Le MR recherche activement un rapprochement avec la N-VA, mais De Wever et son parti demeurent distants dans leurs échanges avec Bouchez. En toile de fond, Wilmès semble émerger

Le MR recherche activement un rapprochement avec la N-VA, mais De Wever et son parti demeurent distants dans leurs échanges avec Bouchez. En toile de fond, Wilmès semble émerger
Bart De Wever (N-VA) & Georges-Louis Bouchez – BRUNO FAHY/BELGA MAG/AFP via Getty Images

Alors que Georges-Louis Bouchez (MR) tend déjà la main et évoque ouvertement un « nouvel axe suédois » comprenant la N-VA au niveau fédéral, cette dernière rejette fermement cette proposition. Lors d’une journée familiale, Bart De Wever (N-VA) a souligné l’importance de la question communautaire, exprimant le désir de conclure un accord avec le PS et évoquant à nouveau son plan pour un « mini-cabinet ». La relation entre la N-VA et le MR est à suivre de près en coulisses. « Bouchez est en difficulté en interne, risquant de tout perdre. Il cherche une « planche de salut » auprès de la N-VA, comme l’avait fait Charles Michel par le passé. Mais il est continuellement repoussé. Parallèlement, Sophie Wilmès (MR) tente aussi d’établir un canal de communication avec la N-VA, mettant Bouchez encore plus en porte-à-faux », révèle une source interne du MR. Du côté de la N-VA, on reste sceptique : les hauts responsables ne font confiance ni à Bouchez ni à Wilmès. « Il serait insensé de le faire », affirme un haut dirigeant.

L’actualité : Le MR a organisé un grand rassemblement au bord des Lacs de l’Eau d’Heure, mais une certaine agitation règne en interne : seront-ils toujours présents après 2024 ?

Le détail : Bouchez s’est à nouveau présenté dans les studios de télévision flamands pour échanger avec la N-VA. Il semble qu’il n’avait pas d’autre choix.

  • « Buvez suffisamment d’eau et protégez-vous du soleil. Je ne voudrais pas que vous soyez rouges demain. C’est mauvais pour votre santé et pour celle des autres. » De Wever a amusé l’assistance avec cette remarque lors de son allocution ensoleillée à la journée de la N-VA à Plopsaland.
  • Le président de la N-VA a rassemblé 10.000 membres du parti. Les billets se sont vendus rapidement, et le traditionnel cliché de la direction du parti, tous réunis devant une attraction, a été pris : Zuhal Demir (N-VA), Matthias Diependaele (N-VA), De Wever, Ben Weyts (N-VA) et Jan Jambon (N-VA) étaient assis côte à côte sur la « Grande Vague », un manège tournant.
  • Sous un soleil ardent, De Wever a opté pour un discours succinct. Mais ses points essentiels étaient nets : malgré la présence de ses ministres flamands autour de lui, il n’était question que de la politique fédérale et de la stratégie que la N-VA souhaite y adopter, comme si juin 2024 était vraiment une échéance finale.
    • « La conclusion du chapitre de la N-VA approche. Au niveau fédéral, tout semble s’effondrer. La Belgique semble avancer sans but vers un précipice financier », a dramatiquement déclaré De Wever.
    • « La Belgique touche le fond. Et chaque parti flamand le sait. Lors du débat des présidents de parti au Voka cette semaine, à la question de la nécessité d’une Vivaldi 2, sept mains se sont levées pour presser le bouton rouge », a souligné De Wever, revenant sur cet épisode malheureux pour les Vivaldistes.
    • « Aucun parti ne souhaite être associé à la mauvaise gestion de la Vivaldi, pas même le parti du Premier ministre », a-t-il ajouté, faisant référence à la gaffe de Tom Ongena (Open Vld).
    • « C’est à nous de montrer la vérité au peuple, car, comme le disait Abraham Lincoln : ‘Si on lui présente la vérité, on peut compter sur le peuple, pour faire face à n’importe quelle crise nationale’. C’est là notre défi et notre grande opportunité », a-t-il déclaré.
    • « Si nous parvenons à convaincre suffisamment de Flamands de cette réalité, alors une chance historique se présentera l’année prochaine », a-t-il ajouté, préparant le terrain pour une future critique de la N-VA et ses « rendez-vous manqués ».
    • « Nous sommes conscients que beaucoup de Flamands sont si déçus qu’ils pourraient se tourner vers des voix moins constructives. Gagner leur confiance est un défi majeur. Mais je suis confiant. Les Flamands le sont aussi », a-t-il conclu, faisant allusion au Vlaams Belang.
  • Cela annonce immédiatement la rhétorique que De Wever emploiera pendant la prochaine campagne : un nouveau rendez-vous avec l’histoire, axé sur une nouvelle réforme de l’État. La question communautaire sera donc incontournable.
  • Et Theo Francken (N-VA), dans une interview pour De Zondag, l’a clairement indiqué : « Non, nous ne participerons pas à un gouvernement comme en 2014 sans réforme de l’État. Mettez cela en évidence, pour que Bouchez le voie bien. »

En résumé : C’est la réponse sans équivoque de la N-VA face aux nombreuses tentatives d’approche du MR. Ils recherchent clairement un soutien.

