L’économie belge a réussi à éviter un scénario de récession l’hiver dernier, mais cela ne signifie pas que tous les soucis économiques sont résolus. Plusieurs signaux d’alarme restent au rouge.
L’économie belge a clairement mieux résisté que prévu l’hiver dernier. Cela ne signifie cependant pas que tous les soucis économiques sont désormais derrière nous, et que notre économie est à nouveau sur la voie d’une croissance solide. Outre les signaux positifs d’inflation en baisse, des prix en baisse pour l’énergie et de nombreuses matières premières et une augmentation substantielle du pouvoir d’achat, il y a aussi des signaux d’alarme importants pour les mois à venir.
1. La récession allemande
L’économie allemande est entrée en récession l’hiver dernier, et il ne semble pas y avoir d’amélioration immédiate à court terme. Les indicateurs avancés continuent de signaler une situation économique difficile. L’Allemagne reste notre principal partenaire commercial et, par le passé, les difficultés économiques en Allemagne impliquaient généralement également des difficultés économiques chez nous.
2. L’industrie en difficulté
L’activité de l’industrie belge a déjà baissé de 1,3% l’année dernière, et notre enquête auprès des entreprises industrielles flamandes suggère que cette année sera encore plus difficile, avec une contraction attendue de 4%.
3. Les signaux inquiétants en provenance de l’industrie chimique
L’industrie chimique est l’un de nos principaux secteurs industriels, et certains signaux inquiétants en surgissent. Au premier trimestre, le taux d’utilisation de la capacité dans l’industrie chimique est retombé à son plus bas niveau historique. Au deuxième trimestre, il y a eu une certaine reprise, mais le taux d’utilisation de la capacité dans le secteur reste faible d’un point de vue historique.
4. Pression sur les exportations
Les exportations belges étaient inférieures de 3,6% (en volume) au premier trimestre par rapport à l’année précédente, et cette baisse s’est rapidement accentuée au cours du 2e trimestre. Compte tenu également des développements chez nos principaux partenaires commerciaux, les perspectives pour les exportations dans les mois à venir ne sont pas particulièrement optimistes.
5. La balance commerciale est dans le rouge
Le compte courant de la balance des paiements, qui a été largement positif au cours des 35 dernières années, a plongé dans le rouge en 2022. Tant la Banque nationale, le Bureau du Plan, la Commission européenne, le FMI que l’OCDE estiment que notre compte courant restera négatif dans les années à venir, une illustration douloureuse de notre position concurrentielle affaiblie.
6. Ralentissement du crédit
L’impact des fortes augmentations des taux d’intérêt par la BCE devient de plus en plus évident. C’est surtout à cause des taux d’intérêt plus élevés que le crédit est clairement en train de ralentir. Cela implique que les investissements des entreprises et dans l’immobilier sont de plus en plus remis en question.
7. Diminution du nombre de permis de construire
Le nombre de nouveaux permis de construire était inférieur de 13% au premier trimestre par rapport à l’année précédente. Le recul de la construction neuve est partiellement compensé par une augmentation des rénovations, notamment liées à l’efficacité énergétique, mais l’activité dans la construction reste sous pression.
8. Stagnation des prix de l’immobilier
L’augmentation des prix moyens des maisons a pratiquement stagné ces derniers mois. Le nombre de transactions a clairement diminué en même temps, et les délais de vente augmentent. Il est probable que nous nous dirigions également vers une baisse des prix moyens des maisons en Belgique au cours des prochains trimestres (ce qui est déjà le cas dans la plupart des pays anglo-saxons et scandinaves).
9. Augmentation du nombre de faillites
Depuis la crise sanitaire, le nombre de faillites augmente clairement. Il s’agit en partie d’un mouvement de rattrapage après un nombre exceptionnellement faible de faillites pendant les années corona, mais cela pourrait rapidement se transformer en quelque chose de pire.
10. Le déficit budgétaire insoutenable
Tous niveaux de pouvoir confondus, la Belgique est sur la voie d’un déficit budgétaire total de 28 milliards d’euros cette année, ce qui est insoutenable. À un moment donné, des efforts devront être faits pour ramener ce déficit à un niveau plus raisonnable. Ces efforts pèseront sur l’activité économique.
Notre économie a mieux performé ces derniers mois que prévu, mais c’était principalement grâce à une croissance ’empruntée’ au futur via des augmentations de salaires plus fortes qu’ailleurs et le grand déficit budgétaire. La croissance décente des derniers mois n’est donc pas une garantie pour les prochains trimestres. Plusieurs signaux d’alarme pour notre économie restent au rouge. Dans ce contexte, il est également crucial que les politiques accordent plus d’attention à la situation dans l’industrie et à la position concurrentielle de notre économie dans son ensemble.
Bart Van Craeynest est l’économiste en au Voka et l’auteur du livre Terug naar de feiten.