5 caractéristiques des dirigeants qui ont étudié à l’école du leadership de Poutine

Les dirigeants de plusieurs grandes économies émergentes, la Chine, l’Inde, la Turquie et l’Afrique du Sud présentent de grandes similitudes avec le président russe Vladimir Poutine, observe Leonid Bershidsky de Bloomberg. Cela implique peut-être que la conception occidentale de la démocratie va devoir se confronter avec une nouvelle forme d’autoritarisme, comme cela s’était produit à l’époque de la Guerre Froide avec le communisme.

Xi Jinping, le dirigeant chinois, Recep Tayyep Erdogan, le Premier ministre turc, et Jacob Zuma, le président de l’Afrique du Sud, partagent une aversion pour les réseaux sociaux, et les 3 hommes ont engagé une lutte contre leurs opposants politiques sous couvert de la lutte contre la corruption.

Zuma et Poutine ont tous deux occupé des fonctions dans les services secrets de leurs pays respectifs. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, ne cache pas son nationalisme, et comme Poutine, il a veillé à ce que les livres d’histoire des écoliers glorifient l’histoire de son pays.

Les leaders d’autres pays partagent certains de ces points communs: le Premier ministre malaisien Najib Razak est parfois accusé de glisser vers l’autoritarisme et d’exercer un contrôle sur la presse, tandis que la présidente de l’Argentine, Cristina Kirchner, a défendu l’annexion de la Crimée par la Russie.

Selon Bershidsky, ces dirigeants présentent 5 caractéristiques typiques de ces dirigeants:

  • Le pouvoir personnel de ce leader transcende le pouvoir que la loi lui attribue ou lui permet de modifier la loi quand il le juge nécessaire.
  • Le pouvoir judiciaire agit de façon sélective et selon des motifs politiques, souvent dans le cadre de luttes alléguées contre la corruption. (« Tout pour mes amis, pour mes ennemis, la loi »)
  • Les médias ne sont pas censurés comme c’est le cas dans les États totalitaires, mais les opinions dissidentes sont étouffées.
  • Le régime est associé avec le respect de « valeurs traditionnelles », une tentation révisionniste à l’égard de l’histoire et une rhétorique fortement nationaliste.
  • Les dirigeants ont exprimé leur frustration vis-à-vis des « deux poids, deux mesures » de l’Occident utilise et ils mettent en cause un cynisme de l’Occident» parfois sournois.

Or, ces principes sont ceux qui gouvernent les nations qui ont les populations les plus nombreuses du monde, des pays émergents voués à devenir parmi les plus grandes puissances économiques et géopolitiques du monde.

Après la chute du communisme dans les années 1990, le concept de démocratie à l’Occidentale n’a pas réussi à s’imposer dans ces pays à grands potentiels économiques. Ce n’est pas tant ses valeurs, qui ont échoué à convaincre, mais plutôt les politiciens qui les ont représentées, et qui n’ont réellement pas su les incarner, observe Bershidsky. Il cite l’ancien ambassadeur américain en Russie, Michael McFaul, qui a écrit une remarque dans ce sens dans le New York Times en mars de cette année :

Les Etats-Unis ne disposent plus de l’autorité morale qu’ils avaient par le passé. En tant qu’ambassadeur, j’ai éprouvé des difficultés à défendre notre engagement en faveur de la souveraineté et du droit international, lorsque les Russes me demandaient : +Et que pensez-vous de l’Irak ?+. »

Les nations démocratiques doivent améliorer leur manière de donner l’exemple, pour que leur modèle puisse susciter une attirance plus forte pour les pays émergents, plutôt que de simples recettes d’autoritarisme », conclut le journaliste.