Éliminer la dette. Qu’est-ce qui ne marchera pas ?
Après de nombreuses années de vaches maigres, l’économie mondiale retrouve l’état de grâce. L’économie américaine a connu une période de croissance de 100 mois consécutifs sans interruption. Cela ne s’était produit que 2 fois depuis 1854. Les marchés boursiers brisent record après record. Aux États-Unis en Allemagne, on flirte avec le plein emploi.
Mais une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de tout ceci : un endettement énorme. Les dettes du monde entier s’élèvent maintenant – en fonction de la méthode de calcul – à 2 ou 3 fois le PIB mondial. Les pays continuent d’emprunter de l’argent pour répondre à leurs obligations financières du passé. Si les taux d’intérêt augmentent, ne serait-ce que d’une fraction, la dette deviendra bientôt insoutenable. Dans le journal économique français Les Echos, le journaliste économique Jean-Marc Vittori examine les différents moyens pour sortir de cette crise de la dette à venir.
- Créer une croissance économique suffisante pour qu’un pays puisse rembourser ses dettes. (Même si l’économie continue de croître, elle ne le fait plus à des pourcentages qui permettent de rembourser la dette.)
- Créer suffisamment d’inflation, permettant de rembourser les dettes avec une monnaie dévaluée. (L’inflation apparaît uniquement quand il y a une pénurie de biens ou de capital quand une pénurie de biens de capital se fait sentir – et les 2 deviennent plus chers. Mais comme les banques centrales inondent maintenant les marchés avec des liquidités, l’argent n’a jamais été aussi bon marché. L’objectif de 2 % d’inflation et donc peu réaliste.)
- Augmenter les impôts. C’est ce que Nicolas Sarkozy et François Hollande ont fait ces dernières années. Nous savons tous comment cela s’est terminé pour eux…
- Une taxe unique. Le FMI avait proposé en 2013 d’imposer une taxe unique de 10 % sur l’épargne dans les 15 pays de la zone euro :
« L’intérêt, c’est que si une telle taxation est mise en place avant que les gens ne prennent leurs dispositions pour l’éviter et qu’il y a une forte croyance qu’elle ne sera pas répétée, elle ne perturbera pas les comportements (et certains pourront même considérer qu’elle est juste) (…) Les taux de taxation requis pour ramener la dette publique à ses niveaux d’avant-crise, cependant, sont quantifiables : réduire les ratios de dette pour leur faire retrouver leurs niveaux de fin 2007 (pour un échantillon des 15 pays de la zone euro nécessiterait un taux de taxation d’environ 10 % sur les ménages disposant d’une fortune nette positive ».
- faire défaut. Cette option a été retenue par l’Allemagne 3 fois au cours du XXe siècle (932, en 1953, est temporairement en 1990).
Peu probable : Le think tank français France stratégie a présenté la semaine dernière un rapport qui prône la nationalisation d’un quart des terrains sur lesquels sont construits des logements acquis par les Français. Il est alors possible de taxer les propriétaires, à la manière d’un loyer que l’État réclamerait. (Le gouvernement n’a pas semblé intéressé par ces propositions).
Indésirables : L’économiste français Alain Minc a déclaré en 2010 que « la dette, à ce niveau, ne s’éponge plus que de 2 manières, par la guerre, ou par l’inflation ». L’inflation n’est pas disponible, contrairement à la guerre…
Conclusion :
« Nous n’y sommes pas encore. Un défaut sur la dette publique n’est pas encore en vue. Mais lorsque les taux d’intérêt commenceront à remonter, il faudra inventer de nouvelles solutions pour remettre cette montagne de dettes sous contrôle. Ces mesures ne pourront être qu’inconventionnelles ».