(ABM FN) La bourse de Bruxelles a clôturé la semaine écoulée en baisse de 0,9 pour cent à 3.763 points. Une semaine marquée par la chute du pétrole, au plus bas depuis février, la visite de Nancy Pelosi à Taiwan qui n’a pas manqué d’exacerber les tensions géopolitiques, la forte hausse des taux directeurs par la Banque centrale d’Angleterre et enfin, le rapport nettement supérieur aux attentes de l’emploi aux Etats-Unis.
La semaine boursière écoulée, première du mois d'août, a débuté en mode mineur. Comme le fait remarquer Nathan Levy d’ING, l’activité en cette période de vacances est très calme sur les marchés, avec "des volumes considérablement inférieurs à la normale".
En l’absence d’indicateurs économiques et de résultats d’entreprises majeurs, les marchés se sont focalisés et préoccupés mardi de la visite de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants américaine, à Taïwan.
Une visite dénoncée par Pékin, qui a pris dans la foulée des mesures de rétorsion en plaçant une centaine d’entreprises taïwanaises du secteur agro-alimentaire sur une liste noire.
"Nous n'avions certainement pas besoin de cela maintenant, alors que les signaux d’un ralentissement sérieux de l’économie mondiale s’accumulent comme des pierres qui roulent pour finalement former un mur", a déploré Bernard Keppenne de CBC Banque.
Entre-temps, la Chine a multiplié des exercices militaires autour du détroit de Taïwan, avec des navires et avions de chasse qui ont franchi la ligne médiane du détroit. Le ministre taïwanais de la Défense a dénoncé des exercices militaires "hautement provocateurs".
La menace de récession augmente
Outre les tensions géopolitiques, les signes de contraction de l’économie mondiale s’accumulent, comme l’ont encore montré les indices des directeurs d'achat publiés cette semaine.
L'industrie manufacturière de la zone euro, par exemple, a légèrement reculé en juillet pour atteindre son plus bas niveau en 25 mois.
Selon Chris Williamson, économiste chez Markit, "l'activité industrielle décline rapidement et le risque de récession augmente".
"En dehors des périodes de confinements, les nouvelles commandes n’avaient plus chuté aussi rapidement depuis la crise de la dette en 2012", observe l’analyste, qui s’attend à ce que "le pire soit probablement encore à venir".
En Allemagne, en Italie et en France notamment, la production recule à un "rythme inquiétant", constate Williamson, alors qu’il n’y a qu'aux Pays-Bas où il y a encore de la croissance industrielle.
De ralentissement de la croissance, il en est également question en Amérique, où Williamson note toutefois que l'inflation semble avoir atteint son pic, tandis que la croissance de l'activité du secteur des services a accéléré de manière inattendue en juillet, selon l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM) publiée mercredi.
En Chine, l’industrie se contracte, tandis que le secteur des services ralentit, selon les chiffres du gouvernement. "Les points d'interrogation sur la croissance de l'économie chinoise restent élevés", estime l'économiste Luc Aben de Van Lanschot Kempen.
On notera que la situation du secteur européen des services s'est légèrement améliorée. Le ralentissement de la croissance auquel on s'attendait ne s'est pas avéré trop grave, même si les perspectives se sont assombries, note Williamson.
Le rapport sur l'emploi aux États-Unis révèle un marché du travail robuste
Baromètre important de l’état de l’économie américaine, le rapport sur l’emploi publié vendredi a surpassé les attentes avec la création de 528.000 jobs, contre 258.000 unités attendues.
Les chiffres définitifs pour juin ont été également ajustés à la hausse, de 357.000 à 398.000 créations d'emplois.
Le chômage a par ailleurs été ramené à 3,5 pour cent contre 3,6 pour cent en juin, tandis que les salaires ont augmenté de 5,2 pour cent en glissement annuel, soit plus que les 4,9 pour cent attendus. En juin, cette même croissance était de 5,1 pour cent.
"Les chiffres de l'emploi aux États-Unis sont stupéfiants, peu de gens s'attendaient à des chiffres aussi forts. Le marché du travail américain est robuste, ce qui signifie qu'il n'y a pas d’obstacle pour la Fed à mener une politique monétaire encore plus agressive", a déclaré Naeem Aslam, analyste de marché chez AvaTrade.
Selon l'analyste, les investisseurs ne doivent pas se laisser guider par les craintes de récession pour le moment.
