Principaux renseignements
- La Russie a importé pour près d’un milliard d’euros de pièces détachées d’avions du monde entier, malgré les sanctions occidentales.
- Plus de 4 000 cargaisons contenant divers composants ont été livrées à la Russie entre février 2022 et septembre 2024 par le biais d’un réseau complexe d’intermédiaires.
- Les préoccupations en matière de sécurité dans le secteur de l’aviation russe ont augmenté depuis l’imposition des sanctions, coïncidant avec des pénuries de pièces et l’utilisation de composants récupérés.
Réseau d’évasion des sanctions
Les sanctions occidentales visant à clouer au sol le secteur aéronautique russe ont été contournées par Moscou, qui a importé pour près d’un milliard d’euros de pièces détachées d’avions du monde entier. Une enquête du média finlandais Yle a révélé que plus de 4 000 cargaisons contenant une gamme de composants allant des moteurs et des systèmes radar au matériel de cabine ont été livrées à la Russie entre février 2022 et septembre 2024.
Alors qu’Airbus et Boeing affirment avoir cessé tout soutien à la Russie et se conformer aux lois sur l’exportation, l’enquête met en évidence un réseau complexe d’intermédiaires permettant ces livraisons. Plus de 360 entreprises de différents pays ont participé à la chaîne d’approvisionnement, une grande partie provenant des Émirats arabes unis, du Gabon, de la Chine et de la Turquie.
Préoccupations en matière de sécurité et application des sanctions
Les sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne visaient à paralyser la flotte civile russe et à isoler le Kremlin sur le plan économique. Cependant, Moscou s’est adapté en conservant des centaines de jets occidentaux loués après l’annulation des contrats et en les dépouillant pour en extraire les pièces nécessaires à l’entretien d’autres appareils. Cette enquête montre comment la Russie a contourné ces restrictions en s’approvisionnant en composants auprès d’États n’appliquant pas de sanctions.
Le recours à des approvisionnements par des canaux détournés et à des pièces cannibalisées soulève de graves problèmes de sécurité dans le secteur de l’aviation russe. Les incidents de sécurité impliquant des avions russes ont considérablement augmenté depuis l’imposition des sanctions, coïncidant avec des pénuries de pièces et l’utilisation de composants récupérés. Les experts avertissent que la Russie n’a ni la capacité industrielle ni la volonté politique de remettre sa production aéronautique nationale en conformité avec les normes internationales.
Acteurs clés de l’évasion des sanctions
Les Émirats arabes unis sont apparus comme une plaque tournante du réseau russe de contournement des sanctions, représentant près d’un tiers des pièces d’avion reçues après l’invasion. Si la surveillance des pays tiers facilitateurs peut s’intensifier, des nations comme les Émirats arabes unis ne sont pas légalement tenues de mettre un terme à ces exportations. Les gouvernements occidentaux pourraient réagir en dressant une liste noire des intermédiaires et en renforçant les sanctions secondaires.
Bien qu’Airbus et Boeing affirment se conformer aux lois sur l’exportation, l’enquête révèle une lacune dans l’application de la loi et met en évidence les difficultés liées au contrôle des flux de composants à double usage. Si les deux entreprises sont en mesure de suivre les pièces et les documents authentiques, elles reconnaissent leur incapacité à contrôler les articles et les services non authentiques.
Conclusion et implications futures
Les données suggèrent que le secteur de l’aviation russe est loin d’être cloué au sol. Le pays continue d’exploiter une flotte composée en grande partie d’avions Boeing et Airbus, ce qui démontre sa capacité à s’adapter et à survivre grâce à un réseau mondial d’intermédiaires. Toutefois, les experts avertissent que cette approche ne peut garantir la durabilité ou la sécurité à long terme. La durée de cette solution de contournement dépend en fin de compte de la capacité des mesures d’application à rattraper l’évolution des tactiques employées par la Russie.