Le Dragon Mart est le plus grand centre commercial chinois situé hors de Chine. Fort de 3.950 magasins répartis sur une longueur de 1,2 km, il est situé à 20 minutes de Dubaï, et on peut quasiment tout y acheter à des prix très bas, des simili-piliers romains aux hijabs en passant par des crèmes « de développement pour les parties intimes de l’homme ».
Efficacité et prix bas sont les mots-clés dans ce centre commercial. La plupart des centres commerciaux dans le monde proposent des produits « Made in China » conçus en Occident, mais dans le Dragon Mart, les entreprises chinoises proposent des produits à prix défiant toute concurrence. On peut parfois s’amuser de certains des articles proposés, qui sont parfois d’une esthétique discutable, comme des tapis persans en polyester, des bureaux et bibliothèques en plastique, ou des imitations lointaines de marques telles que Zara. Pourtant, il recèle tout de même de bonnes affaires, et on peut y acquérir un appareil photo numérique pour 99 dirhams (environ 20 euros) ou un tapis roulant d’exercice pour 700 dirhams (environ 145 euros), et même possiblement moins lorsque les acheteurs sont prêts à marchander.
Le centre commercial est dédié à une clientèle de travailleurs migrants qui construisent et entretiennent Dubaï, pour beaucoup d’entre eux, des Chinois. Ils représentent la classe moyenne émergente, qui totalise 2 milliards d’individus dans le monde, consommant 6.900 milliards de dollars par an (environ 5.200 milliards d’euros), selon le cabinet de conseil McKinsey. Cette clientèle ne peut pas se permettre de faire ses courses dans le prestigieux centre commercial « Mall of the Emirates » de Dubaï, mais le toc des gadgets de plastique du Dragon Mall attire ces personnes dont les parents ont parfois connu les taudis.
Le Dragon Mart est issu d’une collaboration très proche entre l’Etat et les entrepreneurs. Il appartient à une compagnie d’Etat locale, Nakheel, filiale de Dubaï World, et il est alimenté par les livraisons quotidiennes d’une compagnie d’État chinoise, Cosco. Dans le centre, les commerçants, surnommés les « capitalistes de bambou », sont indépendants.
Le centre commercial signe aussi d’une certaine manière la renaissance de la Route de la Soie. Dans l’ancien temps, c’étaient des produits de luxe, comme la soie, qui s’échangeaient sur son parcours. Aujourd’hui, on y trouve de tout, notamment … des produits en plastique. Cette nouvelle route commerciale s’éloigne de plus en plus de l’Europe pour se rapprocher de l’Afrique. Elle implique aussi que les entreprises chinoises ne vont plus seulement se consacrer à usiner les produits conçus en Occident, mais de plus en plus, fabriquer des produits conçus en Chine. Certaines des marques commercialisées dans le centre ont déjà acquis une popularité internationale, comme les landaus Go Baby ou les meubles de cuisine Haier.
A Dubaï, il se construit déjà un second centre de 175.000 m² avec 4.500 places de parking juste à côté du Dragon Mart…