Principaux renseignements
- Les services de renseignement néerlandais disposent de preuves que la Russie utilise massivement des armes chimiques interdites dans la guerre contre l’Ukraine.
- Au moins trois décès ukrainiens ont été liés à l’utilisation d’armes chimiques, et plus de 2 500 victimes du champ de bataille présentaient des symptômes correspondant à une exposition.
- Des milliers de cas d’utilisation d’armes chimiques ont été documentés par les données ukrainiennes.
Les services de renseignement néerlandais ont recueilli des preuves irréfutables de l’utilisation massive par la Russie d’armes chimiques interdites dans sa guerre contre l’Ukraine.
Le Ministre néerlandais de la Défense, Brekelmans, a révélé dans une interview accordée à Reuters que les services de renseignement de son pays confirment une augmentation de l’utilisation d’armes chimiques par la Russie, appelant à une intensification des sanctions contre Moscou. Il a souligné une tendance inquiétante à la normalisation et à l’adoption généralisée d’armes chimiques par la Russie, tendance observée depuis plusieurs années.
Peter Reesink, chef du renseignement militaire néerlandais, a souligné que ces conclusions sont le fruit d’une collecte de renseignements indépendante.
Le ministre Brekelmans a fait état d’au moins trois décès ukrainiens liés à l’utilisation d’armes chimiques, et de plus de 2 500 blessés sur le champ de bataille présentant des symptômes compatibles avec une exposition à des armes chimiques, selon les autorités sanitaires ukrainiennes. Reesink a évoqué des « milliers de cas » d’utilisation d’armes chimiques, citant des données ukrainiennes faisant état d’environ 9 000 cas.
Sanctions et pressions
Reesink a plaidé en faveur d’une pression accrue sur la Russie par le biais de sanctions plus strictes et d’une exclusion des organes internationaux tels que le Conseil exécutif de l’OIAC.
Les efforts de collaboration entre les services militaires et de renseignements généraux néerlandais, aux côtés de partenaires étrangers, ont permis de découvrir des preuves concrètes de l’intensification de la production d’armes chimiques par la Russie. Il s’agit notamment du renforcement des capacités de recherche et du recrutement de scientifiques chargés de mettre au point ces armes. Reesink a souligné que des responsables russes ont donné des instructions aux soldats sur l’utilisation d’agents de guerre chimiques toxiques.
Cas particuliers d’utilisation d’armes chimiques
Il a insisté sur le caractère systématique de ce programme, affirmant qu’il va au-delà de l’improvisation sporadique sur le front et qu’il représente une source importante de préoccupation. Si l’on ne s’attaque pas aux actions de la Russie et si l’on ne les rend pas publiques, ces tendances risquent de persister, a-t-il averti.
Reesink a qualifié l’utilisation d’armes chimiques par les forces armées russes de procédure opérationnelle quasi normale. Il a décrit des cas précis, comme le déploiement de chloropicrine, un agent étouffant interdit, au moyen de munitions improvisées telles que des ampoules électriques et des bouteilles attachées à des drones. En outre, le gaz lacrymogène a été détourné et réaffecté à des munitions existantes.
Conséquences et réactions internationales
La chloropicrine, qui figure sur la liste des agents d’étouffement interdits par l’OIAC, peut provoquer une grave irritation de la peau, des yeux et des voies respiratoires. L’ingestion peut entraîner des brûlures dans la bouche et l’estomac, des nausées, des vomissements et des difficultés respiratoires.
Les actions précédentes contre l’utilisation d’armes chimiques par la Russie comprennent des sanctions américaines justifiées en mai 2024 sur la base d’allégations de déploiement de chloropicrine contre les forces ukrainiennes. En octobre, le Royaume-Uni a imposé des sanctions à trois entités russes et à une personne liée à l’utilisation présumée d’armes chimiques par l’armée russe contre l’Ukraine.