Pourquoi les prix des carburants ont toutes les chances de repartir à la hausse

La crise énergétique n’est manifestement pas prête de se terminer. Commencée bien avant la guerre en Ukraine, mais accélérée par ce conflit, cette crise sans précédent a vu les prix de l’électricité exploser tout comme ceux du gaz. Les prix des carburants ont aussi connu une période de fièvre, mais celle-ci semble légèrement retomber ces dernières semaines, l’essence se négociant en Belgique autour des 1,6-1,7 euro/litre et le Diesel, plus cher, toujours autour des 2 euros/litre.

Cela dit, certains spécialistes s’accordent à dire que ce calme apparent cache en réalité une grosse tempête à venir. N’ayant jamais sa langue en poche, Damien Ernst est sorti du bois et, sur sa page Facebook, il a annoncé la couleur : le risque est grand de perdre définitivement les exportations russes de pétrole dans les semaines et mois à venir comme cela s’est passé, ce qui provoquera une crise pétrolière majeure.

La faute au plafonnement, mais pas que

Damien Ernst interrogé dans les pages de Sudpresse indique que ce risque est aussi généré par les pays occidentaux qui souhaitent imposer un plafonnement du prix du pétrole russe. Or, cette option est évidemment refusée par Poutine.

L'embargo pétrolier contre la Russie affecte principalement les consommateurs occidentaux. Poutine, lui, continue d’engranger des bénéfices.
Gocar

Dès lors, si les Européens venaient à imposer la chose, il est plus que probable que la Russie réduirait son approvisionnement, voire le couperait totalement, ce qui ferait évidemment monter les prix. Ce plafonnement des prix du pétrole fait d’ailleurs partie du nouveau train de sanctions pris par l’Union cette semaine. Il s’agit désormais aussi de plafonner le prix du pétrole qui transite par voie maritime. Ce sera effectif dès ce mois de décembre.

Cela dit, ce spectre du plafonnement des prix n’est pas la seule variable qui pourrait faire exploser les prix du pétrole. Il y en a d’autres qui sont, malheureusement, assez nombreuses. Par exemple, les élections de mi-mandat aux États-Unis (à la mi-novembre) pourraient aussi faire grimper les prix du pétrole. Car Joe Biden pourrait puiser dans les réserves stratégiques américaines jusqu’à 1 million de barils par jour, et ce afin de maintenir des prix bas pour les carburants sur son marché et assurer ainsi l’élection des démocrates. Une fois les élections passées, les réserves devraient être reconstituées, ce qui ferait augmenter la demande et donc les prix. Implacable.

L’OPEP+ et la Chine

Tous les feux sont au rouge pour les prix du mazout. Ils risquent d’exploser !
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Autre variable exogène : les pays de l’OPEP+ (les pays exportateurs de pétrole, dont la Russie fait partie) qui voient d’un très mauvais œil la baisse des prix du pétrole sur les marchés depuis la mi-juin. On sait que ceux-ci veulent désormais maintenir le prix du baril à 100 $. Or il est actuellement de 88 $, ce qui, pour eux, constitue un manque à gagner. L’OPEP+ pourrait donc fermer les robinets pour faire remonter les prix au niveau souhaité.

Enfin, la dernière variable avancée par Damien Ernest est la Chine et la possible reprise économique qui se profile dans l’Empire du Milieu. On a déjà pu voir à la fin 2021 quelle était l’influence de cette reprise : une montée drastique de la demande et donc des besoins en énergie. Cette projection est d’autant plus probable que la Chine semble aujourd’hui vouloir sortir de sa politique « zéro covid » qui a été jusqu’ici impossible à mener.

À quoi s’attendre ?

Bien entendu, du côté du consommateur, la répercussion de la hausse des prix n’est jamais immédiate et il y a toujours un décalage. Pour le professeur de l’ULiège, en fonction des événements, la hausse pourrait intervenir soit à la mi-novembre, soit en mars 2023 avec le risque, par exemple, que le mazout de chauffage grimpe de 1,2 euro/litre à 1,7 euro/litre. On n’imagine dès lors pas quel pourrait être le prix du litre de Diesel à la pompe. Dépasserons-nous les 2,5 euros/litre ? Ce n’est pas impossible.

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Cela dit, d’autres analystes sont plus prudents indiquent encore Sudpresse et notamment du côté de chez ING qui ne pense pas que la Chine sortira de sitôt de sa politique « zéro Covid ». Un congrès du parti communiste chinois doit se tenir en novembre prochain et c’est là qu’il faudra voir quelle orientation prend le pays. Pour l’heure, il est donc compliqué de prédire quoi que ce soit, même si c’est vrai que l’arrivée de l’hiver n’est pas de nature à rassurer.

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