L’armée allemande développe son vaisseau spatial pour protéger ses intérêts

L’armée allemande s’associe à un projet d’avion orbital. Le mois passé, elle avait annoncé la création d’un Commandement spécial dédié à l’espace. Sa mission : protéger les intérêts spatiaux du pays. Mais l’Allemagne assure qu’elle ne veut pas d’arme offensive en orbite.

S’il existe un programme spatial civil commun en Europe, cela n’empêche pas certains pays-membres d’entretenir leurs propres rêves d’altitude. Pour des raisons économiques, pour assurer son indépendance, voire par intérêt militaire. C’est le cas de la France, qui a l’avantage de posséder son propre site de lancement à Kourou, en Guyane, même si l’ESA l’utilise allègrement. Mais l’Allemagne aussi envisage de contempler notre planète depuis l’orbite.

Et la République fédérale compte bien y aller avec son propre vaisseau. Elle a fait le pari de s’appuyer sur des partenariats avec des acteurs privés, et l’un d’entre eux, Polaris Raumflugzeuge développe actuellement un tout nouveau modèle d’avion spatial.

Un avion suborbital

L’engin s’appelle Aurora, et s’il n’en existe pour l’instant qu’un premier prototype de taille réduite nommé Stella, il s’annonce prometteur. Il s’agit d’un avion de type aile volante, mais capable d’évoluer à des altitudes suborbitales, voire orbitales, selon Polaris: « Aurora est conçu pour le décollage et l’atterrissage sur des pistes conventionnelles partout dans le monde, y compris en Allemagne et en Europe. Sa mission principale est le lancement de satellites de 800 à 1000 kg, ce qui permettra ainsi une réduction importante des coûts de lancement par rapport aux lanceurs conventionnels, tout en augmentant fondamentalement la flexibilité, la disponibilité et la sécurité. »

Un engin spatial national qui intéresse fortement la Bundeswehr, l’armée allemande. Celle-ci vient de passer un contrat avec Polaris afin d’étudier l’intérêt potentiel que cet avion de haute altitude pourrait avoir pour le renseignement militaire. Montant de l’enveloppe : 250.000€. Le contrat de la Bundeswehr est un succès important pour Polaris, étant donné que pratiquement toutes les percées technologiques dans l’histoire des vols spatiaux ont été réalisées directement ou indirectement grâce à l’armée. Nous sommes extrêmement satisfaits du soutien de la Bundeswehr et sommes impatients de démontrer le potentiel unique de l’avion spatial Aurora dans les activités européennes de défense » a communiqué l’entreprise.

L’engin sera capable d’atterrir sur des pistes aux dimensions habituelles en Europe @Polaris

Un Centre de commandement spatial

Il faut dire que l’armée allemande ne compte pas se laisser distancer sur-le-champ de bataille potentielle qu’est appelé à devenir l’espace. Celle-ci a mis sur pieds ce mois-ci un Commandement spatial de la Bundeswehr [Weltraumkommando der Bundeswehr – WRKdoBw) entièrement dédié aux intérêts du pays sur la question. Situé à Uedem, le centre a été inauguré par Annegret Kramp-Karrenbauer, la ministre allemande de la Défense: « C’est une étape importante pour renforcer la capacité d’agir dans la dimension spatiale, l’espace est devenu un milieu critique que nous devons sécuriser. »

Du personnel de la Luftwaffe

Ce Commandement de l’Espace de l’armée allemande est assuré par des militaires venus de la Luftwaffe, la force aérienne du pays. Il aura pour principale mission de veiller sur les sept satellites militaires que l’Allemagne a fait mettre sur orbite à des fins de communication et de renseignement. Avec Aurora, les Allemands pourront donc en envoyer de nouveaux de manière autonome.

Lors de l’inauguration du Weltraumkommando, la Bundeswehr a toutefois tenu à rassurer: « L’Allemagne n’a aucun projet d’acquisition d’armes anti-satellite. Elle met l’accent sur l’alerte précoce et la communication avec des partenaires internationaux tels que les États-Unis, la France ou la Grande-Bretagne. »

Quant à l’Otan, elle développe aussi ses capacités spatiales, un centre de commandement dédié à l’espace sur la base aérienne de Ramstein, en Allemagne aussi donc, ainsi qu’un « centre d’excellence » à Toulouse, dans le sud de la France.

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