  • Chez les libéraux francophones, le week-end a également été chargé : après une rencontre avec la faction du parti, ils se sont réunis avec la base, au bord des Lacs de l’Eau d’Heure. Ce fut un spectacle visuellement agréable, typique des libéraux.
  • Cependant, il règne une certaine tension au sein des rangs du MR. L’approche du président Bouchez, qui semble avoir coupé les ponts avec de nombreux leaders des autres partis, met le MR en position d’isolement. Selon les prévisions actuelles, le PS, Ecolo, Les Engagés et même DéFI pourraient rapidement former des coalitions après le 9 juin prochain, pour la Wallonie et Bruxelles. Au sein du MR, on partage cette inquiétude.
  • Le spectre de la situation de 2014 plane au-dessus de la tête des libéraux, lorsque Paul Magnette (PS) avait alors décidé d’écarter le MR des exécutifs régionaux, suscitant l’ire de Charles Michel, leader du MR de l’époque. En réaction, Michel avait franchi une étape audacieuse en formant une coalition fédérale inattendue, s’associant en tant que seul parti francophone avec la N-VA. Ce fut un tournant pour le MR, leur permettant de retrouver du pouvoir et même d’offrir le poste de Premier ministre à Michel.
  • Actuellement, au sein du MR, on aspire à la reproduction de ce scénario. Ceci positionnerait le MR comme un « parti de gouvernement », évitant ainsi de se retrouver dans l’opposition, ce qui pourrait être préjudiciable pour Bouchez. Ce dimanche dernier, Bouchez a répété sur le programme « De Zevende Dag » sa préférence pour une alliance entre le MR et la N-VA, arguant que la coalition Vivaldi n’a jamais été leur premier choix, car elle comporte trop de partis de gauche.
  • De Wever, répondant lors de la même émission, a commenté de manière quelque peu détachée : « Bouchez se trouve en difficulté et tente de trouver une alliance avec un parti flamand. Ma vision des choses est différente. Une grande majorité des Wallons vote à gauche. Nous devons donc trouver un accord avec ces partis pour éviter de gouverner ensemble à l’avenir. C’est la solution la plus adaptée, tant pour les Flamands que pour les Wallons. »
  • Il est largement su que Bouchez tente depuis des mois d’entrer en contact avec la direction de la N-VA, en particulier avec De Wever. Lors de ses déplacements en Flandre, il a souvent évoqué la nécessité d’une « discussion discrète ». Cependant, quelle est la pertinence de ces tentatives pour le bourgmestre d’Anvers si leur seul objectif est d’apaiser les tensions au sein du MR ? Le manque de discrétion de Bouchez est manifeste.
  • Il est à noter que, malgré les refus répétés de la direction du N-VA à l’encontre de Bouchez, d’autres figures du MR, dont l’ancienne Première ministre Sophie Wilmès, ont tenté de nouer des contacts. Cela est surprenant compte tenu de son passé politique et de sa position historiquement anti-N-VA.
  • Mais Sophie Wilmès a surtout cherché à démontrer sa capacité à influencer, à ouvrir des portes et à établir des liens de haut niveau. Toutefois, au sein de la N-VA, on reste sceptique quant à sa crédibilité, rappelant qu’en 2020, elle les avait systématiquement écartés et semblait réticente à collaborer avec eux, comme le confirme une source proche du MR.
  • À l’heure actuelle, rien n’indique que la N-VA ait l’intention d’offrir une solution de secours au MR. Du côté des nationalistes flamands, on entend que si Bouchez souhaite coopérer, il doit s’ouvrir à l’idée d’une « réforme de l’État ».

Vue d’ensemble : La stratégie de la N-VA après les élections, combinant un « minikabinet » et des revendications communautaires, demeure particulièrement complexe.

