Les rêves protégeraient une zone précieuse de notre cerveau

Les rêves ont toujours été considérés comme des mystères non élucidés par la science. Que signifient-ils? Ont-ils un but? D’après un neuroscientifique de l’université de Stanford qui s’est penché sur une nouvelle théorie, ces derniers permettraient de préserver les fonctionnalités de notre cerveau.

D’après David Eagelman, spécialiste des rêves et du cerveau et auteur du livre Livewired: The Inside Story of the Ever-Changing les rêves permettraient d’éviter à d’autres sens de prendre le dessus sur le cortex visuel du cerveau lorsque cette zone n’est pas utilisée. C’est en tout cas ce qu’il affirme dans sa dernière étude. 

De quoi s’agit-il ? Le cerveau humain est doté d’une capacité d’adaptation. Chaque fois que nous apprenons quelque chose de nouveau, acquérons une nouvelle compétence ou modifions nos habitudes, la structure physique de notre cerveau change. Les neurones, les cellules responsables du traitement rapide de l’information dans le cerveau, sont interconnectés par milliards, mais ces liens se modifient constamment : ils se renforcent, s’affaiblissent et trouvent de nouveaux partenaires. 

Les spécialistes appellent ce phénomène la ‘neuroplasticité’, en référence à la capacité du cerveau, comme la matière plastique, à prendre de nouvelles formes et à les maintenir.

‘Préserver son territoire’

Une partie du cerveau peut initialement se voir assigner une tâche spécifique; par exemple, l’arrière de notre cerveau, le ‘cortex visuel’, gère généralement la vue. Mais cette zone peut être réaffectée à une autre tâche. Ainsi, chez les personnes aveugles, les circuits cérébraux se réorganisent et le cortex visuel sera activé en réponse à des sons ou au toucher. 

D’après David Eagelman, le sommeil et les rêves permettraient de maintenir les neurones du cortex visuel actifspour combattre une prise de contrôle de cette zone par un autre sens. C’est ce que le spécialiste appelle la théorie de l’activation défensive.

Pour appuyer ses propos, David Eagelman a également effectué des tests sur des personnes aveugles. Il s’est apercu que les sujets privés de la vue avaient d’autres perceptions pendant leurs rêves, leur cortex visuel étant affectés à d’autres tâches que la vue. ‘Les sujets aveugles rêvent mais ne visualent pas leurs rêves comme nous’, explique-t-il.

Les rêves sont en effet essentiellement visuels, mais la vue est aussi le seul sens qui est désavantagé par l’obscurité. Ainsi, seul le cortex visuel est vulnérable et justifie une activité générée en interne pendant le sommeil pour qu’il préserve son territoire. Et pour cause, il a déjà été prouvé dans le passé que les personnes privées de sommeil paradoxal à long terme voient aussi leur vue se détériorer.

Le sommeil paradoxal

Le sommeil est constitué de plusieurs cycles successifs de 90 minutes, eux-mêmes composés d’un sommeil lent léger, d’un sommeil lent profond et d’un sommeil paradoxal, durant lequel l’activité cérébrale est plus intense

Le sommeil paradoxal est déclenché par des neurones qui pompent leur activité directement dans le cortex visuel du cerveau, ce qui permet à l’homme de voir même lorsque ses yeux sont fermés. Cette activité dans le cortex visuel est probablement la raison pour laquelle les rêves communiquent des images.

Chez l’homme,  le sommeil paradoxal semble devenir moins nécessaire à mesure que le cerveau se montre moins ‘flexible’ et moins adaptable. Et pour démontrer cette hypothèse, David Eagelman a effectué des tests sur près de 25 espèces animales et s’est rendu compte que les espèces dont le cerveau était plus ‘souple’ avaient un sommeil paradoxal plus long. 

Le cerveau a donc développé des circuits spécifiques pour générer une activité qui compense les périodes de privation visuelle selon la plasticité du cerveau. Plus une personne est jeune, plus elle aura besoin de dormir et plus son cerveau, aura besoin de développer des mécanismes de défense pour préserver le cortex visuel de son cerveau. 

Si depuis toujours, l’homme a cherché à donner un sens à ses songes, la neuroscience n’a du moins aucun doute sur un point que l’homme ne contredira pas : ils servent principalement à nous faire du bien. 

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