Le vieillissement de la population appelle une réforme radicale de notre système de pensions. C’est ce qu’affirme Marjan Maes, spécialiste des pensions et professeure d’économie à la KU Leuven, dans une interview accordée à Business AM. « Si nous voulons maintenir notre niveau de vie, nous devons être prêts à travailler plus longtemps », analyse-t-elle.
Les détails : Marjan Maes plaide en faveur d’une liaison automatique de l’âge de la retraite à l’espérance de vie.
- « C’est déjà le cas aujourd’hui dans deux tiers des pays de l’OCDE. La Belgique fait donc partie des exceptions à cet égard », explique l’experte en pensions. « Il y a quelques années, nous passions dix ans à la retraite. Aujourd’hui, c’est déjà 20 ans et en Belgique, cela va passer à une moyenne de 24 ans. Parce que dans notre pays, il n’y a pas de lien entre l’âge de la retraite et l’espérance de vie. »
- Maes est convaincue que l’augmentation de l’âge de la retraite est nécessaire si nous voulons maintenir notre niveau de vie. « Si cette réforme n’est pas au rendez-vous, nous devrons accepter d’augmenter les impôts », poursuit-elle.
Coûts du vieillissement
Les coûts du vieillissement : les coûts du vieillissement sont une projection des dépenses attendues liées au vieillissement. « Mais ces coûts ne semblent pas créer un sentiment d’urgence au sein de la population », avance la spécialiste.
- Selon Maes, les coûts du vieillissement devraient être complétés par d’autres indicateurs. « Je pense, par exemple, au taux de cotisation implicite qui devrait être prélevé sur la masse salariale si nous voulons que notre système soit à l’équilibre », précise-t-elle. « Dans le système de la fonction publique, par exemple, ce taux de contribution est déjà de 49%. Il évoluera jusqu’à 90 % à l’avenir. »
- « Dans le système des employés, ce taux de contribution s’élève à 18%. Cela indique que le problème de financement est moins grave dans ce système », poursuit l’experte en pensions.
- Elle fait en outre référence au rapport sur la viabilité budgétaire demandé par la Commission européenne, qui montre que la Belgique fait partie des pays à haut risque en termes de budget. « La raison principale est le coût élevé du vieillissement. Ils ont ainsi élaboré un indicateur qui montre que nous devons faire de gros efforts budgétaires en termes de solde primaire pour éviter un déraillement à long terme des finances publiques », conclut la professeure.
(CP)