Les chars occidentaux se dirigent vers l’Ukraine

Tant du côté américain que du côté allemand, on semble faire un geste. Les tergiversations de ces dernières semaines prendront bientôt fin.

Pourquoi est-ce important ?

L'Ukraine a un besoin urgent de chars modernes et s'impatiente. Or, c'est surtout à l'Ouest que l'on peut trouver ces chars modernes, ainsi que la volonté de les fournir. L'Allemagne voulait conditionner l'envoi de Leopard aux Abrams américains. S'en est suivi un jeu assez insupportable qui semble aujourd'hui connaitre une issue favorable.

Dans l’actu : la situation autour des chars occidentaux semble se décoincer.

  • Depuis plusieurs semaines, les Allemands, et le SPD d’Olaf Scholz en particulier, tergiversent. Ils voulaient conditionner l’envoi de chars à un plan coordonné avec les États-Unis. Les États-Unis, eux, ne désiraient pas envoyer des chars Abrams tant que l’Allemagne ne bougeait pas. L’Ukraine a regardé ce spectacle avec une certaine crispation.
  • Mais la situation se débloque. Le Wall Street Journal annonce que les États-Unis sont prêts à fournir une trentaine de chars M1 Abrams à l’Ukraine.
  • La Maison Blanche n’a pas voulu confirmer l’information pour le moment, mais de l’autre côté de l’Atlantique, Der Spiegel indique qu’Olaf Scholz a finalement donné son feu vert à l’envoi de Leopard 2. Une source gouvernementale parle d’une dizaine de tanks.

L’enjeu : pourquoi cette chamaillerie entre l’Allemagne et les États-Unis ?

  • En matière de défense, l’Allemagne ne regarde plus vers la France ou le Royaume-Uni, mais directement vers Washington. Il existe en Allemagne une certaine peur que le conflit gagne en intensité, avec un affrontement direct entre l’OTAN et la Russie.
  • En outre, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne est dans une certaine neutralité en termes de défense. Les socialistes du SPD en particulier ont une longue histoire de pacifisme dont il est difficile, politiquement, de s’extirper.
  • Les États-Unis veulent faire sortir l’Allemagne de cette léthargie militaire. Ils aimeraient que les Allemands prennent le leadership de l’Europe en matière de défense, aux côtés de la France. Preuve en est, le Pentagone n’était pas du tout favorable à l’envoi de chars Abrams qu’il juge peu adaptés au terrain ukrainien et peu pratiques sur le plan logistique.

Et le reste de l’Europe : Les Britanniques ont précédemment promis de livrer 14 chars Challenger 2, et le continent européen pourrait bientôt suivre.

  • La Pologne est le principal moteur du plan qui vise à envoyer des chars en l’Ukraine. Le président Andrzej Duda, lors d’une conférence de presse dans la ville ukrainienne de Lviv, a déjà indiqué qu’il était prêt à fournir une douzaine de Leopard 2. En outre, les Polonais ont appelé les alliés qui possèdent également des Leopard 2 à former une coalition « plus petite », sans attendre l’Allemagne.
  • Pas moins de 12 pays possèdent des Léopards et souhaiteraient également les fournir. Entre autres, l’Espagne, le Danemark, les pays scandinaves et certains petits alliés d’Europe de l’Est ont donné leur feu vert, a indiqué un officier supérieur ukrainien à ABC News, mais tous avaient besoin de l’accord des Allemands.
  • Avec le nouveau ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, un vent nouveau semble souffler sur la politique allemande : il a indiqué que l’Allemagne n’avait pas l’intention de bloquer le plan. Deux autres ministres du gouvernement Scholz, Robert Habeck et Annalena Baerbock, ont précédemment indiqué que l’Allemagne ne devrait pas refuser aux autres pays d’exporter ces véhicules. La véritable décision sur ce sujet semble donc être imminente : la Pologne a soumis une demande officielle pour exporter les chars vers l’Ukraine.
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