L’armée américaine se préparait très sérieusement à un coup d’État de la part de Trump

Le général Mark Milley, nommé par le président républicain chef d’État-Major interarmées des Forces armées américaines en juillet 2019, confirme qu’il voyait Trump comme un danger pour la démocratie américaine. Et l’armée était prête à se mettre sur son chemin.

Nouveau livre sur la présidence de Donald Trump, nouvelles révélations. Mais pas des moindres : selon Carol Leonnig et Philip Rucker, deux journalistes du Washington Post, la menace d’une tentative de passage en force de Trump et de ses proches pour contourner le résultat des élections était prise très au sérieux. Au cœur des révélations de I Alone Can Fix It, du nom de leur nouveau livre, le chef d’état-major Mark Milley. Celui-ci déclare qu’il voyait Donald Trump « Jouer le gospel du Führer » avant et surtout après l’élection présidentielle de novembre dernier.

Le général dit avoir commencé à éprouver des craintes à partir de la répression des manifestations géantes devant la Maison Blanche, en juin dernier. Il n’était visiblement pas le seul, et il aurait reçu des appels au téléphone d' »amis proches » qui l’auraient averti que quelque chose de sinistre se préparait en coulisse.

« Ce sont des nazis »

Mais c’est dans les jours qui ont suivi le résultat de l’élection, rejeté par Trump, que le général a commencé à vraiment craindre le pire. Il lui suffisait de voir comment le président aiguillonnait la foule de ses sympathisants, et pour lui, cette rhétorique ressemblait dangereusement à celle des nazis lors de leur prise de pouvoir : Milley désignait les partisans de Trump comme « l’équivalent américain des chemises brunes dans la rue ». « C’est un instant Reichstag », résume-t-il, selon les journalistes. D’autant que l’administration Trump, selon le général, bougeait ses pions et limogeait rapidement des gens qui ne lui étaient pas dévoués à la tête de postes-clés, comme au Secrétariat à la Défense ou à la Cour Suprême.

Après l’invasion du Capitole, en janvier dernier, les généraux américains ont craint que Trump n’utilise le désordre ambiant pour déclarer l’état d’urgence et appeler l’armée pour se maintenir au pouvoir. Mark Milley était prêt, lui, à s’y opposer : « Ils peuvent essayer, mais putain ils ne réussiront pas. On ne peut pas faire ça sans le soutien de l’armée. Ni sans le soutien du FBI et de la CIA. Les gars avec des armes, c’est nous. Ces mecs, ce sont des nazis, ces Boogaloo Boys et ces Proud Boys, ce sont les mêmes que ceux que nous avons combattus pendant la Seconde Guerre mondiale. »

Selon Carol Leonnig et Philip Rucker, les officiers supérieurs de l’US Army avaient conjointement décidé de démissionner les uns après les autres si Trump leur donnait un ordre qu’ils estimaient contraire à la démocratie américaine. Et c’est Mark Milley qui a pris en charge la sécurisation de Washington pour la cérémonie d’investiture de Joe Biden. Il aurait dit à ses troupes de se considérer face à un vrai ennemi : »On va installer un anneau d’acier autour de cette ville et les nazis ne passeront pas. » C’est la première fois, dans toute l’histoire des États-Unis d’Amérique, que l’armée était si proche d’intervenir dans une élection.

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