Uber Files : une gigantesque violation de données révèle un soutien secret de Macron et l’utilisation du « kill switch » en Belgique

Des documents de l’application de covoiturage Uber, qui ont fait l’objet d’une fuite, montrent que la société a tenté d’influencer des responsables politiques de premier plan et a utilisé des méthodes illégales pour protéger ses systèmes informatiques de la police.

Le journal britannique de référence The Guardian a reçu une fuite de données de plus de 124.000 documents impliquant Uber. Il expose les « pratiques éthiquement douteuses » que l’entreprise aurait utilisées pour se transformer en l’un des plus grands acteurs de la Silicon Valley.

L’entreprise aurait bafoué les lois en masse, se serait jouée de la police et aurait exploité la violence contre les conducteurs. Il convient de noter qu’Uber s’est montré particulièrement habile à faire pression sur les gouvernements étrangers dans le cadre de son expansion agressive. « Uber a essayé d’obtenir le soutien de Premiers ministres, de présidents, de milliardaires, d’oligarques et de barons des médias », écrit The Guardian.

Le journal britannique a partagé les données divulguées avec plus de 180 journalistes au sein de 40 entreprises de médias. Dans les prochains jours, Le Monde, la BBC et le Washington Post, entre autres, publieront leurs propres recherches sur le géant technologique.

Macron dans la poche d’Uber

La fuite concernerait des données datant de 2013 à 2017, dont quelque 83.000 courriels, iMessages et messages WhatsApp. Ceux-ci démontrent que le cofondateur Travis Kalanick, entre autres, aurait mené une politique impitoyable pour que l’application de taxi soit présente dans diverses villes du monde. « La violence garantit le succès », aurait proclamé Kalanick à ses cadres supérieurs. D’autres responsables d’Uber ont plaisanté en disant qu’ils étaient devenus des « pirates » et qu’ils étaient « tout simplement illégaux ».

Il y aurait également eu des messages entre Kalanick et le président français Emmanuel Macron. L’homme politique aurait secrètement aidé Uber lorsqu’il était ministre de l’Économie. Lui et son cabinet auraient eu des communications directes fréquentes avec Uber. Macron serait même allé si loin en faveur d’Uber qu’il aurait conclu « un accord secret » avec ses opposants au sein du gouvernement français pour aider l’application de covoiturage.

Neelie Kroes, ancienne membre de la Commission européenne, est également mentionnée comme une femme politique ayant secrètement fait du lobbying pour Uber.

Les hommes politiques qui ont pu résister à l’influence d’Uber, comme le chancelier allemand Olaf Scholz, ont été traités avec mépris par les dirigeants de l’entreprise californienne. M. Scholz, qui était maire de Hambourg à l’époque, voulait introduire un salaire minimum pour les chauffeurs Uber. « C’est un vrai comique », avait déclaré un responsable d’Uber à ce sujet.

« Kill switch » : également en Belgique

La fuite de données révèle également que des cadres supérieurs d’Uber auraient installé un « kill switch« , littéralement un « coupe-circuit » dans les bureaux de l’entreprise afin d’empêcher les forces de police et les régulateurs d’accéder à ses systèmes informatiques et à ses données internes.

Le coupe-circuit aurait été présent dans les bureaux de six pays différents. The Guardian parle « d’une opération mondiale sophistiquée menée par la société de la Silicon Valley pour déjouer les forces de l’ordre ».

Ce « coupe-circuit » aurait été utilisé 12 fois au total dans des pays comme la France, l’Inde, la Hongrie, la Roumanie, les Pays-Bas et la Belgique.

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