Quinze pays européens ont demandé lundi à la Commission européenne d’accélérer la conclusion d’accords commerciaux avec des pays extérieurs à la communauté. Cela permettrait de garantir la croissance économique à long terme et le statut géopolitique de l’Union dans le monde.
Pour certains partis à Bruxelles, l’invasion de l’Ukraine par la Russie fait de la conclusion d’accords commerciaux une mission importante. La guerre, ainsi que la pandémie, perturbent la chaîne d’approvisionnement européenne en marchandises et montrent l’importance de la diversification des échanges.
Dans une lettre adressée au commissaire européen au commerce Valdis Dombrovskis, 15 ministres de l’Economie, des Affaires étrangères et du Commerce affirment donc que la guerre en Ukraine et la pandémie soulignent la nécessité de disposer de « chaînes d’approvisionnement résilientes », de partenariats stratégiques et d’un commerce ouvert.
« Cela devrait être un signal d’alarme pour l’Europe, nous ne pouvons pas être laissés à la traîne », ont déclaré les ministres dans leur lettre. Ils pointent spécifiquement le Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) récemment lancé entre plusieurs pays asiatiques.
En effet, selon les différents ministres, l’UE met trop de temps à conclure des accords internationaux indispensables, ce qui la laisse à la traîne sur la scène économique internationale.
En 2019, le bloc européen a signé un autre accord avec l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, mais l’a ensuite mis en attente en raison de préoccupations liées à la déforestation de l’Amazonie. Un accord avec le Mexique, conclu en 2018, est également toujours bloqué par la France.
Les signataires sont l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Espagne et le Portugal. La Belgique ne figure pas sur la liste des signataires.
La France retarde
Un nouvel accord de 2018 avec le Mexique doit également encore être approuvé par l’UE. La France, qui assure la présidence tournante de l’UE pour ces six premiers mois de l’année, a interrompu les discussions à ce sujet afin de ne pas perturber les élections présidentielles et législatives dans son pays.
L’accord commercial permettrait l’importation de 20.000 tonnes de viande bovine en provenance du Mexique, mais les responsables politiques craignaient pour les agriculteurs français, qui bénéficient de droits de douane peu élevés grâce aux accords commerciaux précédents. Un nouveau pacte avec le Mexique pourrait provoquer une manifestation des agriculteurs et alimenter la rhétorique antimondialiste de l’extrême droite.
Interbev, la fédération française de la viande, a également exhorté Macron à s’opposer à l’accord et à bloquer les négociations qui pourraient conduire à de nouvelles importations de viande « ultra-compétitives » en provenance de l’étranger.
La guerre accroît la pression
En tant que présidente de l’UE, la France passera le relais à la République tchèque et à la Suède le 1er juillet. Tous deux sont de fervents défenseurs du libre-échange, et estiment que l’invasion de la Russie fait de la conclusion de nouveaux accords commerciaux une tâche importante.
Différents accords se profilent ainsi à l’horizon, notamment entre l’UE et le Chili, ainsi qu’avec l’Inde, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Suisse et le bloc appelé Mercosur, qui regroupe plusieurs pays d’Amérique latine.
(CP)