Les USA vont fournir aux Ukrainiens des « drones tueurs » Switchblade de nouvelle génération

Ce mercredi, après que son homologue ukrainien se soit adressé au Congrès des États-Unis pour demander de l’aide face à l’invasion russe, Joe Biden a confirmé qu’un budget de 800 millions de dollars avait été débloqué pour fournir l’Ukraine en aide humanitaire, mais aussi, et surtout, en armes, dont un nouveau type de drone high-tech, mais low cost aux faux airs de jouet qui fera sans doute beaucoup parler de lui.

Depuis la Maison-Blanche, le président américain a détaillé la liste de l’arsenal mis à disposition par son pays : 800 systèmes antiaériens, 9.000 systèmes antiblindages, 7.000 mitrailleuses de petit calibre, ainsi que des lance-grenades et des shotguns. « Ce nouveau train de mesures va, à lui seul, apporter une aide sans précédent à l’Ukraine », assurait Biden. « Que Dieu protège les Ukrainiens qui sont là pour défendre leur pays ». Mais la liste comprend aussi, selon le vocabulaire employé à Washington, une centaine de « systèmes aériens tactiques sans équipages ». Autrement dit, des drones, et pas des moindres.

Une grosse fléchette qui tue à 11 kilomètres

Selon NBC News, il s’agit d’un engin nommé Switchblade, qui est considéré comme un « drone-tueur » de dernière génération. Rien de bien impressionnant : l’engin ressemble à un jouet télécommandé pour enfants avec des airs de grosse fléchette dotée d’ailes, soit pas grand-chose en commun avec les imposants drones d’attaque Predator équipés de missiles Hellfire. Sauf que la fléchette en question est explosive et capable de frapper vite et loin avec un encombrement et un délai de mise en place réduits à l’extrême.

Le Switchblade est tout simplement un « drone-kamikaze » à usage unique. Mais il est particulièrement perfectionné : l’engin tient dans un sac à dos et peut être lancé par un seul opérateur qui gardera jusqu’au bout un contrôle vidéo sur le projectile. Celui-ci peut parcourir jusqu’à 11 km avant de frapper. De plus, il vole trop vite et trop silencieusement pour trahir son approche. En outre, et contrairement aux missiles classiques, ils peuvent tourner au-dessus d’une cible, attendre le moment idéal et frapper avec une précision incroyable. Prix à l’unité : 6.000 dollars, soit pas grand-chose par rapport aux 150.000 dollars que coûtent un seul missile Hellfire, sans compter le prix des heures de vol des grands oiseaux sans pilote. Les États-Unis semblent donc avoir bien retenu la leçon et se tournent aussi vers les drones bon marché accessibles à de plus en plus de belligérants.

Arme antipersonnelle et immunisée aux bavures ?

Le Switchblade 300 est pensé pour un usage antipersonnel de précision : l’opérateur garde le contrôle et peut changer de direction pour annuler l’attaque jusqu’à deux secondes avant impact et, en théorie, il peut même régler le rayon de l’explosion pour, par exemple détruire la cabine d’un camion, mais pas sa remorque. C’est du moins ce que prétend le concepteur de cette arme, AeroVironment. Il faut dire que l’usage des drones par l’armée américaine a souvent été entaché de bavures ayant coûté la vie à des civils ; ce genre d’engin ultra précis est conçu aussi pour éviter que ça ne se reproduise. Car s’il y a un enfant dans le véhicule ciblé par exemple, l’opérateur le verra, droit dans les yeux, si l’on en croit une vidéo de démonstration prise par NBC. Et annulera la frappe. En principe, là encore.

Premier déploiement massif de la fléchette tueuse

Mais le Switchblade 300 reste somme toute une arme destinée à l’élimination d’une ou de plusieurs personnes précises, leaders ou officiers supérieurs par exemple. Quant au Switchblade 600, plus lourd, il doit pouvoir mettre hors de combat un blindé, mais l’administration américaine n’a pas voulu préciser quelle version allaient recevoir les Ukrainiens. Ce missile guidé de poche n’a pour l’instant été utilisé que très parcimonieusement en Afghanistan, et seule la Grande-Bretagne a le droit d’en importer des USA. Il s’agit donc à la fois du premier déploiement d’ampleur du drone et de son premier emploi significatif par une armée autre que celle des États-Unis.

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