Après le mammouth, Colossal Biosciences nous promet de ramener le dodo à la vie

Recréer par la science des espèces animales disparues depuis longtemps est une idée en vogue depuis les grands progrès de la génétique et du clonage, et bien sûr depuis l’impact sur le grand public du premier Jurassic Park. Près de 30 ans après le film, cela semble à portée de notre technologie. Cela va donc devenir un business.

L’actualité : Colossal Biosciences est une startup texane qui porte bien son nom : elle s’est choisie pour champ d’activité la désextinction d’espèces disparues. Une tâche aussi titanesque que certains des animaux que l’entreprise compte bien ramener à la vie.

Second souffle pour le dodo ?

  • La société a annoncé dans un communiqué de presse avoir séquencé l’ensemble du génome du dodo, le fameux oiseau terrestre endémique de l’île Maurice. Celui-ci a disparu dans le courant du XVIIe siècle, soit très rapidement après l’arrivée de premiers navigateurs sur l’île.
  • Chassé pour sa viande, mais surtout confronté à l’arrivée sur son île de nouveaux animaux pour qui il est devenu une proie – chiens, porcs, rats, macaques – le dodo est devenu un symbole des désastres écologiques causés par l’humanité.

Revenu à la vie… Ou presque.

Obtenir le génome complet d’un animal est un grand pas en avant, mais ça ne suffit pas pour le cloner. Il faut encore programmer des cellules d’un parent vivant du dodo avec l’ADN de l’oiseau disparu, afin d’accueillir un embryon « hybride ».

  • Le dodo a eu quelques cousins proches : le pigeon de Nicobar et le solitaire de Rodrigues, un pigeon géant non volant qui a aussi disparu. De quoi comparer les ADN pour comprendre « Ce qui faisait du dodo un dodo », paraphrase auprès de CNN Beth Shapiro, l’une des principales généticiennes du projet.
  • Restera encore à faire parvenir à son terme un embryon de cet hybride qui ressemblera à un dodo sans en être totalement un. L’approche consiste à retirer les cellules germinales primordiales d’un œuf, à les cultiver en laboratoire et à modifier les cellules avec les traits génétiques souhaités avant de les réinjecter dans un œuf au même stade de développement, résume la généticienne.
  • Cela a déjà été testé avec succès avec des poules et des canes, mais de là à viser la réintroduction de cet hybride sur l’île Maurice, comme annonce vouloir le faire Colossal Biosciences, il y a de la marge.

L’entreprise qui nous a promis un mammouth

Le contexte : Colossal Biosciences a déjà fait les gros titres en assurant qu’elle allait ramener à la vie un mammouth – ou plutôt un hybride qui lui ressemblerait. C’est une des grandes promesses de toutes les démarches de désextinction depuis le développement de ce champ de recherche, au tournant du siècle.

  • L’entreprise de Dallas a au moins pour elle de s’en être donné les moyens : en 2021 elle annonçait avoir réuni un budget de 15 millions de dollars pour y arriver. Elle s’était donné 6 ans pour parvenir à un résultat avec une trompe et deux défenses. Or, nous sommes déjà en 2023.
  • Colossal est née de l’association entre l’entrepreneur Ben Lamm et le généticien renommé de Harvard, George Church, et la startup part du principe que la démarche de désextinction peut reconstituer des écosystèmes actuellement déséquilibrés par la disparition de certains animaux emblématiques. Le mammouth laineux par exemple, entretenait inconsciemment l’écosystème arctique en arrachant les arbres et en piétinant les sols.
  • La démarche a en tout cas un certain succès auprès des investisseurs : l’entreprise a levé 150 millions de dollars supplémentaires pour ce nouveau projet. Selon Bloomberg, le dernier investissement valorise la startup à 1,5 milliard de dollars.
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