La guerre des abysses a commencé : bientôt un prototype de drone sous-marin furtif à l’autonomie infinie

La Darpa, l’agence gouvernementale américaine chargée du développement militaire planche sur un projet de drone océanique qui rechargerait ses batteries grâce au flux de l’eau dans une hélice.

On imaginait les guerres à venir dans l’espace, avec pour enjeu la possession des ressources minières qui pourraient bien pulluler sur certains astéroïdes, voire sur les satellites des planètes du système solaire, notre Lune y comprise. Mais si le nouvel engouement pour la conquête spatial ne manque certainement pas d’un volet militaire, c’est plutôt en profondeur que s’apprêtent à se dérouler les prochains conflits pour les ressources naturelles.

Ruée vers l’or du fond des mers

Comme le rappelle le numéro de décembre du magazine scientifique Epsiloon, le fond de nos océans reste un milieu fort méconnu, l’ultime frontière véritable de notre planète, et il y a fort à parier que nous n’avons jusqu’ici qu’effleuré les ressources qui s’y trouvent. Du pétrole bien sûr, mais aussi du cobalt, du platine ou du manganèse, tant de terres rares qui s’ajoutent aux plus classiques zones de pêche, qui restent des endroits stratégiques à contrôler pour nourrir les populations. Scientifiques, industriels et militaires sont partis à la conquête des abysses, et nul doute qu’un jour ou l’autre, le ton va monter entre deux puissances. Si ce n’est pas déjà le cas.

Chaque pays travaille, de manière plus ou moins assumée, à renforcer son arsenal dédié à la guerre des grands fonds. Et si les sous-marins classiques restent le fer de lance des flottes, dans ce domaine aussi l’innovation semble passer par la multiplication des drones. Par exemple, le programme Manta Ray (comme l’animal, la raie manta) entamé par la Defense Advanced Research Projects Agency (Darpa), l’agence gouvernementale américaine chargée de la recherche et du développement des nouvelles technologies destinées à un usage militaire. Celle-ci veut mettre au point un drone sous-marin d’un nouveau type, évidemment aussi furtif que possible, mais qui serait aussi capable de maintenir une autonomie virtuellement infinie, sans nécessiter de ravitaillement en carburant.

Rechargé par le flux de l’eau

Si les contrats ont été attribués à Northrop Grumman Systems Corporation et Martin Defence Group pour la construction d’un prototype, c’est la firme Metron qui va s’occuper de la propulsion. Celle-ci serait assurée par un système d’hélices actionnées par le flux d’eau autour du drone, produisant ainsi l’électricité nécessaire au sous-marin. Selon une vidéo révélée sur YouTube par la Darpa, l’engin semble se reposer sur le fond de la mer avant de déployer un petit rotor relié par un câble, et recharger ainsi ses batteries.

On n’en saura guère plus, secret oblige. Mais le concept de récupération d’énergie n’est pas une première. Il a déjà été expérimenté sur des navires de surface de type « wave glider ». Ceux-ci combinent l’énergie solaire et celle générée par les vagues pour assurer leur propulsion. L’an dernier un bateau expérimental a pu naviguer plus d’un an et parcourir 16.000 kilomètres depuis San Francisco pour accoster en Australie.

Le projet Manta Ray est donc encore une simple esquisse, mais qui semble tout à fait crédible. Quant aux usages que les États-Unis feraient d’un tel drone, la Darpa est évidemment fort discrète là-dessus. On peut tout imaginer, de la surveillance de l’activité des sous-marins ennemis au déploiement de moyens de guerre électronique, voire même jusqu’au drone kamikaze bourré d’explosifs.

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