Les pétroliers fantômes de Poutine, un danger pour le trafic maritime

Des centaines de navires à la provenance douteuse et à la destination inconnue se croisent entre la Finlande et l’Estonie, vraisemblablement chargés de pétrole russe. Autant d’obstacles qui pourraient se changer en bombes à retardement dans ces eaux très fréquentées.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis l'entrée en vigueur de sanctions occidentales de plus en plus strictes sur ses exportations de sources d'énergie, la Russie doit faire preuve d'imagination pour trouver de nouveaux débouchés. Or les alternatives mises en place sont souvent - et volontairement - peu transparentes, ce qui fait que du pétrole russe se balade un peu partout dans le monde sans qu'on puisse vraiment le tracer.

L’actualité : le golfe de Finlande, le bras de la mer Baltique qui sépare la Finlande de l’Estonie et borde les trois grandes villes d’Helsinki, Tallinn, et Saint-Pétersbourg, se retrouve saturé de pétroliers fantômes.

  • Depuis que le G7 a plafonné le prix du pétrole russe à 60 dollars et que l’Union européenne et le Royaume-Uni ont interdit l’importation de pétrole brut russe par voie maritime, la filière russe est devenue plus opaque.
  • Le Kremlin cherche des débouchés plus lointains pour vendre son pétrole, parfois sous le manteau. Il a donc rameuté des centaines de pétroliers, et pas toujours en très bon état. Ces navires se retrouvent à encombrer les mers du monde, ce qui constitue un risque d’accident et de catastrophe environnementale, en particulier dans des golfes et des détroits déjà très fréquentés.
  • Or, peu d’informations filtrent sur ces navires, leur nationalité, leur destination, ou encore leurs assurances. Ce qui fait craindre les pays voisins, Estonie et Finlande, de devoir prendre en charge les conséquences de tout accident.

« Au cours des six derniers mois, un grand nombre de compagnies maritimes sont apparues, sur lesquelles nous n’avons pratiquement aucune information. Nous ne disposons pas d’informations sur l’équipage ni sur l’état et l’âge des navires, car ils ne s’arrêtent pas dans les ports européens. »

Ulla Tapaninen, professeure agrégée de transport maritime à l’université de technologie de Tallinn, citée par Euractiv

Le contexte : le phénomène des pétroliers fantômes est une réaction russe aux sanctions occidentales difficilement quantifiable, mais apparemment de grande ampleur. –

  • Depuis décembre dernier, le Kremlin anticipe et rameute des pétroliers venus d’un peu partout, parfois achetés au rabais. On a évoqué une centaine de ces navires, mais une enquête de CNN en décomptait plutôt 600 au total, soit environ 10 % du nombre total de grands pétroliers.
  • La Russie gagnerait encore environ un demi-milliard de dollars par jours grâce à ses exportations de pétrole et de gaz. Soit moitié moins qu’avant la guerre, quand même.

La mer Baltique vient de subir les explosions – encore bien mystérieuses – des gazoducs de Nord Stream, qui auront des conséquences environnementales catastrophiques. Enchainer avec une marée noire serait un coup de grâce pour un environnement déjà très fragilisé.

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