La fuite des cerveaux bat son plein en Espagne

Pour José Ramón Pin Arboledas, un professeur à la business school IESE de l’Université de Navarre, les jeunes Espagnols qui le peuvent doivent tenter leur chance à l’étranger pour trouver du travail. « Durant la période de forte croissance, beaucoup de jeunes gens ont quitté l’école pour travailler dans le secteur de la construction, ont perdu leur emploi, et se retrouvent maintenant au chômage et sans le moindre diplôme », explique-t-il. « Ils sont maintenant perdus et il faut trouver un moyen de leur redonner une formation. D’un autre côté, vous avez des jeunes gens qui ont fait des études et qui ont obtenu leur diplôme pendant la crise. Au moins, eux, ils ont la possibilité de partir ».

Selon les statistiques nationales, Un demi-million d’Espagnols devraient quitter le pays chaque année jusqu’en 2020 si la tendance actuelle se poursuit, et cette fuite des cerveaux présage du manque de compétences auquel le pays sera confronté lorsqu’il y aura une reprise économique.

Pour ceux qui restent, souvent, c’est la déprime du désœuvrement et du manque de perspectives. Même un bon diplôme ne garantit plus de trouver un emploi. Les entreprises, qui peinent à licencier les séniors en raison des indemnisations élevées, ne sont pas incitées à recruter des jeunes. Plus que jamais, elles ont massivement recours à des contrats de travail temporaires, qui représentent un tiers des contrats de travail, dans ce pays. Les jeunes y sont deux fois plus représentés que dans les autres pays de l’OCDE.

Les nouvelles réformes du marché du travail visent à réduire les indemnisations des personnes licenciées, pour inciter les employeurs à proposer des contrats de travail permanents pour les jeunes. Mais les économistes craignent qu’elles ne mettent des années avant de produire leurs pleins effets. Pour Ramon Pin, l’émigration massive des jeunes n’est pas forcément une mauvaise chose : les jeunes reviendront « avec de meilleures compétences, et une connaissance du monde. Cela peut faire mal, mais c’est une bonne chose pour l’Espagne sur le long terme ».