Les inscriptions pour les fameux MBA sont en chute libre aux Etats-Unis

Les plus prestigieuses écoles de commerce sont sur le déclin au pays de l’Oncle Trump. Les étudiants internationaux se tournent davantage vers l’Europe, le Canada et l’Asie à l’heure de choisir la destination de leurs études.

Voilà qui doit faire pâlir le champion du protectionnisme Donald Trump. Les inscriptions aux grandes écoles de commerce américaines ont dégringolé de 13,7% cette année, d’après le rapport d’enquête sur les tendances des demandes d’admission 2019 du Graduate Management Admission Council (GMAC). Les fameuses universités d’Harvard, de Stanford et l’élitiste MIT (Massachusetts Institute of Technology) sont touchées par l’épidémie. Il faut croire que les maîtrises en administration des affaires (ou MBA pour les intimes) y ont perdu de leur charme.

La politique migratoire en ligne de mire

Il faut surtout analyser les raisons d’un tel déclin. Parmi les citoyens américains qui souhaitaient auparavant étudier aux Etats-Unis mais qui ont désormais changé d’avis, 50% d’entre eux pointent la possibilité d’obtenir par la suite un emploi sur place comme facteur déterminant dans leur choix d’école. 48% citent la capacité d’obtenir un visa d’étudiant, 47% l’environnement politique, 37% la sûreté et la sécurité et 34% le racisme et la discrimination. Suivez mon regard.

Car ce dont il est bien question ici, c’est de la politique migratoire de Donald Trump qui en refroidit plus d’un. Au moment où ce rapport d’enquête était rendu public, 50 doyens des meilleurs écoles de commerce made in US adressaient d’ailleurs une lettre ouverte au président… lui demandant de changer sa politique d’immigration. « Nous sommes très préoccupés. Nous ne croyons pas que les Etats-Unis possèdent les talents hautement qualifiés dont ils ont besoin, ni la capacité de former suffisamment de personnes possédant ces compétences. » Le ton est donné. Ils proposent même généreusement quelques idées pour ne pas perdre cette course aux talents, comme la suppression des quotas de visas par pays ou la création d’un « visa de résident du centre » pour encourager l’immigration dans certaines régions.

La Chine devient une référence mondiale

S’il y en a qui peuvent remercier Donald Trump bien malgré lui, ce sont les écoles étrangères. Le résultat des courses est clair: les étudiants internationaux se tournent davantage vers l’Europe, l’Asie et le Canada. Ce dernier a effet constaté une hausse de 8,6% du nombre de demandes d’admission dans les écoles de commerce internationales en 2019. Au Royaume-Uni, 61% des cursus de commerce ont enregistré une augmentation du nombre de demandes internationales en 2019 par rapport à l’année précédente.

En outre, le pourcentage d’Indiens à envoyer leurs résultats aux écoles de commerce américaines est passé de 57 % en 2014 à 45 % en 2018. Et c’est l’Inde elle-même qui en profite, puisqu’ils sont désormais 4% de plus à envoyer des demandes dans des écoles nationales. De la même manière qu’en Chine, où les écoles de commerce chinoises ont vu augmenter de 6,8% les demandes d’admission cette année. Histoire de bien enfoncer le clou pour le président américain, la Chine se convertit également en référence mondiale, maintenant qu’elle abrite 6 des 50 meilleurs programmes de MBA du Financial Times. « C’est officiel, le diplôme MBA est en crise » alerte le magazine Forbes. Oui, mais uniquement aux Etats-Unis.

Que Donald Trump se rassure, la forte présence des STEM (les études en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) et les masters en analyse des données lui donneront de quoi dormir à poings fermés. Les changements appliqués au visa H-1B offrant la priorité aux étudiants du MBA pourront aussi rassurer les candidats potentiels. Et puis, surtout, les États-Unis surclassent toujours ses concurrents en tête des classements des meilleures écoles de commerce au monde. Reste à savoir pour combien de temps encore.

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