Voici les trois périls qui guettent l’économie américaine, selon Mohamed El-Erian

Mohamed El-Erian est le président du Queens’ College de l’Université de Cambridge, ainsi qu’un conseiller économique réputé chez Allianz SE, le premier assureur européen et le quatrième gestionnaire d’actifs au monde. Or, il est plutôt pessimiste quant à ce que 2022 réserve à l’économie américaine et donc, par ricochet, à une bonne partie de l’économie mondiale. Dans une interview récente avec Bloomberg, il a listé trois facteurs de risque qui, selon lui, nous réservent de mauvaises surprises.

Une inflation vertigineuse

Comme le souligne El-Erian, l’indice des prix à la consommation a connu en novembre une hausse de 6,8 % en glissement annuel – la plus forte hausse depuis 1982. Dans certains pays, elle culmine d’ailleurs à des taux encore plus élevés.

Certains secteurs boursiers ont tendance à bien se comporter dans un environnement inflationniste. Les valeurs énergétiques, par exemple, ont fait un retour en force : L’année dernière, Chevron a bondi de 41%, ExxonMobil de 54% et ConocoPhillips de 83%. D’autres investisseurs préfèrent s’en tenir aux couvertures traditionnelles contre l’inflation, comme l’or et l’argent, qui ne peuvent pas être imprimés à partir de rien comme la monnaie fiduciaire. D’autres compagnies voient dans le bitcoin la valeur refuge qui les sauvera de l’inflation, mais le comportement à long terme des cryptomonnaies reste encore, globalement, très incertain. En outre celles-ci restent sensibles aux aléas géopolitiques, comme récemment au Kazakhstan.

Des taux d’intérêt en hausse

Pour atténuer quelque peu l’inflation, la Fed américaine va relever ses taux d’intérêt, tout en supprimant plus vite que prévu ses dernières aides financières lancées durant la pandémie de coronavirus.

El-Erian craint que l’économie ne soit pas en mesure de supporter cette hausse: « Un système conditionné par plus d’une décennie de taux d’intérêt flottants et de liquidités abondantes se révélerait rapidement incapable de tolérer des taux plus élevés », a-t-il écrit dans une colonne du Financial Times en début de semaine.

Fin décembre, M. El-Erian a souligné que le rendement du bon du Trésor américain à 10 ans était de 1,50%. Une semaine plus tard, le rendement est déjà passé à 1,73%. Bank of America, Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Morgan Stanley ont toutes affiché une forte croissance de leurs bénéfices au cours de l’année écoulée, et toutes ont augmenté leurs versements de dividendes aux actionnaires.

Les actions atteignent des sommets

El-Erian énumère 70 grandes compagnies du S&P 500 qui caracolent à des sommets jamais atteints. Or, selon lui, c’est peut-être l’indice que le marché est en train d’approcher du point de surchauffe: il est de plus en plus difficile de trouver des actions à « acheter bas et vendre haut » lorsque l’indice lui-même atteint des niveaux record. Or, les investisseurs ont souvent tendance à se focaliser sur les grands noms du marché, qui deviennent de plus en plus impayables, alors que de plus petites firmes en bourse pourraient aussi s’avérer rentables.

Un investissement qui peut s’avérer plus sûr, car il ne risque pas de chuter, semble être le marché de l’art : comme l’or, il peut servir de valeur refuge durant les périodes d’incertitude financière, tout en offrant à coup sûr des bénéfices. Investir dans des œuvres d’art comme celles de Banksy ou d’Andy Warhol était auparavant une option réservée aux personnes les plus riches, mais aujourd’hui il existe des solutions qui permettent d’acheter des parts d’oeuvres d’art, que des sociétés d’investissement gèrent.

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