Les entreprises qui survivront à la crise devront aussi payer la note

Une fois qu’un vaccin contre le coronavirus aura été trouvé, ou du moins que des traitements capables d’atténuer la mortalité du virus auront été mis au point, le monde pourra recommencer à fonctionner plus ou moins normalement. Mais cette nouvelle normalité sera très différente de celle que connaissions avant le coronavirus, car le massacre économique qui se joue actuellement laissera de profondes cicatrices.

Avant même la crise du coronavirus, la montagne de dettes qui ravage l’économie mondiale était déjà à son plus haut niveau. Au cours des dernières semaines, les gouvernements ont dépensé des sommes colossales supplémentaires pour atténuer l’impact de la crise sur l’économie, et surtout sur l’emploi. Ces dettes devront tôt ou tard être remboursées. La question se pose donc de savoir qui va payer ces dettes?

Certains hommes politiques aiment à parler d’un ‘impôt sur la fortune’ (les États-Unis comptent déjà 500.000 millionnaires en moins par rapport à avant la crise) ou d’un ‘impôt de solidarité’. Et il y a peu de chances que l’on demande aux personnes qui se sont avérées essentielles durant la crise – le personnel médical, les employés de supermarchés, les livreurs, etc. – de payer les dettes contractées.

L’argent proviendra donc principalement des entreprises. Les grandes sociétés technologiques comme Apple, Google, Amazon, Netflix et Facebook sont en tête de la liste des candidats. Elles ne seront pas les seules, mais bien les premières. Ces géants disposent en effet de centaines de milliards de dollars en cash sur leurs comptes, et ils n’ont pratiquement pas payé d’impôts ces dernières années grâce à l’optimisation fiscale. Enfin, les GAFA & Co ont perdu une bonne partie de leur capitale sympathie aux yeux de l’opinion publique à cause de leur manque de transparence en matière de respect de la vie privée et de leur utilisation massivement et abusive des données personnelles de leurs utilisateurs. La plupart de ces entreprises réalisent par ailleurs d’importantes marges bénéficiaires.

Les réserves de cash sont trop belles pour ne pas y toucher

Peu après le déclenchement de la crise, on a appris que l’autorité de la concurrence française allait infliger au groupe technologique Apple une amende de 1,1 milliard d’euros pour pratiques anticoncurrentielles. La nouvelle s’est noyée dans l’océan d’informations concernant l’épidémie de coronavirus. Et d’autres pays de la zone euro suivront bientôt, car ces marges et ces réserves de trésorerie sont trop intéressantes pour que des pays endettés comme l’Italie, la France ou la Belgique les ignorent.

Des conséquences pour la valeur boursière

Cela aura évidemment des conséquences colossales sur le cash-flow et les bénéfices de ces entreprises, qui auront à leur tour un impact sur leur capitalisation boursière. Les sociétés qui opèrent actuellement avec une marge bénéficiaire de 50% devront encore l’augmenter à cause des nouvelles taxes afin de continuer à offrir aux actionnaires le même rendement.

Mais après la crise, les marges bénéficiaires auront tendance à se réduire. Consommateurs et entreprises auront moins d’argent à dépenser. Une marge de 50% pourrait bientôt se transformer en 25%. Pour éviter que ces 25% ne soient également imposés plus lourdement, les entreprises engageront plus de personnel, feront plus de frais. Le bénéfice par action sera par conséquent deux fois moindre par rapport à ce qu’il était… À moins que les entreprises ne parviennent à quadrupler leurs ventes, ce qui est peu probable.

La crise du coronavirus aura donc également un impact colossal sur le calcul de la valeur des actions des entreprises. Quiconque suit les marchés boursiers aujourd’hui ne peut qu’en conclure que cette réalité n’a pas encore sauté aux yeux de la plupart des investisseurs.

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