Le rapport sulfureux des Républicains sur l’origine du Covid-19: « Il est sorti du labo de Wuhan, nous en avons les preuves »

Alors que les services de renseignement américains ont été mandatés par l’administration Biden pour faire la lumière sur l’origine du coronavirus, les républicains ont fait leurs propres recherches. Ils viennent d’en publier les résultats. Sans surprise, ils accusent la Chine d’avoir causé la pandémie. Mais aussi certains Américains.

Ce lundi, les Républicains de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants ont publié leur rapport sur les origines du COVID-19. Comme on pouvait s’y attendre, ils estiment que le virus est sorti accidentellement de l’Institut de virologie de Wuhan (WIV), où il avait fait l’objet de manipulations génétiques.

Le rapport conclut ainsi que « la prépondérance des preuves suggère que le SRAS-CoV-2 a été accidentellement libéré d’un laboratoire de l’Institut de virologie de Wuhan quelque temps avant le 12 septembre 2019 ».

« Le virus a été collecté dans une grotte entre 2012 et 2015 »

Selon le rapport républicain, « le virus, ou la séquence virale qui a été génétiquement manipulée, a probablement été collecté dans une grotte de la province du Yunnan, en République Populaire de Chine, entre 2012 et 2015. »

Pour faire ces allégations, les Républicains disent se baser sur ce qu’ils appellent des informations nouvelles et sous-déclarées sur les protocoles de sécurité du laboratoire.

« Nous savons que des recherches sur les gains de fonction avaient lieu au WIV et nous savons qu’elles étaient menées dans des conditions dangereuses. Nous savons aussi maintenant que le chef du CDC chinois (l’autorité sanitaire chinoise, ndlr) et le directeur du laboratoire de niveau de biosécurité 4 du WIV ont exprimé publiquement leurs préoccupations concernant la sécurité dans les laboratoires de la RPC à l’été 2019″, a déclaré le représentant texan Michael McCaul, l’un des républicains ayant le plus travaillé sur le dossier.

Les Républicains ne chargent pas que les Chinois. D’après eux, les Etats-Unis ne sont pas tout blancs. Ils estiment qu’il y a « de nombreuses preuves que des chercheurs du WIV, en collaboration avec des scientifiques américains et financés à la fois par le gouvernement de la RPC et le gouvernement américain, menaient des recherches sur les coronavirus à des fins de gain de fonction au WIV ».

Le rapport postule que un ou plusieurs chercheurs auraient pu être infectés par le virus après l’avoir collecté dans la nature ou manipulé en laboratoire. Les scientifiques en question seraient dès lors devenus des « vecteurs de propagation du virus » lors de leurs déplacements dans Wuhan.

Des preuves d’un accident plus tôt qu’annoncé

La Chine affirme que les premiers cas de Covid-19 se sont déclarés courant novembre 2019, et que l’épidémie à Wuhan n’est véritablement apparue qu’en décembre. Pour les Républicains, c’est faux.

« Nous pensons que la fuite du virus a eu lieu fin août ou début septembre 2019. Lorsqu’ils ont réalisé ce qui s’était passé, les responsables du Parti communiste chinois et les scientifiques du WIV ont commencé à couvrir frénétiquement la fuite, notamment en mettant hors ligne leur base de données virale au milieu de la nuit et en demandant plus d’un million de dollars pour une sécurité supplémentaire », a accusé M. McCaul.

Le rapport républicain cite plusieurs preuves pour étayer les affirmations d’une fuite vers la fin de l’été.

  • Des « images satellites » datant de septembre montreraient en l’espace d’un mois « une augmentation significative du nombre de personnes se trouvant dans les hôpitaux autour du WIV et présentant des symptômes similaires à ceux du COVID-19. »
  • Des athlètes participant aux Jeux mondiaux militaires en octobre sont tombés malades « avec des symptômes similaires à ceux du COVID-19 ». Certains d’entre eux ont ramené le virus dans leur pays d’origine, « créant ainsi l’un des premiers événements de super propagation au monde. »
  • Un expert en armes biologiques de l’Armée populaire de libération aurait été propulsé à la tête du laboratoire de niveau de biosécurité 4 du WIV dès fin 2019 et non en janvier 2020, comme l’affirment les autorités chinoises. Cela « démontre que le PCC était préoccupé par l’activité qui s’y déroulait alors que la nouvelle du virus se répandait ». Si l’armée chinoise a effectivement pris le contrôle en 2019, « cela signifierait que le PCC était au courant du virus plus tôt et que l’épidémie a commencé plus tôt. »

La Chine aurait maquillé la fuite… aidée par des Américains

En plus de charger l’Institut de virologie de Wuhan, les Républicains accusent les Chinois d’avoir tout fait pour dissimuler les preuves. Et ils estiment qu’ils n’ont pas agi seuls.

Le rapport indique que les chercheurs du laboratoire de Wuhan, les responsables du PCC et « potentiellement des citoyens américains » ont tous « directement participé aux efforts visant à obscurcir les informations liées aux origines du virus et à supprimer le débat public sur une éventuelle fuite du laboratoire. »

Le rapport républicain rendu public, M. McCaul plaide à présent pour une « enquête bipartisane », en collaboration avec les Démocrates.

Dans le même temps, les services de renseignement américains sont en train de mener leur propre enquête sur l’origine du coronavirus, suite à une demande formulée en mai dernier par l’administration Biden. Leurs conclusions sont attendues dans le courant du mois d’août. A en croire Reuters, les enquêteurs n’auraient jusqu’ici pas réussi à déterminer si le virus était né sur le marché aux fruits de Wuhan ou dans son Institut de virologie.

Longtemps écartée, l’hypothèse d’un accident de laboratoire a repris du poil de la bête depuis que le Démocrate a pris les rênes de la Maison Blanche. Son prédécesseur, Donald Trump, en était lui un fervent partisan.

De son côté, l’OMS, qui avait longtemps semblé conciliante avec la Chine, a changé de ton depuis quelques semaines. Elle a demandé de pouvoir mener une nouvelle enquête à Wuhan, ce que les autorités chinoises ont refusé catégoriquement. Son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus a récemment admis que les accidents de laboratoire « pouvaient arriver » et qu’ils étaient même « courants ».

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