L'idée qu'un ralentissement économique ou une récession freinerait le resserrement monétaire de la Fed a récemment donné un peu plus d'air aux marchés des actions, même si plusieurs responsables de la Fed ont laissé entendre ces derniers jours que les taux d'intérêt devaient être relevés davantage pour réduire l'inflation.
Le rapport justifie toutefois le ton ferme de ces patrons de la Fed, selon l'analyste de marché Philip Marey de Rabobank. "En particulier, la poursuite de la croissance des salaires constitue un point d'attention particulier pour l'organe de politique monétaire."
Avant la publication du chiffre de l'emploi, quelque 60 pour cent du marché tablaient sur une hausse des taux d'intérêt de 50 points de base en septembre, selon l'outil FedWatch du CME. Cette attente est maintenant tombée à 33 pour cent avec une grande majorité qui compte désormais sur une hausse d'au moins 75 points de base.
A noter que le rendement à dix ans américain est passé de 2,70 à 2,82 pour cent après le rapport sur l'emploi.
L'euro/dollar, qui s'échangeait à 1,0232 avant le rapport sur l'emploi, est tombé dans la foulée à 1,016, perdant 0,5 pour cent face au billet vert sur une base hebdomadaire.
Forte hausse des taux de la Banque d'Angleterre
Cette semaine, les yeux des investisseurs étaient également tournés outre-manche où la Banque d’Angleterre (BoE) a relevé jeudi son principal taux directeur de 50 points de base pour le porter à 1,75 pour cent, un plus haut depuis 2008. Si la décision était anticipée par les marchés, c’est aussi la plus forte hausse depuis 1995.
La BoE a également annoncé son intention de vendre des obligations qu’elle détient dans son bilan et qu'elle avait achetées pour stimuler l’économie en faisant baisser les taux, notamment en pleine pandémie.
L'institution a déjà commencé à alléger son stock d’obligations depuis mars, en ne réinvestissant pas les obligations arrivées à maturité, comme le fait d’ailleurs la Réserve fédérale. Dès septembre, elle pourrait vendre directement des obligations souveraines sur le marché secondaire, à hauteur de 10 milliards de livres par trimestre. En agissant de la sorte, la BoE serait la première grande banque centrale à franchir cette étape.
Dans la foulée de cette annonce, le rendement du Gilt à dix ans est passé sous le rendement de son homologue à deux ans, et ce pour la première fois depuis 2019. Une telle inversion de la courbe des taux témoigne généralement des inquiétudes des investisseurs sur l'activité économique.
Commentant cette décision, la BoE a évoqué des pressions inflationnistes significatives depuis sa dernière réunion à la mi-juin, ce qui devrait aggraver la baisse des revenus réels des ménages britanniques.
Les prix à la consommation au Royaume-Uni ont augmenté de 9,4 pour cent en glissement annuel en juin, contre 9,1 pour cent un mois plus tôt. Et la banque centrale s'attend à ce que l'inflation continue d'augmenter, atteignant un peu plus de 13 pour cent au quatrième trimestre 2022 et restant à des niveaux élevés pendant une grande partie de 2023 avant de tomber à l'objectif de 2 pour cent.
La BoE s'attend également à ce que la croissance économique britannique ralentisse avec une récession à partir du quatrième trimestre.
“La situation devient beaucoup plus difficile pour les consommateurs car leurs versements hypothécaires vont augmenter, à un moment où ils sont déjà aux prises avec une inflation élevée et des prix du carburant plus élevés”, a déclaré l'analyste de marché d'AvaTrade, Naeem Aslam, en réaction à la décision.
Sur le marché des changes, la livre sterling a clôturé la semaine en légère baisse face à l’euro.
Sur le front pétrolier, on notera que le Brent à perdu 14 pour cent à 96 dollars le baril pour livraison en octobre.
Actions en hausse et en baisse
L'envolée de la semaine revient à Mithra, le spécialiste de la contraception féminine, dont l’action a bondi de 33 pour cent. La société liégeoise a présenté plusieurs nouvelles positives en début de semaine. En marge d’une mise à jour trimestrielle de son activité en début de semaine, la holding GBL a en revanche signé, avec une perte de 7 pour cent, la plus forte baisse de la place bruxelloise.
