Y aura-t-il une troisième vague? Voici ce que nous savons

La nouvelle variante britannique, plus contagieuse, inquiète les virologues et les décideurs politiques. Devrions-nous nous préparer à une troisième vague, et éventuellement, à un nouveau confinement?

Pas d’ascension fulgurante

Une mise en perspective des chiffres s’impose: il n’y a pas encore de troisième vague, à savoir une ascension fulgurante dans les chiffres avec un nouveau pic, tant dans les chiffres à l’échelle nationale que dans le nombre d’admissions à l’hôpital. Il n’est pas non plus question de surcharge dans les hôpitaux: le nombre de patients en soins intensifs (322) est bien inférieur à la capacité maximale d’environ 2.000 lits.

Le nombre d’infections détectées est également très éloigné des niveaux maximums observés fin octobre, début novembre. Ce qui est vrai, c’est que les chiffres oscillent depuis des semaines à un niveau plus élevé qu’après la première vague et semblent à nouveau augmenter ces derniers jours.

Les chiffres à échelle locale inquiètent

Au niveau local, la sonnette d’alarme a déjà été tirée. Selon Dirk Devroey, doyen de la faculté de médecine et de pharmacie de la Vrije Universiteit Brussel (VUB), ‘les chiffres des derniers dépistages effectués dans une poignée de communes montrent que la troisième vague a déjà commencé’. ‘C’est souvent pire que lors de la deuxième vague’, ajoute Dirk Devroey. Depuis le début du mois de janvier, Dirk Devroey n’a cesse d’alerter sur l’arrivée d’une troisième vague. 

Des variants plus infectieux peuvent se propager

Sur base de ses échantillons, le biostatisticien Geert Molenberghs (KU Leuven/UHasselt) affirme que la variante britannique du coronavirus est responsable de 25% des infections récemment détectées. Si cela se confirme, le pire est  à venir selon les virologues. Selon les scientifiques, ce mutant est au moins 30% plus contagieux, et peut-être plus dangereux pour la santé des personnes âgées. La variante sud-africaine, qui a éclaté à Ostende, suscite également de nombreuses inquiétudes.

Des propos corroborés par Marc van Ranst qui, comme le rapporte la DH, estime que les mesures actuelles ‘auront moins d’impact sur les nouveaux variants’. 

De plus en plus de virologues prédisent que la variante britannique deviendra la variante dominante en Belgique d’ici quelques semaines. En conséquence, toutes les prévisions concernant la valeur R, le chiffre qui indique combien de personnes sont infectées par un patient testé positif au Covid, augmentent fortement, passant d’environ 1 à 1,5 d’ici quelques semaines.

La question délicate : jusqu’à quel point devons-nous intervenir?

L’avancée des variantes les plus infectieuses justifie l’appel lancé par les virologues et autres experts en faveur de restrictions supplémentaires. C’est le secteur de l’éducation, et non les commerces, qui est principalement visé. L’expert en éducation Dirk Van Damme, du groupe de réflexion de l’OCDE, pense que les écoles devraient être fermées. Il se base entre autres sur les données britanniques et allemandes récentes.

Les décideurs politiques ont été aveuglés par les chiffres qui laissaient présager que la situation allait se stabiliser, mais à un niveau beaucoup trop élevé. Il n’y a pas eu de réflexion proactive et pas de scénarios différents. ‘Vous devez prendre des mesures aujourd’hui pour éviter une catastrophe plus tard’, a déclaré  Frank Vandenbroucke, l’actuel ministre de la Santé publique, sur Twitter.

En France, les experts discutent déjà ouvertement d’une solution ultime : un nouveau  confinement

Qu’en est-il des vaccins?

À court terme, la campagne de vaccination ne nous permettra pas de lutter contre une troisième vague. À peine 2% des Belges adultes ont déjà reçu leur première dose, alors que les vaccins produits par Pfizer et Moderna ne sont pleinement efficaces qu’une fois les deux doses administrées. Le nombre de Belges ayant déjà reçu la deuxième dose ne se chiffre aujourd’hui qu’à 584.

Selon une simulation – peu encourageante – réalisée par le site d’information Politico, au rythme actuel, la Belgique n’obtiendra l’immunité de groupe espérée qu’en septembre 2024.

En outre, on ne sait toujours pas dans quelle mesure les vaccins – sous leur forme actuelle – offrent également une résistance aux nouvelles variantes du virus. 

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