154 économistes allemands disent “Nein” à la réforme de l’UE proposée par Emmanuel Macron

Dans une lettre ouverte adressée au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), pas moins de 154 économistes allemands dénoncent le projet du président français Emmanuel Macron de créer une union monétaire et bancaire. Ils y voient une “Union de la dette” dangereuse pour les citoyens européens.

Les 154 économistes allemands éminents (dont 149 hommes et 5 femmes), parmi lesquels on retrouve Hans-Werner Sinn et Jurgen Stark, ancien membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), répondent ainsi aux propositions qui ont été émises par le président français Emmanuel Macron lors du dernier sommet de l’UE, les 22 et 23 mars derniers.

Celles-ci prévoient la création d’un ministre des Finances de l’UE, la création d’un budget conjoint de la zone euro et la création d’un organe chargé de superviser la politique économique régionale. Le bloc devrait statuer sur ces propositions lors du prochain sommet de l’UE, qui doit se tenir à la fin du mois de juin.

De « grands risques pour les citoyens européens »

Mais celles-ci suscitent un fort scepticisme dans un certain nombre de pays du Nord de l’Europe, en particulier aux Pays-Bas. Le gouvernement allemand a quant à lui maintenu une attitude réservée à leur égard. Les 154 économistes allemands brisent cet attentisme, en mettant en garde contre les propositions de Macron, dont ils affirment qu’elles « posent de grands risques pour les citoyens européens« .

D’après eux, la proposition de création d’un “Fonds monétaire européen” sera inefficace car il sera « sous l’influence de pays qui ne sont pas membres de la zone euro ».

Ils spéculent que ce Fonds monétaire européen conduirait à de nouveaux transferts et prêts aux pays de la zone euro n’ayant pas fait l’effort de mener les réforme nécessaires pour assainir leur économie, faisant ainsi allusion aux mesures qui avaient été prises par le passé pour pour renflouer des économies européennes en difficulté comme la Grèce. “Ce ne serait pas une bonne chose de récompenser les mauvais comportements”, écrivent-ils. 

Le renforcement du Fonds de résolution unique ne ferait que “réduire l’incitation des banques et des régulateurs à compenser les créances douteuses”. Quant à la création d’un ministre européen des Finances, elle conduirait à “politiser encore davantage la politique monétaire”.

« Des mesures susceptibles d’inciter les pays à adopter de mauvais comportements économiques »

Ils veulent que les pays tels que l’Italie prennent des mesures pour réduire la proportion des créances douteuses dans les bilans des banques, et que de nouvelles règles soient imposées pour empêcher que les banques ne soient pas surexposées à la dette souveraine de leur pays, au cas où ce dernier ferait défaut.

D’une manière générale, cette “union de la dette”, comme comme ils la surnomment, aurait pour effet de “ruiner la croissance et menacer la prospérité dans toute l’Europe. Cela se ressent déjà avec les baisses des salaires de plus en plus de gens, en particulier des jeunes”.

Les réformes structurelles sont importantes, écrivent les économistes, mais les propositions de Macron ne feront que créer de “nouvelles lignes de crédit et des incitations à adopter de mauvais comportements économiques”.

Plus