La réponse chinoise à ChatGPT arrive : l’IA de Baidu obtient le sésame de Pékin pour une application grand public, malgré des règles très strictes

On attendait la Chine au tournant sur la grande course à l’IA : nul doute que Pékin travaillait à une réponse aux produits lancés par des firmes occidentales. Et on ne s’est pas trompé. Mais en Chine, la collecte massive de données des citoyens doit rester l’apanage de l’État.

Le géant chinois de la technologie Baidu a annoncé ce jeudi qu’il avait reçu l’autorisation de Pékin pour présenter Ernie au grand public.

Concours de robots

  • Ernie est un bot alimenté à l’IA, dont l’accès initial était limité aux partenaires commerciaux de l’entreprise et aux personnes qui avaient d’abord rejoint une liste d’attente – longue de 1,2 million de personnes, note au passage CNBC.
  • Difficile pour l’instant de comparer les performances d’Ernie (dont le nom signifie Enhanced Representation through Knowledge Integration, mais qui est plutôt appelé wénxīn yī​yán dans sa langue natale) avec celles de ChatGPT, l’engin ne fonctionnant qu’en chinois. Bien sûr, Baidu estime que son poulain est bien meilleur.

« Outre Ernie Bot, Baidu s’apprête à lancer une série de nouvelles applications nées de l’intelligence artificielle qui permettront aux utilisateurs d’expérimenter pleinement les quatre capacités fondamentales de l’intelligence artificielle générative : la compréhension, la production, le raisonnement et la mémoire. »

Baidu, dans un communiqué.

Zoom arrière : Le succès de ChatGPT a lancé toutes les grandes firmes technologiques occidentales dans un marathon du développement des intelligences artificielles, et plus encore de leurs utilisations commerciales. La Chine n’est pas en reste : des géants comme Alibaba proposent déjà des produits alimentés à l’IA générative, et d’autres plus petits acteurs sont sur la brèche.

L’État et les IA

Mais en Chine, les réglementations sont récemment devenues bien plus strictes sur l’utilisation des données et l’usage de l’IA générative. Rappelons que ChatGPT n’est officiellement pas autorisé en Chine, où l’accès à Google et Facebook est d’ailleurs bloqué. Le gouvernement a toutefois insisté sur l’importance de développer une technologie nationale comparable, mais celle-ci reste soumise à l’approbation du pouvoir. Une « réglementation provisoire » est entrée en vigueur le 15 août dernier.

  • Celle-ci conditionne toute version publique d’une IA générative au feu vert préalable de Pékin. Et c’est là un assouplissement : les premiers projets de loi concernaient aussi la recherche, mais au final, les entreprises chinoises peuvent s’intéresser à l’IA librement tant que cela reste en interne.
  • La Chine a également renforcé les lois encadrant l’accès et l’utilisation des données personnelles de ses citoyens – comme s’il s’agissait d’un monopole qui devait rester étatique, dans ce pays à la pointe de la surveillance de masse.
  • Lors d’une conférence sur les résultats la semaine dernière, le PDG de Baidu, Robin Li, a toutefois estimé que ces règles étaient plutôt favorables à l’innovation : il estime que son entreprise est « assez optimiste quant à l’avenir pour un meilleur environnement réglementaire. »
  • Rappelons quand même que, dévoilé une première fois avant la mise en place de ces nouvelles règles, en novembre, Ernie avait fait un flop après une présentation en grande pompe complètement ratée. Baidu en avait subi le contrecoup en bourse.
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