Nous dirigeons-nous vers la ‘mère de toutes les récessions’ ?

La zone euro va sombrer dans la crise économique la plus profonde de son histoire dans les mois à venir. Selon les optimistes, une reprise rapide suivra à l’automne. Mais l’économiste Nouriel – Dr Catastrophe – Roubini met en garde contre une nouvelle Grande Dépression.

Les mesures de confinement extrêmes visant à stopper le coronavirus ont entraîné une chute spectaculaire de l’activité économique en mars. Selon les nouveaux chiffres de l’étude de marché IHS Markit, le choc dans la zone euro est encore plus brutal que prévu. Les jauges de l’industrie et des services sont en train de s’effondrer pour atteindre leur niveau le plus bas depuis l’avènement de l’euro. Le coup est donc plus lourd que lors de la crise bancaire de 2008-2009.

Ce coup va certainement entraîner une contraction du produit intérieur brut au premier trimestre. Les indicateurs Markit de l’IHS montrent une contraction de 2 % pour la zone euro par rapport au trimestre précédent. Mais ils sont basés sur des enquêtes menées au début de ce mois, avant la généralisation des fermetures. Certaines prévisions américaines prévoient donc une chute beaucoup plus importante.

Le deuxième trimestre perdu?

Après le coup de mars, on craint de plus en plus que le deuxième trimestre ne soit aussi en grande partie une période perdue, surtout maintenant qu’une baisse spectaculaire, peut-être même de 50 %, est redoutée aux États-Unis.

Selon plusieurs économistes, le produit intérieur brut de la zone euro connaîtra au deuxième trimestre le plus grand crash jamais enregistré. Les estimations récentes vont de moins 4 % (Oxford Economics) à moins 22 %, selon JP Morgan. Ces chiffres très divergents montrent que tout le monde est dans l’ignorance. ‘Tout dépend de la durée des mesures de quarantaine’, disent les économistes.

Ce qui est sûr, c’est que le tourisme européen peut envisager un retour au plus tôt le 1er juin. La compagnie aérienne Ryanair ne prévoit pas de vols en avril et mai et le tour-opérateur Corendon a décidé d’annuler toutes ses vacances jusqu’au 1er juin. Pour des pays touristiques comme l’Espagne, l’Italie et la France – trois pays gravement touchés par le coronavirus – c’est une grande déception.

L’économiste d’ING, Peter Vanden Houte, estime que l’économie belge ne reculera ‘que’ de 2 % au deuxième trimestre, après une baisse de 3 % au premier trimestre. Mais cette prévision est basée sur une normalisation en avril. Si les mesures de quarantaine sont prolongées jusqu’au début du mois de mai environ, le ralentissement économique sera plus important.

Automne: turbo ou récession ?

Selon les plus optimistes, les mesures de relance des banques centrales et des gouvernements vont entraîner un énorme effet de turbo à partir de l’été. Selon ce scénario ensoleillé, il ne s’agira plus de relancer la croissance, mais au contraire de la ralentir un peu pour éviter une recrudescence de l’inflation.

Mais tout le monde n’est pas convaincu que tout se passera si facilement. Tant qu’il n’y aura pas de vaccin contre le coronavirus, l’incertitude continuera de ronger. De nombreux économistes tablent sur une année de récession pour la zone euro. Certains parlent de ‘la mère de toutes les récessions’.

Dr Catastrophe

Le célèbre économiste Nouriel Roubini, qui a été nommé Dr Catastrophe pendant la crise financière, est celui qui va le plus loin. Il met en garde sans équivoque contre une nouvelle Grande Dépression comme dans les années 1930. En cas de récession, l’économie recommence à croître après deux ou trois trimestres négatifs. En période de dépression, l’économie est dans un marasme pendant des années.

Roubini souligne que la crise du coronavirus a entraîné des chocs économiques et financiers plus rapides et plus lourds que pendant la crise bancaire. ‘Même pendant la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale, la plupart des activités économiques n’ont pas cessé, comme c’est le cas aujourd’hui en Chine, aux États-Unis et en Europe’, explique-t-il. ‘Le pire des scénarios est une récession qui sera plus sévère que pendant la crise financière, mais plus courte, de sorte que la croissance économique puisse reprendre au quatrième trimestre. Mais tout devrait alors bien se passer. Le risque d’une nouvelle Grande Dépression, pire que la première, augmente de jour en jour.’

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