terme et le populisme menacent de fragiliser l’Europe de l’intérieur », met en garde l’ERT.

Numérisation et décarbonation : la voie vers la prochaine période de prospérité pour l’industrie européenne

Zoom arrière : heureusement, il y a aussi de bonnes nouvelles. La double transition vers la numérisation et la décarbonation ouvre la voie à la prochaine période de prospérité.

  • L’ERT estime que l’Europe peut encore rattraper son retard et doit mobiliser son économie sociale de marché pour fournir des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, intégrés dans une économie neutre en carbone.
  • L’UE doit investir dans l’infrastructure numérique, soutenir l’adoption des technologies et promouvoir l’innovation. Tout en améliorant la cybersécurité pour stimuler la transformation numérique.
  • « La suppression des barrières nationales permettra aux entreprises, aux consommateurs et à tous les citoyens de profiter pleinement des avantages du marché intérieur », estime van Boxmeer.

(OD)

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