Les Russes subissent des pertes spectaculaires : 4 généraux sur 20 tués et 10 % des soldats hors de combat. Et cela a de sérieuses conséquences

Selon des estimations prudentes, plus de 7.000 soldats russes sont morts en Ukraine en moins de trois semaines. C’est plus que le nombre de soldats américains tués en Irak et en Afghanistan en 20 ans. Avec plus de 150.000 soldats russes engagés dans la guerre, le taux de pertes russes, en comptant les 14.000 à 21.000 blessés estimés, est proche des 10 %. Quatre des vingt généraux dirigeant l’invasion ont également été tués. Et cela a de graves conséquences.

C’est un nombre stupéfiant en seulement trois semaines de combats. Selon les responsables du Pentagone, un taux de pertes de 10 %, morts et blessés compris, pour une seule unité rend impossible l’exécution des tâches liées au combat. Avec plus de 150.000 soldats russes actuellement engagés dans la guerre en Ukraine, les pertes russes, y compris les 14.000 à 21.000 blessés estimés, sont proches de ce niveau. Et l’armée russe a également perdu au moins trois et peut-être quatre généraux dans la bataille, selon des responsables ukrainiens, de l’OTAN et russes.

Un nombre élevé et croissant de morts à la guerre peut avoir un effet dévastateur sur la volonté de continuer à se battre. Les données des services de renseignement américains l’indiquent déjà : un rapport récent a décrit le faible moral des troupes russes, affirmant que les soldats abandonnaient simplement leurs véhicules et partaient dans la forêt.

De telles pertes affectent le moral et la cohésion d’une unité de combat

Le nombre de morts parmi les troupes russes est incertain, il s’agit d’une estimation compilée à partir de l’analyse des médias d’information, des chiffres ukrainiens (qui peuvent être trop élevés, leur dernière estimation des morts russes étant de 13.500), des chiffres russes (qui sont trop bas, le dernier décompte étant de 498), des images satellites et d’une lecture attentive des séquences vidéo de chars et de soldats russes pris sous le feu. Les responsables de l’armée et du renseignement américains savent, par exemple, combien de soldats se trouvent habituellement dans un char et peuvent en extrapoler le nombre de victimes lorsqu’un véhicule blindé est touché par un missile antichar Javelin, par exemple.

Le nombre élevé de victimes explique en grande partie pourquoi l’armée russe tant vantée est largement immobilisée à l’extérieur de Kiev, la capitale de l’Ukraine. De telles pertes affectent le moral et la cohésion d’une unité de combat. Et comme les forces terrestres russes sont désorganisées, Poutine a intensifié les frappes aériennes et les bombardements afinde camoufler les piètres performances de l’armée russe sur le terrain.

Purge en cours au cinquième département du FSB

À la fin de la semaine dernière, des sources d’information russes ont rapporté que Poutine avait placé en résidence surveillée deux de ses principaux agents de renseignement, Sergei Beseda et Anatoly Bolyukh. Ils dirigeaient le Service de l’information opérationnelle et de la communication internationale – connu sous le nom de cinquième service – du Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie (FSB), qui a succédé au KGB.

Le cinquième service du FSB est chargé du renseignement extérieur. Il serait aussi responsable de la « liste à éliminer » de hauts fonctionnaires ukrainiens et autres opposants vivant en Ukraine.

La raison officielle de ces arrestations était « des allégations de détournement de fonds ». Cependant, la véritable raison serait plutôt « des informations peu fiables, incomplètes et partiellement fausses sur la situation politique en Ukraine ». Cela fait partie d’une purge des services secrets russes. La semaine dernière, plus de 20 agents du cinquième service ont été arrêtés pour avoir fourni de mauvais renseignements avant l’invasion.

Les Russes eux-mêmes n’entendront peut-être que ce que Poutine veut bien leur dire à propos de son « opération » en Ukraine, qu’il refuse d’appeler une guerre ou une invasion. Depuis le début, il exerce un contrôle de fer sur les émissions d’information en Russie ; les médias d’État ne mentionnent pas les victimes du côté russe, par exemple. Mais certains Russes ont accès à des réseaux privés virtuels (VPN) et peuvent obtenir des nouvelles de l’Ouest.

Le prix payé par les russe ne changera probablement pas la stratégie de Poutine

La nouvelle de la mort des généraux a été diffusée par les Ukrainiens, puis confirmée par les responsables de l’OTAN. Ils ont été identifiés comme étant Andrei Kolesnikov, un commandant du district militaire oriental de Russie, Vitaly Gerasimov, premier commandant adjoint de la 41e armée russe, et Andrei Sukhovetsky, de la même unité.

Selon les responsables occidentaux, une vingtaine de généraux russes se trouvaient en Ukraine dans le cadre de l’effort de guerre et pourraient avoir été rapprochés du front pour remonter le moral des troupes. Mercredi, les autorités ukrainiennes ont indiqué qu’un quatrième général, le général de division Oleg Mityaev, commandant de la 150e brigade motorisée, avait été tué dans les combats.

De nombreux généraux russes auraient parlé sur des téléphones et des radios non sécurisés. Dans au moins un cas, les Ukrainiens ont intercepté l’appel d’un général, l’ont localisé et ont attaqué sa position, le tuant ainsi que son personnel rapproché.

Si le nombre de décès de militaires russes continue à augmenter, des organisations civiles comme celles qui ont attiré l’attention sur le nombre de décès et de blessés parmi les soldats soviétiques en Afghanistan pourraient à nouveau se manifester. Mais, selon les spécialistes militaires, il est peu probable que le bilan russe modifie la stratégie de Poutine.

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