Si le gros de la saison des résultats est derrière nous, quelques entreprises étaient au rapport cette semaine. Ce fut le cas de Fagron, Euronav, Xior et Aedifica.
Les résultats de Galapagos ont été bien accueillis, alors que la biotech dit s'attendre à ce que les ventes de son médicament Jyseleca pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et de la colite ulcéreuse atteignent entre 75 et 85 millions d'euros cette année, contre 65 à 75 millions d'euros attendus précédemment. La banque d'investissement Jefferies estime que Galapagos a enregistré un trimestre solide avec ce médicament. La biotech, qui va toutefois brûler plus de liquidités que prévu sur l’ensemble de l’année, a gagné 8 pour cent cette semaine.
Spécialiste de l'immobilier de santé, Aedifica a publié des résultats semestriels solides, pour reprendre les termes de Berenberg. Alors que les prévisions de bénéfices EPRA ont augmenté, le pensionnaire du Bel20 les a en réalité revu à la baisse, sachant qu’il y a plus d'actions Aedifica en circulation en raison des nouvelles émissions. L'action a perdu 4,6 pour cent cette semaine.
Bpost a clairement fait mieux que prévu au second trimestre tandis que la direction se montre plus optimiste pour l’ensemble de l’année. Les analystes retiennent globalement que les mesures prises par le groupe portent leurs fruits, tant en termes de réduction des coûts, de hausse des prix que d’efforts commerciaux. Degroof Petercam considère notamment la valorisation de l'action Bpost attractive. L'action de l'opérateur postale et logisticien d’e-commerce a gagné 9,4 pour cent cette semaine.
Fagron, en revanche, a été lourdement sanctionné jeudi après sa mise à jour trimestrielle, sur fond notamment d’un EBITDA semestriel inférieur aux attentes. Le fournisseur de préparations pharmaceutiques a toutefois relevé ses perspectives annuelles. Selon Kepler Cheuvreux, la baisse de l’action est injustifiée. Le courtier a d’ailleurs légèrement relevé son objectif de cours sur l’action qui a perdu 6,2 pour cent cette semaine.
Le transporteur maritime Euronav a vu son chiffre d'affaires augmenter au deuxième trimestre et sa perte nette se réduire quelque peu. Kepler Cheuvreux a réduit son objectif de cours, sur fond d’un endettement plus élevé et d’un flux de trésorerie plus faible. Le courtier s’en est toutefois tenu à sa recommandation d’achat, compte tenu de la reprise du marché. L'action a gagné 7,7 pour cent cette semaine.
Le groupe immobilier Xior a lui connu un second trimestre marqué par une forte demande pour les chambres pour étudiants, ce qui a découlé sur une location à haute vitesse et des revenus locatifs plus élevés. Alors que les résultats sont largement conformes aux attentes, Berenberg a évoqué “des résultats solides” de la part de la SIR. En outre, l'acquisition de Basecamp se déroule comme prévu et Xior a confirmé ses perspectives. De quoi permettre à l’action de boucler la semaine dans le vert sur une hausse de 1,5 pour cent.
Intervest a présenté de bons résultats pour le premier semestre, comme attendu par Degroof Petercam. L'action a dû renoncer à 4 pour cent cette semaine.
MDxHealth rachètera à Exact Sciences les activités d'Oncotype DX GPS relatives au cancer de la prostate. Le prix d'achat s'élève à 100 millions de dollars, dont 25 millions ont déjà été payés en espèces et 5 millions seront payés par l'émission de 691.171 "American Depositary Shares" au prix de 7,23 dollars chacun. La société de diagnostic a également relevé ses perspectives pour cette année, en marge de chiffres préliminaires positifs. L'action a bondi de 17 pour cent cette semaine.
Celyad a vu ses pertes diminuer quelque peu au premier semestre, mais sa trésorerie se vide également. Sur la base de la consommation de cash au sortir des six premiers mois de 2022, la trésorerie de Celyad sera vide avant la fin de l'année. L'action a bondi de 30 pour cent.
Door: ABM Financial News.
pers@abmfn.be
Redactie: +32(0)78 486 481
© Copyright ABM Financial News B.V. All rights reserved. Any redistribution, duplication or archiving prohibited. ABM Financial News B.V. and the provider of this website/application do not warrant the accuracy of any News Content provided and shall not be liable for any errors, inaccuracies or delays in the content, or for any actions taken in reliance thereon.