  • Si la voie de Bouchez vers une prolongation du pouvoir semble devenir compliquée, celle de la N-VA au niveau fédéral n’est pas non plus évidente. De manière surprenante, De Wever a réitéré hier, en marge de la journée familiale, son plaidoyer pour la mise en place d’un « minikabinet » ou « kernkabinet » (gouvernement restreint) juste après les élections.
  • Cependant, la terminologie de cette proposition peut prêter à confusion, en particulier si l’on utilise le terme « kernkabinet » pour ce concept. Historiquement, le « kern » désigne la réunion des vice-premiers ministres au sein du gouvernement fédéral.
  • En pratique, il s’agirait effectivement d’un gouvernement composé de quelques ministres, ne remplissant que les cabinets des vice-premiers ministres, avec un seul ministre par parti.
  • Un tel gouvernement pourrait être formé presque immédiatement après les élections, incluant les plus grands partis des régions, pour se concentrer uniquement sur les questions socio-économiques, basées sur des « KPI » ou grands objectifs, et établir un budget pour 2024 et 2025. Ceci éviterait de perdre ces années, à un moment où le déficit budgétaire pèse lourdement. Parallèlement, des négociations seraient menées « pour une réforme profonde de l’État », selon la N-VA.
  • Les autres partis ont rapidement rejeté cette idée au printemps, lorsque De Wever l’a évoquée pour la première fois. Pour la Vivaldi, la période des affaires courantes commence directement après le 9 juin, avec les sept partis conservant de facto leurs positions et continuant à mener une certaine forme de politique. Lors des précédentes négociations gouvernementales prolongées, cela s’est avéré très confortable pour les trois partis au pouvoir : le cd&v, l’Open Vld et surtout le MR.
  • Hier, le président du cd&v, Sammy Mahdi, a rejeté à nouveau cette proposition, tout comme l’ont fait tous les autres partis de Vivaldi en mai dernier.
  • Des réticences émanent également du gouvernement actuel de la Vivaldi :
    • « On pourrait adhérer à la logique de De Wever, en donnant à la N-VA une responsabilité immédiate pour le budget de 2025 et les suivants. »
    • « Cependant, ne faudrait-il pas négocier un mini-accord gouvernemental, ou des ‘KPI’ comme il les appelle ? Cela deviendrait extrêmement compliqué car, d’une manière ou d’une autre, il faudrait prendre des mesures difficiles avec le PS, non ? »
    • « La seule manière serait d’offrir une perspective avec des réformes à long terme. Cela ne se décide pas en deux semaines. »
    • « Nous aurons probablement plus de 5 milliards à combler l’année prochaine. Faudra-t-il réduire les dépenses ? Et avoir le PS dans ce minikabinet ? Cela n’a aucun sens. C’est une logique structurellement erronée. »
  • Par ailleurs, certains observateurs notent que De Wever s’aventurerait alors en « territoire inconnu » avec un tel minikabinet. « Il s’attèlerait d’abord à négocier un programme socio-économique, sans aucune garantie solide sur sa réforme de l’État à venir. Que ferait-il après 6 mois ou un an, si cette réforme n’aboutit pas comme il le souhaite ? Abandonnerait-il le navire comme avec le Pacte de Marrakesh ? »

Qatargate : Marie Arena se défend

  • Le nom de l’eurodéputée socialiste figure dès le départ dans le dossier du Qatargate, qui a éclaté en décembre 2022, suite aux révélations du Soir et de Knack. Il est question d’une vaste affaire de corruption et d’influence étrangère au sein du Parlement européen, dont le cerveau est l’Italien Pier-Antonio Panzeri, grand ami de Marie Arena.
  • L’eurodéputée a dès le départ nié un quelconque lien avec ce réseau. Marie Arena n’a d’ailleurs jamais été entendue par la justice ni inculpée. Son immunité parlementaire n’a pas non plus été levée. Mais des perquisitions menées chez elle et ses proches en juillet ont débouché sur une drôle de trouvaille : 280.000 euros en liquide et en coupures dans l’appartement de son fils, a de nouveau révélé Le Soir.
  • Arena est sortie du silence dans La Libre, Le Soir et Le Monde pour s’expliquer :
    • Sur l’affaire dans son ensemble : « Je n’ai rien à voir dans cette affaire et rien ne change par rapport à ce que je vous ai dit en décembre à ce sujet. Absolument rien. »
    • L’argent trouvé chez son fils : « Je ne veux même pas savoir. Mon fils est majeur et vacciné, mais cet argent n’a rien à voir avec moi, ni avec le Qatargate. Ça m’affecte comme toutes les mères seraient affectées par ce genre d’information. Mais on n’est pas responsable de ce que font ses enfants. C’est mon fils, mais il a 32 ans, c’est son problème. »
    • Sur Pier-Antonio Panzeri : « J’ai conseillé un avocat pour Panzeri, parce que le jour même, j’étais encore convaincue qu’il était un ami. Panzeri n’est plus mon ami. Je ne veux pas le voir. J’espère que je ne le reverrai plus jamais de ma vie. Et je lui en voudrais, je pense, tout au long de ma vie. »
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