« La Wallonie ne veut pas rater le train de l’hydrogène vert »

La Wallonie entend jouer un rôle dans la filière de l’hydrogène vert, perçu comme une source d’énergie-clef dans le contexte de la transition énergétique et comme un moyen de verdir des activités industrielles particulièrement émettrices de CO2.

L’hydrogène vert est d’ailleurs l’un des fils rouges du ministre wallon du Climat et de l’Energie, Philippe Henry, à la COP26 à Glasgow. On parle d’hydrogène vert ou propre quand celui-ci est obtenu par l’hydrolyse de l’eau en ayant recours à des énergies renouvelables, comme l’éolien ou le photovoltaïque.

« L’hydrogène vert est un élément essentiel de la transition énergétique et climatique. Il doit permettre à terme la décarbonation de secteurs dont on pensait qu’ils étaient impossibles à décarboner. L’hydrogène va prendre une place dominante dans le mix énergétique à l’avenir. Mais il ne faut pas se leurrer, il reste des obstacles à surmonter, notamment technologiques », a exposé le ministre wallon à l’occasion de deux « side events » organisés sur cette thématique en marge de la COP26.

Parmi ces obstacles, et non des moindres, le potentiel relativement limité de la Wallonie en matière d’énergies renouvelables. C’est pourquoi la Région se tourne vers certains partenaires de longue date, notamment au sein de la Francophonie, comme le Maroc, qui investit massivement depuis plusieurs années dans le photovoltaïque et l’éolien. Le Royaume nord-africain se dit en mesure de produire de l’hydrogène vert et d’autres molécules (e-carburants) à des coûts compétitifs et d’en exporter une partie vers la Wallonie.

Les ports belges d’Anvers et de Zeebrugge se profilent comme des portes d’entrée pour l’hydrogène en Europe et le gouvernement fédéral vient de se doter d’une stratégie en vue de faire du Plat pays un hub d’importation et de transit de l’hydrogène renouvelable. La ministre fédérale de l’Energie, Tinne Van der Straeten, a d’ailleurs signé la semaine dernière à Glasgow un protocole d’accord avec la Namibie organisant une coopération en matière de production et d’importation d’hydrogène vert.

La Wallonie, de son côté, ne veut pas rester au bord du chemin. Le volet wallon du plan de relance n’oublie pas l’hydrogène vert tandis que le gouvernement du sud du pays a dernièrement lancé un appel à projets pour la filière, d’un budget total de 25 millions.

« L’objectif est de mettre en place une chaîne de valeur de l’hydrogène en Wallonie », explique Cédric Brüll, directeur du cluster TWEED (Technologie Wallonne Energie – Environnement et Développement durable), pour qui l’hydrogène a un potentiel énorme dans des secteurs comme l’aéronautique, très important en Wallonie, l’industrie lourde ou le transport routier. « Les fruits et légumes sont transportés du nord de l’Afrique et du sud de l’Europe vers l’Europe du Nord. On pourrait imaginer des lieux de recharge d’hydrogène vert tous les 200 kilomètres. La Wallonie, par sa localisation, peut être un acteur important de ce corridor d’hydrogène », affirme Cédric Brüll.

La stratégie hydrogène wallonne repose également sur le développement de deux clusters industriels autour des métropoles de Charleroi et de Liège.

Par ailleurs, plusieurs projets industriels sont dans les cartons en Wallonie. Le groupe John Cockerill, par exemple, est dans les starting-blocks. Une infrastructure de production et de distribution d’hydrogène vert sur le site de l’aéroport de Liège devrait être opérationnelle en 2022. Le groupe liégeois a également dans les cartons un projet, avec le géant de la chaux Carmeuse et l’énergéticien Engie, de capture et d’utilisation du carbone. Un projet qui nécessitera toutefois d’importants investissements et des subsides publics pour voir le jour mais qui pourrait être répliqué à l’avenir ailleurs en Belgique ou à l’étranger, avec d’autres entreprises fortement émettrices de CO2.