Les États-Unis sont discrètement devenus le second paradis fiscal du monde

Le montant cumulé des sommes placées sur des comptes cachés àl’étranger est évalué entre 17.000 et 26.000 milliards d’euros, soit 10 % de lafortune mondiale. Et tandis que l’Union Européenne durcit sa politique desurveillance à l’égard des établissements financiers pour empêcher l’évasionfiscale dans les paradis fiscaux, les États-Unis sont devenus une destinationde choix pour ces placements opaques, rapporteQuartz.

Selon le groupe anticorruption britannique Tax Justice Network,les banques américaines sont devenues la destination préférée pour lesplacements extraterritoriaux (« offshore »). La semaine dernière, il a placé les États-Unis commeétant la seconde pire juridiction en ce qui concerne le manque de transparencefinancière, derrière la Suisse, dans son Financial Secrecy Index de2018. Alors que leur part de marché mondiale dans les activités bancairesparallèles ne représentait que 19,6 % en 2015, elles ont grimpé à 22,3 % cetteannée.

Dans ce domaine, les États-Unis jouent dorénavant un rôle bien plusimportant que des paradis fiscaux plus connus comme la Suisse, le Luxembourg,où les Îles Caïman, par exemple.

Désormais, un grand nombre de firmes américaines exploitent lesspécificités juridiques et fiscales d’États comme le Delaware, le Wyoming et le Nevada, pour obtenirdes services financiers à faible coût tout en bénéficiant d’une grandediscrétion. Il est désormais plus simple de fonder une société écran aux USAqu’au Panama. Le rapport s’inquiète des conséquences que cette situation induitpour le reste du monde : « il existe désormais une véritable préoccupationconcernant les dégâts que cette promotion de flux financiers illicites peutcauser à l’économie mondiale ».

L’Europe

En Europe, on compte 3 des 10 juridictions garantissant le plus grand secret bancaire : la Suisse, le Luxembourg et l’Allemagne. On peut égalementrajouter Guernesey, qui est une dépendance de la couronne britannique, et quise classe à la 10e place. Quant à la Belgique, elle se classe 53e.

Le Royaume-Uni se classe 23e dans le Financial SecrecyIndex, bien qu’il recueille 17,4 % du marché des activités bancairesextraterritoriales. Mais si on le combinait avec les Îles Caïman, les Îles Vierges, etles dépendances de sa couronne comme Guernesey et Jersey, il dominerait leclassement.

Mais le vieux continent n’a pas ménagé ses efforts pour améliorerla transparence bancaire. Un certain nombre de pays européens ont créé des registresdans lesquels figurent les propriétaires réels des sociétés écran. Cesregistres ne sont pas encore publics, mais après le scandale des ParadisePapers, l’UE a décidé de mettre en place un registre public d’ici 2020.

Voici le Top 25 du Financial Secrecy Index :

Rang Juridiction Note de secret bancaire (sur 100) part de marché mondiale des activités extraterritoriales
1 Suisse 76.45 4.50%
2 Etats-Unis 59.83 22.30%
3 Îles Caïman 72.28 3.79%
4 Hong Kong 71.05 4.17%
5 Singapour 67.13 4.58%
6 Luxembourg 58.20 12.13%
7 Allemagne 59.10 5.17%
8 Taïwan 75.75 0.50%
9 Emirats Arabes Unis (Dubaï) 83.85 0.14%
10 Guernesey 72.45 0.52%
11 Liban 72.03 0.51%
12 Panama 76.63 0.27%
13 Japon 60.50 2.24%
14 Pays-Bas 66.03 0.90%
15 Thaïlande 79.88 0.13%
16 Îles Vierges Britanniques 68.65 0.38%
17 Bahreïn 77.80 0.11%
18 Jersey 65.45 0.38%
19 Bahamas 84.50 0.04%
20 Malte 60.53 0.71%
21 Canada 54.75 1.75%
22 Macao 68.25 0.24%
23 Royaume-Uni 42.35 17.37%
24 Chypre 61.25 0.55%
25 France 51.65 2.52%

 

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